Touba perd son vice-khalife
La communauté mouride a perdu, hier, son vice-khalife. Serigne Bassirou Bara Mbacké, petit frère de Serigne Sidy Moctar Mbacké, a été rappelé à Dieu hier, aux environs de 17 heures. La cérémonie religieuse est prévue ce vendredi.
Serigne Bassirou Bara, vice-khalife général des mourides, a tiré sa révérence hier. Le guide religieux, très peu connu du public, a été la révélation du grand Magal de Touba de cette année. C’est d’ailleurs lors de ce grand évènement que de nombreux fidèles mourides ont fait sa connaissance et l’ont vu pour la première fois. Ainsi, le lendemain du grand Magal de Touba, le 09 novembre 2017, c’est lui qui a suppléé le khalife général des mourides, Serigne Sidy Moctar Mbacké, à la cérémonie officielle de la célébration du départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba, en recevant la délégation du gouvernement dirigée par le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Aly Ngouille Ndiaye. Le guide religieux, né en 1929, a été inhumé hier nuit à Touba.
Régulièrement cité par le lutteur Balla Gaye 2, Serigne Bassirou Mbacké Bara était donc inconnu du grand public. Derrière son caractère effacé se cache toute une histoire. Ce petit-fils de Serigne Touba, né en 1929, était aphasique jusqu’à l’âge de 12 ans. En effet, au moment où ses frères et camarades commençaient l’apprentissage du Coran, il ne pouvait pas parler correctement. C’est après la disparition de son père, Serigne Mouhamadou Lamine Bara, en 1936, que sa mère, Sokhna Maguette Lo, a expliqué son handicap à son oncle paternel, Serigne Fallou Mbacké. Le deuxième Khalife général des mourides (1945-1968) prédit alors que le fils de Serigne Mouhamou Lamine Bara prononcera correctement les mots arabes, avant de devenir un grand érudit. Cette prédiction de Serigne Fallou se réalisa en 1941. A 12 ans, il commença à parler comme le souhaitait sa mère. Il fut confié à Serigne Mouhamadou Lamine Diop Dagana pour son enseignement coranique.
Après cette première étape, le petit frère de Serigne Sidy Moctar Mbacké a approfondi ses études islamiques chez Serigne Abdou Latif Mbacké et son homonyme Serigne Bassirou Mbacké. A côté de l’enseignement religieux, Serigne Bassirou Bara a fait des études françaises, à l’âge de 27 ans, à Dakar. Ses études ont abouti à une qualification professionnelle. Il fut embauché au building administratif de la capitale sénégalaise où il a officié jusqu’en 1992, année de sa retraite. Après la vie professionnelle, il s’est consacré davantage à sa religion avec des retraites spirituelles à Touba et aux HLM de Guédiawaye.
OUMAR BAYO BA (TOUBA)