Le PIT perd sa tête pensante
L'ancien secrétaire général du Parti pour l'indépendance et le travail (PIT), Magatte Thiam, a tiré sa révérence, hier à Dakar, à l’âge de 86 ans.
Né en mai 1938 à Ouakam, un quartier de la banlieue dakaroise, le secrétaire général du Parti de l’indépendance et du travail (PIT), Magatte Thiam, est décédé hier, à Dakar. La levée du corps aura lieu le mardi 9 avril à la morgue de l'hôpital de Fann à 11 h, suivie de l'enterrement au cimetière de Ouakam. La famille recevra les condoléances le jeudi 11 avril à la cité Conachap, villa n°17.
C’est lui, en 2010, qui succède à Amath Dansokho au Secrétariat général du Parti de l’Indépendance et du Travail du Sénégal (PIT), après une longue carrière de militantisme au sein de la gauche sénégalaise. Il joue ce rôle jusqu’en 2016, avant de passer le flambeau à l’actuel Secrétaire Général Samba SY.
Le parti s’incline, ainsi, devant la mémoire du ‘’mathématicien, syndicaliste et homme politique exceptionnel !’’. ‘’ Magatte THIAM fut bien plus qu'un mathématicien émérite, un universitaire de renom ou un chercheur accompli : il a été un homme engagé, un intellectuel brillant, un syndicaliste infatigable, bref un homme politique visionnaire dont le parcours exceptionnel a participé à façonner l'histoire du Sénégal’’, salue le secrétariat du Comité central du PIT.
En effet, après ses études primaires, Magatte Thiam entre au lycée Van Vollenhoven de Dakar, alors un des deux lycées de l’AOF. Ses capacités exceptionnelles en mathématiques s’y révèlent rapidement. Egalement, il y croise la route d'Abdou Moumouni, un professeur nigérien dont l'influence va durablement marquer son parcours académique et militant.
Après l’obtention du baccalauréat, il part continuer ses études supérieures en France. À Paris, il intègre le prestigieux lycée Louis-le-Grand en classe préparatoire. Son engagement politique s’y développe aux côtés de ses correspondants Frédéric et Suzanne ROSSAT-MIGNOD, militants communistes. ‘’Cette période, dit-on, est marquée par son adhésion au Parti Africain de l'Indépendance (PAI), un parti marxiste fondé à Thiès en 1957’’.
D’ailleurs, au sein de la Fédération des étudiants d'Afrique noire en France (FEANF), Magatte THIAM s'illustre par son leadership et son engagement. De ce fait, en décembre 1962, il est élu Président de la FEANF, ce qui attestait de sa popularité et de sa capacité à mobiliser les forces vives de la jeunesse africaine engagée pour la lutte contre le colonialisme et pour l'émancipation de leur continent.
Ensuite, il rejoint la Sorbonne où il obtient sa Licence, puis son DES de mathématiques en 1961. Il se présente à l’Agrégation de mathématiques à laquelle il est bi-admissible, ce qui lui donne le Capes.
Syndicaliste persécuté par le régime d’alors
De retour au Sénégal en 1966, Magatte Thiam poursuit son engagement politique et syndical en tant qu'enseignant à l'École Normale Supérieure (ENS) puis à l'université. Mais, le régime ne va pas lui laisser de répit notamment à cause de son militantisme syndical. En effet, il est l’un des dirigeants de l’Union Nationale des Travailleurs du Sénégal (UNTS) qui sera dissoute au début des années 70. ‘’En 1976, il participe à la création du Syndicat Unique et Démocratique des Enseignants du Sénégal (SUDES), une organisation syndicale qui défend ardemment les droits des enseignants et milite pour une éducation de qualité. Il en fut le premier Secrétaire général’’, rapporte-t-on. Mais, à la suite d’une grève du SUDES, le pouvoir de l’époque décide de le sanctionner en le rétrogradant. Il est envoyé enseigner dans les régions, alors qu’il était l’un des premiers professeurs agrégés de mathématiques du Sénégal.
Parallèlement à ses activités militantes, il poursuit sa carrière académique en tant que chercheur à l'Institut de Recherche pour l'Enseignement des Mathématiques de la Physique et de la Technologie (IREMPT). En 1979, il fait sa thèse de 3ème cycle sous la direction du Professeur Sakhir THIAM et organise avec le SUDES les états-généraux de l'éducation, prélude aux grandes assises nationales de 1981 qui arrêtèrent d’importantes résolutions en matière d'éducation au Sénégal.
Après l’arrivée d’Abdou Diouf à la présidence et la libéralisation qui s’ensuit, un Comité central extraordinaire change le nom du parti PAI en PIT, dont Seydou Cissokho est encore secrétaire général.
En 1993, c’est au titre d’un PIT membre de la Ligue du grand rassemblement qui regroupe divers partis d’opposition que Maguette Thiam devient ministre de l’Intégration économique, poste qu’il occupe jusqu’en septembre 1995. Il fut aussi Vice-Président du Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT).
‘’Magatte THIAM laisse derrière lui un héritage consistant tant il a été un exemple de détermination, de générosité et de courage. Sa contribution à la lutte pour la justice sociale, l'égalité et la démocratie restera gravée dans les mémoires et continuera d'inspirer tous ceux qui aspirent à un monde meilleur’’, témoigne le Comité central du PIT.
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RÉACTIONS PR BASSIROU DIOMAYE FAYE "Éducateur dans l’âme... Maguette Thiam a formé de..." "C'est avec consternation que j'ai appris le décès de monsieur Maguette Thiam, professeur agrégé de mathématiques et ancien ministre. Éducateur dans l’âme, monsieur Maguette Thiam a formé des centaines de cadres qui ont servi l’État au niveau le plus élevé. Je présente mes sincères condoléances à sa famille, à ses camarades du PIT et au peuple sénégalais. Puisse Allah SWT lui accorder Son pardon." SAMBA SY, SG DU PIT "Il avait véritablement le sens de l'humain" "Maguette Thiam n'a pas été qu'un brillant intellectuel. Il a également été un homme engagé, un patriote ardent ayant consacré toute sa vie à la cause nationale. Nous avons beaucoup appris à ses côtés, de son humilité, de son urbanité, de sa convivialité. Il avait véritablement le sens de l'humain. Nous prions que Dieu l'accueillit avec Clémence et Miséricorde". ALASSANE SAMBA DIOP, DIRECTEUR D’E-MEDIA "Maguette Thiam fut un rhéteur hors pair" "Maguette Thiam fut un redoutable débatteur avec une précision chirurgicale dans ses prises de position ! Un rhéteur hors pair. Beaucoup d'intellectuels redoutaient débattre avec lui ! J'ai eu le bonheur de l'inviter à des émissions ! Ce fut un régal ! Maguette Thiam était un homme simple, bon et humain ! Paix à son âme." PROFESSEUR MARY TEUW NIANE ‘’Maguette Thiam fut grand vulgarisateur’’ ‘’Le professeur agrégé de mathématiques, monsieur Maguette Thiam, est décédé. Il fut un grand frère, un camarade et un ami. Maguette Thiam fut un homme généreux et grand vulgarisateur de la science et de la technologie. Il a encouragé beaucoup de jeunes chercheurs, dans tous les domaines de la connaissance, à poursuivre leurs études, à progresser dans leurs recherches. Il fut cette personne affable que des hommes et des femmes de tous horizons venaient consulter, solliciter son entregent. Maguette, comme nous l’appelions, faisait partie des Sénégalais qui ont dédié leur vie à la patrie. Il subit les foudres du régime socialiste. De l’université de Dakar, il fut exilé au lycée Djignabo de Ziguinchor puis il fut transféré au lycée Van Vollenhoven de Dakar avant enfin d’être ramené à l’université de Dakar. Maguette Thiam était curieux, un touche à tout. Ses élèves, ses étudiants et ses collègues le regretteront. Je présente mes sincères condoléances à Diatou et à toute sa famille et à ses camarades. Je prie Dieu qu’Il l’accueille dans Son Meilleur Paradis.’’ MANKEUR NDIAYE ‘’Le Pays a perdu un homme d'exception’’ ‘‘Un homme de conviction pétri de valeurs et de vertus et d'éthique humaine et républicaines. Un homme d'Etat auprès de qui j'ai servi comme son seul et unique directeur de Cabinet de 1993 à 1995, d'abord au ministère de l’Intégration économique africaine rattaché à la Primature sous le PM Habib Thiam, puis au ministère de la Planification rattaché au ministère de l’Economie, des finances et du Plan sous le magistère de Pape Ousmane Sakho. Maguette fut un Marxiste-leniniste, un grand humaniste, un idéologue, un penseur, un grand mathématicien, un chercheur. Il était d'une générosité débordante, car il partageait tout, tout ce qu'on lui offrait, y compris son salaire mensuel et ses frais de mission. Le Pays a perdu un homme d'exception et un grand patriote que j'ai personnellement pratiqué et sa fille Diatou peut en témoigner’’. |
FATIMA ZAHRA DIALLO
