Préférence... étrangère
Fin août 2012, neuf jurés ont tranché. Dans le cadre du procès opposant deux géants des nouvelles technologies, à San José en Californie, le jury a condamné le Sud-Coréen Samsung à verser à Apple plus d'un milliard de dollars (800 millions d'euros) pour des violations de brevets liés aux iPad et iPhone. Soit 500 milliards de francs Cfa. Même si Samsung a immédiatement prévenu que ce n'était "pas le mot de la fin", ni dans cette affaire, ni dans les batailles menées devant d'autres tribunaux à travers le monde et annoncé qu'il allait déposer une requête pour obtenir le renversement de la décision du tribunal, les carottes étaient bien cuites pour elle. Les Américains ont naturellement rendu justice dans cette affaire pour protéger un fleuron de leur économie.
L'actualité de l'élection américaine toute fraîche démontre à souhait à quel point nos ''partenaires'' économiques sont prompts à défendre leurs intérêts. Parmi en effet les arguments chocs de Barack Obama qui ont cassé Mitt Romney, il y a l'annonce d'imposer des charges fiscales aux entreprises américaines qui font le choix de se délocaliser en Chine. Ces Américains, révolutionnaires en tout, ont compris qu'il faut acclimater la Justice à la sauce des intérêts nationaux.
Quel lien avec le niveau national, le nôtre ? Dans le bras de fer qui oppose le groupe CCBM automobiles à Cfao Motors Sénégal pour la dotation de 150 véhicules 4x4 aux députés, on joue plutôt la carte étrangère de la multinationale française au détriment d'une entreprise sénégalaise. Car même si Serigne Mboup ne fabrique pas les véhicules Touareg, (tout comme CFAO Motors Sénégal ne fabrique par des Toyota, Suzuki, Yamaha ou Bridgestone), il reste sénégalais bon teint, utilisant des ressources humaines locales, payant des salaires qui se retrouvent dans notre ceebu jën national et participant au rayonnement d'un patronat local qui a du mal à se frayer un chemin dans son propre pays. Ne vaudrait-il pas mieux l'enrichir légalement, en se débrouillant avec les règles fixées - comme le font les Occidentaux - pour que le marché lui revienne, au lieu de donner le jackpot à Cfao Motors, filiale du groupe Cfao, anciennement Compagnie française de l'Afrique occidentale.
Il faut d'ailleurs dire que cette entreprise française était spécialisée dans le secteur de la distribution automobile et pharmaceutique, notamment en Afrique et dans les collectivités territoriales françaises d’Outre-mer. À la fin de l'année 2010, Cfao est implantée dans 34 pays, la plupart en Afrique et 7 collectivités d'Outre-mer. Alors, contre une entreprise cotée sur Euronext à Paris, faut-il se gêner pour développer le concept de la préférence nationale, comme tous les autres pays du monde ? Sommes-nous finalement un pays normal ?
PAR GASTON COLY
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