Publié le 5 Oct 2024 - 14:26
CRISE DANS LE SAHEL

Dakar, terre de refuge

 

Face à la situation qui se dégrade dans le Sahel, Dakar continue d’accueillir de plus en plus de vagues massives de Maliens, de Burkinabé, mais surtout de Nigériens. Près de 500 d’entre eux ont été ramassés et acheminés dans un centre à Rufisque, à 30 km de la capitale, en attendant de décider de leur sort.

 

C’est une bombe sociale qui peut exploser à tout moment. Depuis hier, des centaines d’étrangers, essentiellement des Nigériens, sont déversés au Centre national de formation et d’action (CNFA) de Rufisque, logés dans des conditions désastreuses. En l’absence de tous moyens, humains comme matériels, de bonnes volontés rufisquoises essaient de se mobiliser pour au moins leur assurer un minimum vital. Sur place, des agents de la police ont reçu l’ordre de ne laisser passer aucun média ni individu étranger, en dehors des volontaires de la Croix-Rouge, du mouvement des éclaireurs, du district sanitaire et de quelques notables.

Sous la supervision de l’autorité administrative qui tente de gérer la situation dans la plus grande discrétion, les flics essaient de veiller sur toutes les entrées et sorties. Seulement, en l’absence du minimum, la mission s’avère presque impossible. L’information s’est très vite répandue dans la ville avec des appels multiples à l’aide qui ont été lancés sur les différentes plateformes numériques. ‘’On parle de près de 500 Nigériens qui auraient été ramassés à Dakar et déversés au niveau de la ville. Il n’y a ni nourritures, ni toilettes, ni aucune logistique. C’est une situation dramatique et il urge de prendre des mesures’’, confie une source.

À l’instar de notre interlocuteur, ils sont nombreux les Rufisquois à craindre le pire, si des mesures urgentes ne sont pas déployées. Car, dans ce lieu d’accueil, les conditions d’hygiène sont exécrables. Les deux pièces mises à la disposition des infortunées au niveau du CNFA semblent trop exiguës. Les toilettes et les abris insuffisants. ‘’C’est une situation très préoccupante. Parce que ces gens ont des besoins primaires qu’il faudra satisfaire. Ils ne peuvent pas rester là sans manger. Il faut aussi des toilettes mobiles pour leur permettre de se laver, de se soulager… Tout ça requiert des moyens’’, supplie un témoin.

Près de 500 réfugiés parqués dans un centre à Rufisque

Dès l’entrée, le visiteur est accueilli par le regard hagard des femmes désemparées assises à même le sol. Par le langage gestuel, certaines tentent d’exprimer le mal profond qui s’abat sur elles. Difficile cependant de saisir le message. Sauf quand elles montrent, la main à la bouche, qu’elles ont faim, qu’elles veulent manger. En revanche, pas besoin de mot ni de gestes pour montrer la tristesse, la fatigue et la souffrance qui se lisent sur leurs visages.

Chez les enfants, c’est surtout l’insouciance le sentiment le mieux partagé. Malgré la grande inquiétude qui plane, eux continuent de jouer comme si de rien n’était dans la cour du Centre national de formation et d’action. La plupart risquent de passer la nuit à la belle étoile. L’odeur est toutefois moins polluée que dans les salles où des dizaines de personnes s’entassent sur des matelas posés à même les carreaux, à côté des sacs et colis remplis de bagages. Un décor pitoyable avec des bébés accrochés au sein de leurs mamans. ‘’Ils n’ont même pas de couches. Ils sont dans le dénuement total’’, se désole cette bonne volonté.  

Grâce à la mobilisation des volontaires et de quelques organisations humanitaires, de la nourriture a pu être collectée, sous la direction de l’autorité administrative, pour assurer au moins le diner pour hier soir. Au menu, il y a du ‘’moukhamsa’’, nous apprend-on. Pour le petit-déjeuner du lendemain (aujourd’hui), des boulangers se sont déjà engagés à fournir le pain. On ne savait pas encore, à notre passage, de quoi le déjeuner serait fait.

Une situation humanitaire préoccupante

Outre les Nigériens, il a aussi été rapporté que certains pensionnaires se présentent comme des Bissau-Guinéens, des Burkinabé, des Maliens et d’autres nationalités. La plupart parlent hawsa et alpulaar. Ils ne comprennent ni wolof ni français. Jacques, qui se présente comme un étudiant, est l’un des rares à comprendre le français. Interpellé sur son pays d’origine, il déclare : ‘’Moi je viens du Burkina Faso. J’étais étudiant, j’ai quitté mon pays à cause du manque d’emploi, mais aussi du terrorisme. Je suis arrivé à Dakar depuis juillet. Le jour, j’allais travailler dans les chantiers ; la nuit, je la passais à la place de l’Indépendance. Jusqu’à mon arrestation par la police qui nous a amenés ici.’’

La grande question qui se pose, c’est que fera l’État du Sénégal de toutes ces personnes ? Peuvent-elles être considérées comme des réfugiés ? Vont-elles être rapatriées dans leurs pays respectifs ?

Pour le moment, c’est l’omerta. L’autorité elle-même ne  semble savoir quel sort leur sera réservé. L’on nous confie cependant que l’ambassade du Niger a été saisie, mais elle a répondu n’avoir pas les outils pour organiser le rapatriement de ces gens.

Au Sénégal, la plupart de ces migrants nigériens, surtout les femmes et les enfants, s’adonnent à la mendicité dans les villes et les carrefours. Mois après mois, ces derniers arrivent par vague et commencent à poser de sérieux problèmes aux pouvoirs publics de Dakar. L’arrivée de ces nouvelles vagues coïncide avec les initiatives fermes de Niamey à lutter contre la mendicité.

Lors d’une conférence au mois d’aout, le gouverne de Niamey se voulait clair : ‘’À partir d’aujourd’hui, nous allons rassembler ces mendiants et les acheminer dans leurs villages respectifs, avec de fermes instructions aux services de la police et de la gendarmerie d’empêcher leur retour dans la capitale. Si d’aventure, après avoir été acheminés dans leurs villages, ils revenaient, nous allons faire en sorte que désormais, au lieu de les laisser sillonner les quartiers de Niamey, nous allons les envoyer travailler dans les rivières de la grande irrigation.’’ Certains craignent que ces mesures soient à l’origine de cette fuite des mendiants vers Dakar.

MOR AMAR

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