Hier, avant la projection du film ‘’Félicité’’ à Ziguinchor, Alain Gomis a rendu un vibrant hommage aux précurseurs du cinéma sénégalais, Ousmane Sembène notamment. Il a lancé un appel pour que  le patrimoine de l’auteur de ‘’Borom sarett’’ soit accessible aux jeunes générations.

C’est à un ‘’véritable retour à ses origines casamançaises’’ que le réalisateur Alain Gomis procède depuis hier,  à  Ziguinchor. Le prétexte : la projection dans la capitale méridionale du pays du film ‘’Félicité’’ qui a remporté l’Etalon d’Or de Yennenga, lors du dernier Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (Fespaco).  Un film, révèle t-il, qui a ‘’failli être fait en Casamance pour rendre hommage à la dignité de la femme casamançaise, véritable gardienne de la société’’. Ainsi, indique-t-il, ‘’La première idée que j’avais était de faire le film en Casamance. Et puis, la rencontre avec une chanteuse magnifique a tout changé pour amener le tournage à Kinshasa’’. 

C’est la commune de Ziguinchor  en partenariat avec l’Alliance Franco-sénégalaise de la région Sud du pays qui a invité le réalisateur. ‘’Je suis extrêmement ému (…) C’est très important de me retrouver sur les terres de mes origines à Ziguinchor’’, dit-il.

Alain Gomis a profité de sa rencontre avec la presse locale pour lancer un message très important. Il  a invité les uns et les autres à  rendre plus accessibles et visibles les films du cinéaste Ousmane Sembène, l’un des précurseurs du cinéma au Sénégal, lui-même originaire de Ziguinchor. ‘’J’ai eu à le rencontrer une fois (…) Ses films sont un patrimoine (…) Il faut transmettre  ce patrimoine même dans les écoles’’,  plaide-t-il. La commune de Ziguinchor prend les devants. Le maire adjoint Seydou Sané a fait savoir que la maison de l’auteur de ‘’Mandat bi’’, sise au quartier Santhiaba, sera elle aussi réhabilitée  pour ‘’montrer qui est Ousmane Sembène’’. Dans le même sillage, il a indiqué qu’une rue portera le nom du défunt cinéaste et une place de la capitale celui d’Alain Gomis.

Revenant sur la trame de ‘’Félicité’’ qui lui vaut bien des prix actuellement à travers le monde, Alain Gomis a précisé qu’il ne met nullement en exergue la ‘’misère quotidienne’’  mais plutôt la ‘’dure réalité  quotidienne’’  à partir de laquelle l’on se reconstruit. 

Le cinéaste et réalisateur, qui compte revenir très prochainement à Ziguinchor pour tenir des ateliers de formation en faveur des jeunes de la région, a promis de ne pas s’en tenir qu’à ça. ‘’Je compte participer à la production d’un film sur la Casamance. C’est un projet cinématographique qui sera porté peut-être par un jeune ou une femme. Je viens juste pour appuyer. Il faut faire éclore d’autres hommes et femmes du cinéma’’, souligne-t-il. Pour ensuite déclarer que le cinéma sénégalais est en plein développement et Ziguinchor doit trouver sa place. Toutefois, le réalisateur estime qu’une nouvelle structuration s’impose. ‘’Il faut une restructuration du cinéma sénégalais en mettant l’accent surtout sur la formation, l’exploitation, la distribution et la production en abattant un sérieux travail dans la postproduction’’, défend-il.