Cheikh Lô au summum de son art
Jeudi soir, ils sont venus en masse et en nombre voir jouer Cheikh Lô. Et ils n’ont pas eu tort car le lead vocal du Ndigël Band a fait étalage de tout son talent. Au grand bonheur des festivaliers.
Cheikh Lô, la star de la musique sénégalaise, qui fêtait ses 40 ans de musique la semaine dernière, a continué la célébration avant-hier jeudi sur la scène jazzy de Saint-Louis. Au grand bonheur du public. Rastas bien coiffés et parés d’un manteau en cuir noir aux motifs peints qui cachait un ensemble getzner, le lead vocal du Ndiguel Band a débuté sa partition un peu avant 23h avec une chanson hommage aux guides du mouridisme. Son deuxième titre est un hommage à Papa Wemba. Lui qui a joué avec le défunt ‘’roi de la rumba congolaise’’ a repris un de ses titres populaires avec une touche bien sénégalaise assuré par Samba Ndox Mbaye et son ‘’tama’’.
‘’Nela thiass’’ est le troisième morceau joué. Une partie du public qui, jusque-là, dansait assis a senti le besoin de se lever et de mieux bouger. Le morceau ‘’Mbedd mi’’ avec ses airs salsa convainc les plus réticents à joindre le public. Dès les premières notes de la chanson, la piste est envahie. Jeunes et vieux se laissent allègrement transporter par cette musique cubaine et la voix envoûtante de Cheikh Lô. Se prêtant au jeu du public, le guitariste de ‘’ndigël band’’ et Samba Ndox ont livré de belles chorégraphies. Certains touristes ont même tenté de faire comme eux en vain. Le public a dansé sur toutes les musiques qui leur ont été proposés.
Cheikh Lô, en véritable bête de scène, s’est donné à fond. Invitant au milieu de son spectacle deux faux lions, il a dansé comme Papa Ndiaye ‘’Thiou’’ sur ‘’Massamba’’, ‘’Cheikh Ibra Fall’’, etc. Ainsi, le chanteur et son orchestre ont fait plaisir à leurs aficionados avec des solos de haute facture. Surtout les envolées vocales de la choriste du jour Marianne Badji. Avec une voix tantôt grave, tantôt suave, elle a su se poser sur tous les rythmes. Sa meilleure performance de la soirée est la reprise des partitions de la chanteuse brésilienne Flavia Coelho. Elle a chanté ‘’degg gui’’ avec Cheikh Lô, merveilleusement bien. Une belle communion avec le public tel que l’a reconnu d’ailleurs l’un des ‘’Baye Fall’’ de la scène musicale sénégalaise : ‘’J’ai vu un beau public ce soir. Il y a beaucoup de moments entre nous et c’est ce dont on a besoin.’’
C’était magnifique. Et cela a revigoré le chanteur. Cheikh Lo espère même pouvoir répéter l’expérience. Le musicien estime qu’on ne peut organiser un grand festival au Sénégal cette année sans y inviter le lauréat du Womex. ‘’Quand on organise des concerts d’envergure ici, il faut penser à y associer ceux qui constituent les vitrines de la musique sénégalaise. Ils doivent être privilégiés’’, avance-t-il.
CHEIKH LÔ – ARTISTE ‘’Il ne faut pas avoir peur des terroristes’’ L’annonce de l’annulation du festival international de jazz de Saint-Louis pour des raisons sécuritaires impacte sur l’organisation. Nul ne passe sur la scène qui reçoit les concerts du ‘’IN’’ sans en parler. Le chanteur sénégalais et lead vocal du ‘’Ndigël Band’’, Cheikh Lô, n’est pas en reste. Avec l’Américain Marcus Miller, ils étaient les têtes d’affiche de cette présente édition. Cependant, Miller a annulé sa venue à cause du manque de moyens de l’Association organisatrice mais aussi du contexte sécuritaire. Seulement, Cheikh Lô lui, trouve que les ‘’terroristes’’ ne doivent pas faire peur aux populations au point qu’elles se replient chez elles. ‘’Il faut continuer à s’amuser et à vivre notre vie. Il ne faut pas avoir peur des terroristes. Si on n’avait pas joué, ces malfaiteurs auraient gagné’’, estime-t-il. ‘’J’ai joué à fond. Les gens sont venus en masse et ont apprécié. Malgré tout ce qu’on a pu dire, nous avons pu nous amuser avec les spectateurs. Il y a assez de sécurité dans ce festival et de toute façon, je n’ai pas à craindre les malfaiteurs’’, se targue-t-il. Ainsi, pour rien au monde il n’aurait raté ce rendez-vous. ‘’Ceux qui ne sont pas venus ont leurs raisons. Ils ont peut-être eu peur. Moi, je serais même venu à Saint-Louis si je n’avais pas été programmé, pour assister à ce festival très important ou y passer un paisible week-end avec ma femme’’, conclut-il. |
BIGUE BOB (envoyée spéciale à Saint-Louis)