Les précisions du ministre Mansour Faye
Le vote de budget de son ministère a permis hier au ministre de l’hydraulique et de L’assainissement de revenir sur les différentes étapes du contrat d’affermage de l’entreprise Suez Group. Selon Mansour Faye, les procédures ont été respectées. En outre, il a promis qu’avec cette entreprise tous les emplois permanents seront gardés et que l’eau va connaitre une baisse.
L’appel d’offres pour le contrat d’affermage qui porte sur la ‘’réforme de la seconde génération’’ dont l’entreprise Suez Group est adjudicataire a été, hier, au cœur des débats, lors du vote du projet de budget du ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement. Selon le ministre, il y avait une totale transparence de la procédure. Ce qu’aucune des parties ne conteste. D’après ses explications, l’appel d’offres s’est déroulé en deux étapes et a été précédé d’une pré-qualification. Sur un total de 9 entreprises, seules trois ont soumissionné en déposant leurs offres techniques. Il s’agit de la SDE, Véolia environnement et Suez groupe.
Ensuite, une commission technique indépendante, composée de 15 membres d’experts nationaux et internationaux, a contrôlé les dossiers techniques et les a classés. La commission, selon Mansour Faye, a reçu les 3 entreprises, afin de mieux connaitre les dossiers. ‘’Les réponses fournies par les entreprises ont été consignées dans un mémorandum et signées par les soumissionnaires. L’étape suivante consistait à soumettre les offres financières accompagnées de l’offre technique révisée. Après l’ouverture des offres financières, la commission a travaillé sur les dossiers, en analysant la cohérence entre le prix exploitant proposé et le compte d’exploitation prévisionnel, mais aussi, leur conformité’’, a dit le ministre dans le rapport général.
Selon M. Faye, la commission technique avait proposé à la commission des marchés du ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement l’attribution provisoire du marché à l’entreprise Suez Group. Cette commission, a-t-il expliqué, a, après évaluation, confirmé la proposition de la commission technique indépendante. ‘’Cette attribution provisoire a été soumise à la DCMP (Direction centrale des marchés publics) qui, après plusieurs échanges avec la commission des marchés pour des précisions et éclaircissements, a émis un avis de non objection. Le ministère a ensuite publié la décision d’attribuer provisoirement le marché à l’entreprise Suez Group. Les deux autres entreprises ont introduit une demande de recours gracieux auprès du ministère qui leur répondu. Non satisfaite, la SDE a introduit un recours en contentieux auprès de l’ARMP (Agence des régulations des marchés publics). Ce que la loi leur permet’’ a-t-il précisé.
Ainsi jugeant recevable la demande de la SDE, poursuit-il, l’ARMP a écrit au ministère afin qu’il suspende l’attribution. Il lui a aussi demandé de fournir toutes les informations disponibles. ‘’Cette requête est en cours. Ils ont jusqu’à 15 jours pour rendre leur décision’’, a avancé le ministre.
Après ce stade, d’après toujours le ministre, 3 solutions s’offrent maintenant à l’ARMP. Soit, elle considère que la requête de la SDE n’est pas fondée, et elle va demander la poursuite du processus. Soit, elle considère que la requête est fondée et elle propose de reprendre l’évaluation. Enfin, soit la requête est jugée fondée et l’ARMP demande de reprendre toute la procédure.
‘’Le prix de l’eau va indéniablement baisser au Sénégal’’
Ensuite, parlant de la réforme de la seconde génération, le ministre a promis que tous les emplois permanents seront préservés, y compris celui du directeur général en tant qu’agent. De plus, selon lui, les intérêts du Sénégal seront garantis et le capital va passer de 3 à 4 milliards F CFA. Quant à l’actionnariat, il sera ainsi reparti: 25% pour l’Etat, 25% pour le privé national, 5 % pour les travailleurs, et 45 % pour l’entreprise attributaire du marché. ‘’Je précise aussi que, quel que soit l’attributaire définitif, le prix de l’eau va indéniablement baisser au Sénégal’’, a promis Mansour Faye.
Lors de sa prise de parole, le député Cheikh Bamba Dièye a soutenu que l’offre de la SDE prévoit 74% de part au Sénégal, contrairement à celle de Suez Group et que, dans 15 années, il y aura une différence de 50 milliards. Que la SDE a préfinancé une vingtaine de forages à hauteur de 17 milliards. ‘’Est-ce que le gouvernement du Sénégal a enquêté sur cette entreprise qui a des problèmes en Amérique Latine, en Europe, avec des choses qui ne collent pas avec l’éthique ? Cette société va construire, réceptionner et exploiter, il sera juge et partie. Il faut que la lumière sur ce dossier puisse être faite, d’autant plus que la transparence milite pour la SDE’’, a dit M. Dièye. En guise de réponse, le ministre a soutenu que la SDE sera liquidé et une nouvelle société va naitre.
Le budget du ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement, pour l’année 2019, est estimée à 106,8886 milliards, soit une légère hausse de 1,668 milliard en valeur absolue et 1,34% en valeur relative. Il concerne les dépenses de personnel, à hauteur de 944 millions F CFA, de fonctionnement à 423 millions, de transfert estimé à 5,16 milliards F CFA. Les dépenses en capitale, de transfert en capital, sont respectivement de l’ordre de 80,786 milliards FA CFA et 19,56 milliards F CFA.
ASSAINISSEMENT DE LA VILLE SAINTE DE TOUBA Impossible sans le paiement de l’eau Hier, à l’Assemblée nationale, lors du vote du projet de budget du ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement, il a été question de la ville de Touba. Notamment de la question centrale de l’assainissement de la ville sainte. Le ministre Mansour Faye a soutenu qu’il ne peut pas se faire de manière globale, pour l’heure. En effet, l’assainissement pour les eaux pluviales se fait actuellement. ‘’Quant à l’assainissement pour les eaux usées, il est difficile, parce que tant que l’eau n’est pas payée, c’est quasi impossible à Touba. Dans les factures d’eau, explique Mansour Faye, il y a une redevance qui doit être supportée et qui prend en charge l’assainissement des zones affermées’’. En commission, le ministre a soutenu que, de 1996 à 2014, à peu près 266 milliards F CFA ont été investis dans l’hydraulique l’urbain. Entre 2014 et 2019, rien qu’en matière de transfert d’eau, les deux projets de Keur Momar Sarr 3, avec 274 milliards F CFA, et l’usine de dessalement d’un montant de 137 milliards F CFA, illustrent ce que le gouvernement a réalisé. Le ministre renseigne que 35 villes secondaires ont peu bénéficier de plan directeur en matière d’assainissement et il reste, selon lui, à trouver les financements pour permettre à ces villes secondaires de pouvoir bénéficier d’assainissement approprié. Sur le rural, a-t-il annoncé, un programme financé par la Banque mondiale va permettre de réaliser des latrines dans certaines régions du Sénégal. Il espère que, d’ici 2021, le Sénégal va atteindre les meilleurs taux d’accès en matière hydraulique et d’assainissement. |
CHEIKH THIAM