Publié le 26 Sep 2012 - 15:55
DIX ANS APRÈS LE NAUFRAGE DU ''JOOLA''

Les familles des victimes demandent le renflouement du bateau

 

 

 

 

Dix ans après le chavirement du bateau le ''Joola'' aux larges des côtes gambiennes, les cœurs sont toujours meurtris. La date du 26 septembre 2002 reste à jamais ancrée dans la mémoire des Sénégalais. Elle rappelle de mauvais souvenirs et éveille des rancœurs. Alors que les familles pleurent leurs victimes. Aujourd'hui plus que jamais, les familles des victimes réclament le renflouement du bateau et justice.

 

Aux Parcelles Assainies, Unité 21, la famille Diédhiou se rappelle la catastrophe comme si c'était hier. Assise sur un fauteuil de couleur marron, Antoinette Basse (Mme Diédhiou) ne peut oublier les 5 membres de sa famille ayant péri ce funeste jour. La cinquantaine déjà sonnée, cette mère de famille s'exprime avec un cœur lourd de chagrin. Le regard dans le vague, comme plongée dans ses souvenirs, la dame parle d'une voix lointaine, mais calme. Tout ce qu'elle souhaite, c'est pouvoir enfin faire son deuil. Mais, sans le renflouement du bateau, elle déclare que ce sera impossible. ''On a besoin de voir nos morts, pour pouvoir faire un véritable deuil. On ne peut pas rester ainsi. Avec le renflouement du bateau, on pourra avoir des certitudes, car, jusque-là, on ne sait pas où l'on en est'', confie Mme Diédhiou.

 

Lorsqu'on en vient à parler de l'indemnisation des familles des victimes, la dame sort de son apathie. Elle considère l'acte comme irresponsable. ''Je pense que cet argent qu'on a donné aux familles est un résultat de l'irresponsabilité des dirigeants. En plus, ce n'est même pas suffisant. Au lieu de punir les coupables, martèle-t-elle, on a distribué de l'argent de façon insignifiante.'' Elle souhaite des sanctions. ''Il faut que justice soit faite, pour apaiser les souffrances des familles. Ce n'est pas normal qu'après un tel malheur, qu'on fasse comme si de rien n'était'', fustige Antoinette.

 

A côté d'elle, se tient sa nièce Françoise Kourouma. La jeune demoiselle a perdu sa mère, lors du naufrage. À 22 ans, Françoise n'espère qu'une chose, ''retrouver le corps sans vie de sa chère maman''. ''Le corps de ma maman n'a pas encore été retrouvé. Je veux vraiment savoir où il se trouve. Car c'est difficile de faire un deuil sans corps''. Elle lance un appel à l'État. ''Il doit, poursuit-elle, nous aider à continuer nos études et prendre en charge les enfants orphelins du naufrage''.

 

''On ne peut pas remplacer une personne par de l'argent''

 

Ailleurs, à la cité des Eaux, Babacar Camara ne veut pas du renflouement du bateau. Ayant perdu son grand frère lors du drame, il estime que le renflouement risque de créer d'autres problèmes au sein des familles. ''Pendant tout ce temps, l’État n'a rien fait pour aider les familles, à part donner une indemnisation. Il n'est pas nécessaire de renflouer le bateau, parce que ça peut créer un autre problème. Cet argent ne peut rien régler et nul ne peut être remplacé par de l'argent. C'est dur mais il faut que justice soit faite. C'est tout ce que je veux'', confie Babacar. Non loin de lui, Aly Samb, menuisier de formation, écoute le journal de 12 h. À l'annonce de la commémoration du naufrage du ''Joola'', il ne peut s'empêcher de lancer un bruit de dédain. ''Vraiment, ils se foutent des gens. C'est triste de constater que les États africains ne tiennent jamais leurs promesses. Le gouvernement doit prendre ses responsabilités pour renflouer le bateau. La France lui avait proposé son aide, mais jusqu'à présent, rien n'a été fait'', persifle Aly Samb.

 

Viviane DIATTA

 

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