A la recherche du temps perdu
Le Port Autonome de Dakar (PAD) a déployé de gros moyens pour abriter la plateforme de construction des 21 caissons d’Eiffage. Grâce à une technologie de pointe, 12 ha de terres ont été drainés et récupérés de la mer pour accueillir ce projet, freiné par la pandémie, dont l’objectif est de sécuriser l’exploitation gazière à la frontière sénégalo-mauritanienne.
Ce vendredi matin 9 avril, de nombreux ouvriers vêtus de gilet estampillé sur le dos ‘’Eiffage marine génie civile’’, grosses bottes bien serrées, casques de protection bien attachés, sont à pieds d’œuvre sur ce vaste hangar de la môle 8 du Port Autonome de Dakar (PAD). L’ambiance est travailleuse. D’un côté, des ouvriers s’occupent à assembler de grosses barres de fer en utilisant du fil de fer pour les lier entre elles. De l’autre, la centrale à béton tourne sans arrêt. Elle mélange du ciment et des carrières pour produire du béton servant à la construction des caissons. En tout, 1700 employés répartis en trois équipes travaillent en rotation, nuit et jour.
La pandémie ayant freiné l’exécution du projet, ça travaille H24, afin d’être dans les délais. La fin de projet est fixée en fin 2021. Or, pour fabriquer un seul caisson (chaque caisson a comme dimension 28 m de large, 58 m de long et 32 m de hauteur pour un poids total 16 000 tonnes), il faut 54 jours. Et sur les 21 caissons qui doivent être livrés en fin d’année, seuls 6 sont, pour le moment, prêts. Le temps presse, donc. D’autant plus qu’après la phase de fabrication va suivre leur transport vers Saint-Louis. Pour ce faire, les 21 caissons préfabriqués seront remorqués sur deux gros bateaux de Dakar à Saint-Louis pour deux jours de mer (avec un caisson pour chaque voyage). Ces caissons doivent servir de brise-lame, afin de protéger la future plateforme d’exploitation gazière du champ ‘’Tortue Ahmeyim’’ offshore à la frontière sénégalo-mauritanienne. En effet, la poche de gaz se trouvant à 170 km des côtes, les caissons serviront à protéger les bateaux exploitants des brise-lames.
‘’Pour exploiter le gaz, il est prévu de créer un port à 10 km des côtes sur la frontière sénégalo-mauritanienne. Et pour abriter l’unité de traitement de ce gaz, il faut un brise lame qui va faire un km de long et composé de 21 caissons préfabriqués en béton et qui se reposent sur une assise en enrochement. Les caissons seront installés dans le site qu’on appelle le hub en mer pour protéger les bateaux qui vont exploiter le gaz offshore’’, explique Antoine Bidault, directeur des projets d’Eiffage génie civile marine à Dakar.
Le transport des premiers caissons préfabriqués est prévu à la fin mai. En pour des raisons de sécurité, le voyage se fera en collaboration avec la marine nationale et l’ASMA (Assistance et Surveillance Maritime en Afrique). Et à cause des conditions climatiques souvent perturbées sur les côtes saintlouisienne en certaine période, le transport est prévu de juin à novembre. Période jugée propice par les experts pour le transport.
‘’Un projet qui matérialise la nouvelle vision du port pour l’émergence’’
En recevant ce projet, le port autonome de Dakar veut se positionner comme une nouvelle plateforme industrielle. En effet, en plus de l’activité de manutention, dans sa nouvelle vision de ‘’Port de l’émergence’’, le PAD accueille de plus en plus des projets industriels. Ainsi, pour accueillir ce projet, les autorités portuaires ont drainé et récupéré 12 ha au niveau de la mer pour l’installation de la plateforme. La position géographique du port a joué en sa faveur pour gagner l’appel d’offres de BP.
‘’Le port a été choisi pour abriter le projet, car ces gros équipements ne peuvent transiter que par la voie marine et ça permet de gagner du temps. C’est une fierté et une bonne illustration de ce que le port de Dakar veut devenir demain. Il illustre toute notre vision de faire du port de Dakar un hub industriel régional et une grande attraction pour l’investissement étranger’’, se réjouit Aboubacar Sadikh Béye, directeur général du port. Avant d’ajouter : ‘’notre ambition est que ce genre de chantier se multiple et que les ouvriers aient le choix de travailler sur ce chantier ou sur d’autres. La vocation du port est de développer une industrie portuaire pour passer d’une activité de manutention à un port industriel’’.
ABBA BA