Les manifs douchent les jet-setteurs
2h mardi soir. Les environs de la Cité Sonatel sise sur les deux voies de Liberté 6 vers la Vdn sont calmes. Les gardiens, torches en main, font la ronde, chacun à l’angle de ''sa'' rue. L'éclairage public n'est pas totale. Le premier taxi passant s’arrête sans hésiter, alors qu’en temps normal, il poursuivrait son chemin à toute vitesse chargé de client. Sans trop broncher, le taximan accepte le premier prix proposé. ''1500 F Cfa pour foncer aux Almadies '' ; le conducteur de pester que rien ne marche plus à cause de la ''politique''. ''Nous ne pouvons même pas faire la moitié de nos recettes. Vivement que ça finisse vite ! Ils nous fatiguent tous'', maugrée-t-il. D'un geste dépité, il désigne du doigt des restaurants et cabarets presque vides, qui longent la route de l’aéroport. ''Et puis, ils sont tous pareils, ces politiciens. Je suis sûr qu’ils sont en train de boire le thé ensemble'', ironise le taximan, les deux mains aux volant, roulant à 70km/h…
Une zone des Almadies terne
Terminus à hauteur du Casino du Cap-Vert. Comme d’habitude, les taxis et véhicules particuliers accaparent les trottoirs dans les deux sens. Les rares femmes – peut-être des filles de joie - traversent la voie pour échanger avec les taximen et/ou se procurer de la cigarette. Mais l’ambiance est morose. Interrogée, l’une d’entre elles assène que la politique les prive de tout ces jours-ci. ''Il y a moins de gens qui sortent de peur qu’il se passe des choses dehors. Moi, j’habite les Parcelles et je suis obligée de sortir. Je travaille la nuit, sinon je n’allais pas sortir'', explique Amina, nom d'emprunt. Un habitué des lieux soutient que la psychose a atteint son paroxysme, car ''avec le Conseil constitutionnel qui est dans la zone, les agents de l’État qui y résident et surtout le nombre incalculable d’agents secrets qui infiltrent les boîtes en cette période, tout cela fait peur à beaucoup de potentiels clients''.
L’entrée de la boîte est presque vide, même si quelques clients indécrottables sont toujours de la partie. Certains s’affairent aux jeux du Casino. Au Nirvana, en passant par le Duplex et le Vip Club. La situation est pire qu’au Casino. Le Nirvana qui fait plus de bruit dans les parages ne fonctionne pas le mardi ! Parlant de la situation actuelle, le gérant Papito argue que les conséquences des manifestations sont directement ressenties. Le chanteur Assane Ndiaye a dû annuler son rendez-vous avec ses fans dimanche dernier, faute de clients ; il y a eu ce jour de chaudes échauffourées. L'artiste chanteur Pape Diouf n’a pu se produire ce même jour au Madison. Hier, le leader de la Génération consciente n’a pu avoir que la moitié de son public habituel au même endroit.
Certes Le Patio, Blue Note et Alkimia vibrent tout de même comme à l’accoutumée… mais pour une maigre clientèle.
''Fatigués et lassés''
Selon Roger, collaborateur de Fallou Dieng et Salam Diallo, ''les gens sont fatigués et lassés de cette peur quotidienne du fait des manifestations qui ne cessent pas''. Il ajoute que ''beaucoup de jeunes participent aux événements et sont fatigués le soir ; ils préfèrent rester chez eux et dormir''.
Pour Fatma, une belle nymphe accrochée dans sa belle 4x4, aux abords du Ngalam Night, où les choses semblent aller mieux qu’ailleurs, aux environs de 4h, ''il est hors de question de ne pouvoir profiter de la belle vie à cause de ces politiciens qui sont tous pareils''. Dans une mini robe noire très sexy, Fatma, teint clair, la trentaine, confie, aux côtés de son amie : ''Je suis conséquente avec moi-même. Je vais voter comme tout le monde, mais cela ne peut m’empêcher de faire ce que je veux''.