Les contraintes d’un décollage
L’Etat du Sénégal a l’ambition de faire de Dakar un hub aérien, surtout avec le nouvel aéroport international Blaise Diagne de Diass. Mais pour y arriver, le Sénégal a de nombreuses contraintes à lever. Le laboratoire d’études et d’analyse pour le développement (LAED) a donné quelques pistes de réflexion, lors de sa dernière réunion mensuelle au siège de la Banque mondiale à Dakar.
Comment le Sénégal peut-il se positionner dans le transport aérien ? La question a été au cœur des débats de la dernière réunion mensuelle du Laboratoire d’études et d’analyse pour le développement (LEAD) qui s’est tenue au siège de la Banque mondiale à Dakar. Car, si le gouvernement a l’ambition de faire du Sénégal un hub aérien, les experts du LEAD ont décelé quelques ‘’contraintes’’ majeures qui ne militent pas en faveur de cette volonté des autorités. ‘’Pour un hub, il faut des équipements et cela manque considérablement à Dakar. On parle de volonté de créer un tout en handicapant le processus’’, déplorent-ils d’emblée.
Dans le contexte actuel du marché des transports aériens, ‘’les licences délivrées par l’ANACIM (Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie), vu leur qualité, ne peuvent pas stimuler la demande’’, analysent les membres du LAED. Pour eux, la stimulation de la demande régionale passera nécessairement par ‘’la révision et la baisse du barème de tarification en analysant ses conséquences’’. De même, ils invitent les autorités étatiques à ‘’encourager la demande internationale, en réduisant le tarif de la destination touristique Sénégal’’ et à ‘’renforcer les capacités de supervision technique et économique de l’ANACIM qui fait défaut, actuellement’’.
Par ailleurs, même si le Sénégal a des ambitions, il peine, pour le moment à disposer d’une compagnie aérienne digne de ce nom. Sénégal Airlines a été liquidée. Air Sénégal S. A a été portée sur les fonts baptismaux. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le LEAD appelle le gouvernement à ‘’éviter de créer une compagnie qui naisse avec les symptômes d’une maladie incurable et qui la condamne dès la naissance’’. Donc, pour que la nouvelle compagnie, née des cendres de Sénégal Airlines, puisse demeurer, il faut au préalable, procéder à ‘’une démarche entrepreneuriale rigoureuse qui exige de respecter les « B A BA » de la création d’une société’’, selon ces experts. Cela consiste, selon eux, à bien faire un ‘’business plan structuré et développé à partir d’une étude de marché’’.
En plus, recommandent-ils, il faut ‘’définir une stratégie conséquente’’ et ‘’démarrer et procéder à une montée en puissance progressive’’. ‘’Pour cela, il faut s’inscrire dans la durée et toujours intégrer un esprit de compétition, tout en tenant compte de la concurrence qui est réelle’’, conseille le laboratoire d’études et d’analyse pour le développement. Si l’on en croit les experts du LAED, la réussite de la nouvelle compagnie aérienne dépend, en grande partie, du business plan à définir. Donc, ce dernier ne doit pas être ‘’complaisant’’, c’est-à-dire un plan qui consiste, souvent, ‘’à minorer les dépenses et à exagérer les recettes’’. De même, la compagnie doit ‘’s’attacher les services d’un personnel compétent’’ et ‘’avoir les hommes qu’il faut à la place qu’il faut et circonscrire l’interférence politique inappropriée qui affecte la performance d’une compagnie’’. ‘’Ce manque de rigueur fait que, sur le classement OACI, des pays qui sont venus apprendre au Sénégal nous dépassent aujourd’hui’’, déplorent-ils.
‘’Optimiser le potentiel existant’’
En plus des contraintes, les atouts du pays ont également été listés, lors de cette rencontre d’échanges. D’après les experts, tous les services de l’aérien existent au Sénégal. Ce qui reste au pays est ‘’d’optimiser’’ ce potentiel. A propos du transport et du tourisme, deux domaines étroitement liés, les experts ont démontré que ce ne sont pas les problèmes du sous-secteur des transports aériens qui plombent le tourisme sénégalais. Ce secteur a ses propres maux. Et les plus en vue, soulignent-ils, sont l’absence de diversification et la qualité du personnel. A cela s’ajoutent les fortes taxes sur les billets d’avion. ‘’La baisse des taxes peut impacter sur le tourisme’’, conseille le LAED.
ALIOU NGAMBY NDIAYE