Arrestation musclée, puis libération de Guy Marius Sagna
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L’activiste Guy Marius Sagna a été malmené et arrêté, hier, devant la préfecture de Dakar où il déposait une lettre d’information de marche, avant d’être libéré en début de soirée.
Le coordonnateur d’Aar Li Nu Bokk a passé, hier, des heures en garde à vue dans les locaux du commissariat central de Dakar. Ce n’est que vers 19 h que Guy Marius Sagna a été finalement libéré, alors qu’il a été arrêté devant la préfecture de Dakar dans la matinée. L’activiste, qui voulait déposer sur la table de l’autorité préfectorale une lettre d’information relative à une manifestation pacifique, a été interpellé pour ‘’attroupement sur la voie publique et rassemblement non autorisé’’.
Un peu plus tôt, jointe au téléphone, Fatou Ndiaye Blondin Diop a déploré la tournure prise par cette action, somme toute anodine. La co-coordonnatrice de la plateforme a expliqué que rien ne justifie l’arrestation de son camarade. ‘’Sa garde à vue n’est pas normale, à moins que ce soit écrit qu’aller à la préfecture pour déposer un courrier est un délit. Il s’agissait juste d’aller déposer une lettre d’information des activités qu’on allait mener et après, c’est à eux d’exprimer leur opposition, parce qu’il y a un contexte particulier’’.
Ce faisant, l’activiste a dénoncé une justice à deux vitesses, car, dit-elle, il y a certains à qui on applique de façon implacable la loi et d’autres qui commettent des délits plus graves et à qui on accorde des libertés provisoires, avant même de faire face au juge.
Dans le même sillage, les plateformes Aar Li Nu Bokk et Noo Lank Doy Naa ont, dans un communiqué conjoint, déploré et déroulé le film de cette arrestation musclée.
Lorsque les mandatés sont arrivés devant les locaux de la préfecture, explique-t-on, ‘’les forces de l’ordre ont ciblé personnellement et vivement interpelé l’un d’entre eux, Guy Marius, et l’ont conduit au commissariat central du Plateau’’.
Les membres de ces plateformes en concluent qu’il s’agit d’un acte téléguidé visant à entraver les droits publics consacrés dans la Constitution sénégalaise et fouler aux pieds la dignité humaine. ‘’D’autre part, les lieux de privation de libertés où règne une grande promiscuité sont particulièrement favorables à la propagation de la Covid-19 et nous pensons qu’y détenir des innocents pourrait mettre inutilement leur vie en danger. Nous considérons que notre camarade n’a commis aucun acte qui pourrait justifier son arrestation et demandons sa libération immédiate et sans condition. Autrement, les commanditaires de cet enlèvement seront tenus responsables de tout ce qui découlera de cet acte arbitraire et ignoble relevant de l’abus de pouvoir’’, ont-ils fustigé.
Les objets de la marche du 14 août
Guy Marius Sagna et deux de ses camarades se sont rendus à la préfecture de Dakar, pour informer de la marche pacifique qu’ils comptent organiser le 14 août prochain, de 15 h à 19 h. Le circuit arrêté est : grande porte de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar - avenue Cheikh Anta Diop - lycée Thierno Seydou Nourou Tall – rond-point OMVS – VDN – siège national Orange - Université virtuelle du Sénégal (UVS) – ministère de la Culture. La marche a pour objet d’exiger le paiement des 14 mois d’arriérés que le PCCI doit aux travailleurs, ainsi que le paiement, par l’Etat, de 49 mois dus aux travailleurs d’ABS Sénégal. Les manifestants comptent, à travers cette mobilisation pacifique, ‘’exiger qu’Afup Canada paie à chacun des 200 étudiants victimes de son escroquerie les dommages et intérêts qui s’élèvent à 1 million, conformément à la décision de justice’’.
Pour ce qui est du foncier, Guy Marius Sagna et Cie souhaitent également l’arrêt de la spoliation, un audit foncier ainsi que la restitution des terres aux paysans et pasteurs de la localité. ‘’L’arrêt de l’accaparement des terres à Guéréo par le groupe Decameron, un audit foncier, la restitution des terres aux paysans, pasteurs et habitants de la localité’’. Ils demandent également un meilleur traitement des étudiants orientés dans le privé ainsi que la satisfaction des revendications des étudiants de l’Isep Diamniadio et l’effectivité de l’orientation de tous les bacheliers de 2019.
Les manifestants renseignent également qu’il y aura des prises de parole devant les sièges d’Orange, de l’UVS et devant le ministère de la Culture, une sonorisation, des pancartes et des banderoles.
HABIBATOU TRAORE