LETTRE OUVERTE AU FUTUR PRESIDENT MACKY SALL
«Même grabataire, je me battrai.»
Ces propos ont été tenus par vous, Maître Abdoulaye Wade, et vous êtes allé jusqu'au bout de votre logique. Je fais partie de ces jeunes qui, en 2000, ont misé sur vous ; qui, la boule à zéro, assistaient à vos meeting ; qui, après le dernier meeting (vendredi 17 mars 2000), ont, à pas course, fait le trajet : Place de l'Obélisque - Point E derrière votre voiture ; que vous avez eu du mal à faire partir cette nuit. J'étais un de ceux qui nourrissaient beaucoup d'espoir sur votre septennat car, pour moi, vous n'alliez faire qu'un mandat. Un mandat pour renforcer les institutions, libérer la justice, rompre avec la monarchie, apporter de la rigueur dans la gestion du bien public, promouvoir le mérite, en somme, mettre le pays sur les rails et le train en marche et pour finir organiser les élections de 2007 sans y participer bien sûr. En fait, je voyais en vous un Wadela (Wade - Mandela) mais n'est pas Madiba qui veut. La preuve : de votre premier mandat en demi-teinte, vous êtes devenu méconnaissable durant le deuxième. Scandales sur scandales, division pour régner, bafouillage des règles, dilution des responsabilités, déstructuration des institutions, une vrai monarchie. Dans le Wadenegal (Sénégal des Wade) ou tout est bien dans le meilleur du Sénégal une cuillère s’achète à 37.000 francs CFA quand le Sénégalais ne mange pas à sa faim.
Malgré les audits, aucune mesure disciplinaire, aucune sanction. Pire, vous optez pour un jeu de chaises musicales et votre valse reprend. Vous, votre famille et votre entourage versez aussitôt dans les méandres de l'avant 2000 : arrogance, manigance, cynisme et banditisme. Un ministre de l’Intérieur et un autre de la Justice dignes des régimes totalitaires, et le tour est joué. Ainsi commence l'impunité ; vos hommes sont à l'abri de tout. Cela va même faire dire à votre porte-parole que beaucoup iront en prison si le régime changeait. Le changement arrive et vous récoltez ce que vous avez semez.
Malgré les différentes alertes, vous n'avez rien voulu voir. Quand il y a eu des morts, vous avez parlé de brise sur des arbres. Hier, vous avez récolté ce que vous avez semé. Et pourtant le peuple vous a tant de fois alerté. Au 23 juin, vous répondez par votre 23 juillet et vous ignorez complètement la nuit du 27 juin. En réalité, c'est de là que tout est parti. Autre alerte au premier tour, vous êtes hué dans votre bureau de vote. Une première. En règle générale, dans un scrutin uninominal majoritaire à deux tours, les résultats montrent des écarts assez raisonnables. Quand les écarts sont considérables comme ce fut le cas contre Diouf (58,49% - 41,51%) ou Chirac contre Le Pen (82,21% - 17,79%) ou encore Nixon contre McGovern (60,09% - 37,66%), cela dénote du rejet, du dégoût, etc.
Qui en 2000 aurait pu croire qu'un jour, vous, si combatif, seriez emporté par une brise si légère de 68% - 32% (les tendances du moment). Heureusement que vous avez félicité M. Macky Sall et évité de passer par la fenêtre. Vous n'avez pas su quitter le pouvoir pendant qu'il était encore temps. Vous auriez pu faire mieux que Diouf et Senghor, mais vous avez choisi de ne pas faire moins qu'eux. Et voila donc la position du peuple : un rejet total comme pour Diouf.
«Ne faites pas du Palais le siège de l'APR»
Cette réponse est donc plus un rejet des Fal 2012 qu'un plébiscite de Benno Bokk Yaakaar. Et d’ailleurs, M. Sall, vous l'avez bien compris en rendant la victoire au peuple sénégalais.
Dans votre entourage il y a un jeune qui, comme moi en 2000, place beaucoup d'espoir en vous. Ne faites pas de «wad-wadxeet», ne faites pas du Palais le siège de l'APR, ne maintenez pas les postes politiques, ne cautionnez pas l’impunité, et plaidez la transparence. Vous pouvez faire plus et mieux que tous les anciens présidents. A défaut, vous finirez par dégoûter ce jeune qui suit votre cortège à pas de course. A défaut, vous serez indifférent au peuple qui vous apprendra, à vos dépens et à votre tour, que sa maturité est de loin supérieure à celle des hommes politiques.
Plus que jamais, vous pouvez servir l'Afrique. Vous êtes encore jeune, donnez l'exemple et montrez qu'une vie après le pouvoir est bel et bien possible au Sénégal, en Afrique.
Toutes mes félicitations. Salut à la presse.
Merci Sénégal.
Ama
«Ce que tu fais de valeureux aujourd’hui
inspire les actions des autres dans le futur.»
(Marcus Garvey)