Publié le 27 Nov 2018 - 09:41
CONVENTION COLLECTIVE DE LA PRESSE

Des changements en perspective

 

Après plusieurs années de négociations, la presse tient enfin sa convention collective nationale, signée hier. Mais le Synpics demande l’implication de tout un chacun pour son application, surtout les reporters.

 

Les journalistes doivent pousser un ouf de soulagement. Surtout les reporters, après la signature, hier, de la Convention collective nationale du secteur de la presse. Selon le secrétaire général du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Syndics), Ibrahima Khaliloulah Ndiaye, la présente convention prend effet le jour suivant son dépôt, par la partie la plus diligente, au secrétariat du Tribunal du travail de Dakar. Toutefois, les parties conviennent de l’application intégrale des dispositions de ladite convention dans un délai maximum d’un an, à compter de sa date de prise d’effet. ‘’C’est-à-dire que dès que la convention est signée, nous devons la déposer à l’Inspection générale du travail et elle entre en vigueur. Donc, les entreprises de presse ont une année au plus tard pour l’appliquer. Il ne s’agit pas d’attendre la fin de l’année, mais de tout appliquer avant la fin de l’année’’, a précisé le Sg du Synpics.

Ibrahima K. Ndiaye s’est réjoui, auparavant, de la signature de la convention qui, dit-il, était très attendue. Pour lui, il faut restaurer la dignité des professionnels des médias. ‘’La bataille qui reste est l’application et nous devons la mener tous ensemble, dans un environnement qui n’est pas des plus favorables. L’essentiel est d’y parvenir. Cette convention est dédiée aux reporters qui suent sur le terrain, qui se battent, qui relaient l’information, qui vont partout, qui ne sont pas connus, qui n’ont même pas de contrats de travail, qui, pour la plupart, n’ont jamais connu un bulletin de salaire. Il faut que tous les travailleurs interpellent leur patron par rapport à la nécessité d’appliquer la convention, de respecter les normes, d’être respectueux de la législation du travail. Chacun a sa partition à jouer, à commencer par le reporter. Il faut reconnaitre les efforts que les gens font quand ils se déploient sur le terrain’’, a-t-il plaidé.

Aussi, à  en croire le Sg du Synpics, la convention sert également à règlementer la profession, parce qu’on a l’impression qu’au Sénégal, n’importe qui devient journaliste du jour au lendemain, surtout quand les gens épuisent leurs cartouches.

‘’Il y a des entreprises de presse qui, structurellement, ne sont pas viables’’

Dans la même veine, le président du Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (Cdeps), Mamadou Ibra Kane, a soutenu qu’avec la signature de cette convention, c’est l’intérêt de tout le secteur de presse qui a été pris en compte. Ce qui constitue, à ses yeux, une grande avancée. ‘’Quand il y a une convention signée, elle s’applique à tout le monde, c’est la loi. Aujourd’hui, beaucoup d’entreprises de presse ne respectent pas l’ancienne convention collective de 1991. Elles n’assurent pas, non plus,  la couverture médicale, ne cotisent pas pour la retraite des travailleurs, ne cotisent pas pour les allocations sociales et la caisse de sécurité’’, a-t-il dénoncé. Selon lui, le gouvernement doit aider à mettre en place un environnement économique beaucoup plus propice pour le développement de la presse. Parce que, poursuit-il,  celle-ci est essentielle dans un pays. ‘’Au Sénégal, nous avons vu que la presse a été un atout fondamental dans les deux alternances politiques.

Que l’on soit de l’opposition, du parti au pouvoir, du patronat ou simple citoyen, il faut que l’on comprenne que la presse est fondamentale et nous devons faire de telle sorte qu’elle ne tombe pas dans les dérives. Il y a des entreprises de presse qui, structurellement, ne sont pas viables’’, a-t-il souligné. Pour étayer ses propos, il a donné l’exemple d’un quotidien qui tire de manière confidentielle, d’une radio qui n’a pas de publicité. A l’en croire, le Code de la presse, la Convention collective vont assainir le milieu. ‘’Notre combat était d’assainir l’accès à la profession, mais cet environnement juridique créé va également assainir le milieu des entreprises de presse. Tout le monde ne pourra plus être entrepreneur de presse. Nous croyons en l’avenir de la presse sénégalaise’’, a souligné M. Kane.

VIVIANE DIATTA

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