Assumer ses responsabilités
Adama Gaye a été déféré hier au parquet sur la base de chefs d’accusation jugés ‘’très graves’’. M. Gaye, journaliste, a comme qui dirait évolué hors contexte. En s’attaquant au président Macky Sall et à sa femme avec des mots particulièrement lascifs que la décence nous interdit de reprendre ici, Adama n’était plus dans son domaine. Mais à fond dans l’attaque ad hominem. Ce qui, naturellement, relève de tout, excepté du journalisme régit par des règles, des codes et des normes.
Certains confrères ont renvoyé le président Sall à sa déclaration selon laquelle il n’emprisonnerait aucun journaliste aussi longtemps qu’il serait à la tête de l’Etat. Seulement voilà : ce rappel est nécessaire lorsque l’objet de l’interpellation s’inscrit dans le strict cadre d’un travail journalistique. Ce qui n’est pas le cas pour Adama Gaye.
Il est sans doute tautologique de le dire, mais dans une démocratie, nous autres journalistes y jouons le rôle essentiel de sentinelles. Parce que la pérennité de notre Cité dépend surtout de nous, de notre vigilance sur les choix fondamentaux masqués derrière les luttes des politiques. Par conséquent, nous ne devons pas avoir un réflexe de fuite devant les perversions du système.
Mais ne pas avoir un réflexe de fuite face aux dérives des politiciens, c’est avoir un réflexe d’exigence vis-à-vis de nous-mêmes. Normalement, nous le savons tous : certaines opinions peuvent être non seulement irrévérencieuses, mais carrément dangereuses. Cela dit, Adama Gaye n’a pas écrit en journaliste, mais en citoyen libre. Il a seulement oublié que la liberté du citoyen s’arrête au dommage qu’il cause à autrui. A partir, bien évidemment, du moment où cet autrui ne s’abrite pas derrière la notion de protection de sa liberté et de son individualité pour commettre lui-même des infractions. Liberté rimant avec responsabilité, à chacun d’assumer ses errements.
Mame Talla DIAW