COP 26
L’adaptation climatique, un combat vital pour le Sénégal
A la Cop26 depuis dimanche, le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Abdou Karim Sall, multiplie les rencontres bilatérales et multilatérales. Hier, il est largement revenu sur des préoccupations environnementales qui tiennent à cœur l’Etat du Sénégal, notamment l’adaptation aux changements climatiques et le projet de la Grande muraille verte.
Au moment où le pays se déchire à cause des élections locales, les dirigeants du monde continuent, à Glasgow, au Royaume-Uni, de cogiter sur le devenir de la planète. Hier, à l’occasion du Dialogue ministériel de haut niveau sur l’action en faveur de l’adaptation, le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Abdou Karim Sall, est largement revenu sur la nécessité d’accélérer les actions en faveur de l’adaptation.
‘’Comme vous le savez, dit-il, l’adaptation aux effets adverses des changements climatiques demeure une priorité des pays en développement, et particulièrement les pays africains, les pays les moins avancés et les petits Etats insulaires’’. Pour ce qui est du Sénégal, le combat pour le climat, si l’on en croit le ministre, n’est plus à démontrer.
Il explique : ‘’Au Sénégal, les secteurs d’activité qui sous-tendent l’économie nationale sont fortement dépendants des ressources naturelles. Cette situation rend notre pays particulièrement sensible aux impacts négatifs du réchauffement climatique.’’ Pour un pays côtier comme le nôtre, souligne le ministre, un tel scénario est plein de risques. ‘’En effet, l’avancée de la mer provoque une perte d’infrastructures côtières essentielles, une dégradation des terres agricoles et une salinisation des sources d’eau douce qui sont vitales pour les populations. C’est un véritable combat que notre pays mène sur tous les fronts pour assurer la résilience de notre économie, de nos écosystèmes et sauvegarder les moyens de subsistance de nos populations’’.
Nouveau président de la Conférence ministérielle africaine (CMAE), M. Sall estime que, pour assurer la durabilité de l’action en faveur de l’adaptation, des efforts importants ont été déployés pour intégrer l’adaptation au changement climatique dans les processus de planification du développement économique et social, avec l’appui du Fonds d’adaptation et du Fonds des PMA.
C’est ainsi, selon lui, que la question de l’adaptation figure aujourd’hui en bonne place dans le Plan Sénégal émergent, qui est le référentiel des politiques publiques. L’objectif, à l’en croire, c’est de prendre en charge de façon précoce le risque climatique dans tous les projets et programmes de développement. ‘’Je dois aussi préciser, souligne Abdou Karim Sall, que depuis 2015, notre pays s’est engagé dans un processus d’élaboration de son Plan national d’adaptation (PNA) avec l’appui de partenaires au développement comme l’Agence française de développement, la coopération allemande, la Banque africaine de développement et la Banque mondiale…’’.
De l’avis d’AKS, ce processus de planification de l’adaptation est également accompagné par les mécanismes financiers de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, notamment le FEM, le Fonds d’adaptation et le Fonds vert pour le climat. ‘’Pour asseoir les bases d’une mise en œuvre effective du volet adaptation de sa contribution déterminée au niveau national, le Sénégal doit mobiliser 4 milliards de dollars US d’ici 2030. Pour ce faire, les partenariats et les sources de financement doivent être diversifiés et renforcés’’, a renchéri AKS.
A son avis, la mobilisation des financements doit aussi s’appuyer sur des approches de partenariat innovant et soutenable pour garantir la disponibilité de ressources à la hauteur des besoins. Voilà pourquoi, selon lui, ‘’la mise en place d’un prélèvement dans le cadre des transactions carbone au titre de l’article 6 de l’Accord de Paris, l’engagement du secteur privé et des autres acteurs non-étatiques sont autant de pistes’’, qu’il faut explorer pour l’atteinte des objectifs. Et d’ajouter : ‘’Je voudrais lancer un appel au renforcement de l’action pour l’adaptation, car je demeure convaincu que c’est à ce prix que nous assurerons non seulement la résilience de nos communautés et de nos économies très vulnérables, mais également la sauvegarde de la paix dans le monde.’’
S’il y a un dossier qui continue de tenir à cœur l’Etat du Sénégal, c’est bien la Grande muraille verte. Hier à Glasgow, le dossier était encore au cœur des préoccupations. A la tête d’une forte délégation, le ministre de l’Environnement et du Développement durable ‘’a fait un fort plaidoyer pour ce grand projet qui va changer le visage des pays du Sahel''. Dans la matinée, le ministre de l'Environnement, par ailleurs Président de la Conférence des ministres africains de l'Environnement, a tenu une réunion de coordination avec ses pairs pour fixer rappeler les grands principes directeurs de la politique du continent. ‘’L’objectif, relate le communiqué, est de mieux harmoniser la position de l'Afrique par rapport à la question sur le carbone’’.
L’Afrique, d’après AKS, ‘’parlera d'une même voix pour défendre ses intérêts sur la question du carbone. Nous avons la même position que lors de la Cop25 tenue à Madrid en 2019".
CHEIKH THIAM
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