La simplification les lois pour le développement des entreprises préconisée
Il urge, pour les gouvernements africains, de simplifier les lois pour permettre aux entreprises de se développer plus facilement et plus rapidement, afin de créer des emplois et passer de l’économie informelle à celle formelle. C’est ce qu’a préconisé, hier, l’économiste zimbabwéen, le docteur Prosper Chitambara, qui intervenait dans une conférence virtuelle sur la croissance économique et l’emploi décent à travers le continent.
Un climat des affaires favorables est primordial pour le développement des entreprises qui, à leur tour, créent des emplois. ‘’La plupart des entreprises en Afrique ont des difficultés à créer des emplois décents. Il y a parfois des lois qui sont relativement difficiles pour que les entreprises puissent se développer. Il faut vraiment simplifier les lois pour permettre aux entreprises de se développer plus facilement et plus rapidement. Elles pourront ainsi développer des emplois et passer de l’économie informelle à celle formelle. Pour assurer une bonne reprise économique, il faut aller vers le dialogue social. Il urge également d’accroitre les investissements dans le domaine de la création d’emplois’’, prône l’économiste zimbabwéen.
Le docteur Prosper Chitambara, qui intervenait hier lors d’une conférence virtuelle sur la croissance économique et l’emploi décent organisée dans la cadre du 7e Forum régional africain pour le développement durable, a relevé que pour la plupart des économies africaines, il faut un retour vers une approche et une orientation de développement fondées sur des politiques macroéconomiques. Que les gouvernements doivent intégrer de manière délibérée dans les politiques budgétaires et monétaires avec leurs objectifs de développement à long terme.
‘’Donc, nos cibles et objectifs macroéconomiques doivent être forts pour trouver un équilibre entre les impératifs économiques, d’un côté, et la stabilité des prix, de l’autre. Il faut que nous ayons des cibles et objectifs clairs, en termes de création d’emplois dans nos politiques budgétaires, communautaires et nos stratégies de développement. Il faudrait également intégrer la question de la stabilité des prix qui est nécessaire dans ce contexte où le marché du travail a souffert, a subi des chocs énormes avec la crise de la Covid-19. Nous devons réorienter notre politique et cadre monétaire’’, dit-il.
De plus, pour l’économiste zimbabwéen, les banques centrales de toutes les économies africaines doivent jouer un rôle ‘’plus prépondérant’’ dans le maintien des taux d’intérêt. Il pense que ces banques peuvent aussi garantir le contrôle des capitaux pour assurer un taux de change comparatif. Ce qui facilitera, selon M. Chitambara, la création d’un plus grand nombre d’emplois, en facilitant les possibilités d’emprunts des employeurs. ‘’Il y a des banques centrales qui donnent des emprunts ciblés aux secteurs à main-d’œuvre intensive. Il faut soutenir également les petites et moyennes entreprises (PME) en termes d’accès au financement. Et les banques centrales doivent jouer ce rôle en mettant en place de nouvelles réglementations visant à offrir des mesures plus incitatives aux PME’’, plaide-t-il.
Plus d’investissements publics dans les secteurs productifs et compétitifs
Ainsi, le Dr Chitambara trouve que les pays africains ont besoin davantage d’investissements publics dans des secteurs-clés qui accroissent la productivité et la compétitivité en général, à travers la construction d’infrastructures, investir dans l’économie numérique. ‘’Pour plus de résilience, la recherche et l’innovation sont également importantes. L’apport de la recherche de développement dans notre produit intérieur brut (PIB) en Afrique est très bas. Ce qui ne permet pas de soutenir les investissements dans le développement durable. On a besoin d’investissements publics dans ces secteurs qui peuvent faciliter la réduction de la pauvreté. Il faut accroitre nos dépenses par rapport au PIB’’, renchérit-il.
D’après Prosper Chitambara, la crise de la Covid-19 a levé un coin du voile sur certains de ces problèmes structurels des économies africaines. Dès lors, il soutient qu’il urge de mettre en place des mesures incitatives pour des investissements verts, non seulement de la part du secteur privé, mais aussi du public. La politique fiscale a aussi un rôle à jouer. Car elle soutient les investissements du secteur privé. Ce qui permettrait d’assurer la transition du secteur informel vers le formel.
Pour sa part, le secrétaire général de l'Organisation régionale africaine de la Confédération syndicale internationale (Ituc-Afrique) a relevé que le continent risque de perdre tous les acquis réalisés par le passé en matière de travail décent. ‘’Le lien entre les employés et les employeurs doit changer. Il nous faut un nouveau contrat social qui demanderait une meilleure reddition des comptes. Le droit pour les travailleurs de s’organiser, le dialogue social, c’est important aussi. Il nous faut un dialogue social entre le gouvernement, les employeurs et les travailleurs pour introduire des politiques qui vont aller dans un sens. C’est ce qui doit être au centre du nouveau contrat social. Parmi les droits que j’évoque, il y a la sécurité et la santé des travailleurs sur le lieu de travail. Avec cette pandémie, le lieu de travail peut être affecté par la maladie. Parce que les travailleurs ont des droits. C’est important’’, souligne Adu Amankwah Kwasi.
Pour la distribution des richesses, M. Kwasi trouve qu’il faut aussi garantir un salaire minimum pour les travailleurs. Le dernier pilier de ce contrat social est, selon lui, la création d’emplois. ‘’Il faut investir dans la santé. Il n’y a pas assez de médecins, d’infirmiers, etc. Il faut aussi investir dans l’éducation, la sécurité, les infrastructures. Il faut apporter l’appui nécessaire aux entreprises afin qu’elles aillent de l’avant vers l’économie formelle. Le fait que ces entreprises créent de l’emploi permettra d’utiliser les ressources naturelles dont nous disposons en Afrique. Le financement, c’est censé être pour développer l’économie. Mais, on n’a pas suffisamment accordé d’attention au crédit. On parle toujours de liquidité, de cash, mais il faut maintenant parler de ces crédits qui sont nécessaires’’, souligne le SG de l’Ituc-Afrique.
En Afrique, regrette la SG de Business Africa, les leaders sont ‘’très bons’’ en matière de déclarations politiques, mais peu sont concrétisées. ‘’Il faut absolument qu’on aide les jeunes, les populations qui sont dans la pauvreté. Dans le cadre des finances, il faut voir comment renégocier les emprunts. Dans les pays africains, nous devons avoir une réglementation qui n’étouffe pas les entreprises et permet tout de même au gouvernement de pouvoir prélever les impôts. Il faut donner peut-être un certain temps aux entreprises, après la Covid-19, pour qu’elles se stabilisent, avant de recommencer à prélever des taxes. Il faut aussi faire preuve de leadership. Il faut une nouvelle forme de dialogue social pour conseiller le gouvernement sur les types de politique dont nous avons besoin’’, estime Jacqueline Mugo.
MARIAMA DIEME