La voix des entrepreneurs
Cheffe d’entreprise malienne, Djamila Ben Baba est revenue sur les nombreux obstacles auxquels font face les entrepreneurs en Afrique, quant à l’accès aux financements et à l’écoulement de leurs produits.
Elle s’appelle Djamila Ben Baba. Elle vient du Mali. Hier, elle en a séduit plus d’un, grâce à sa présentation lumineuse sur les difficultés auxquelles font face les entreprenants en Afrique, du fait de l’absence de financement. Partant de son propre exemple, la jeune dame, qui contrôle aujourd’hui une entreprise spécialisée dans l’élevage et qui fait 6 millions d’euros d’investissement et 140 emplois, a souffert avant de se frayer une place.
D’abord, c’était des problèmes pour trouver des financements. Et quand elle a réussi à dépasser cette étape, ont commencé des problèmes de marché. ‘’Cela montre simplement que l’entreprise chez nous, c’est un combat quotidien et très difficile’’, lâche-t-elle devant un public admiratif.
Dans son magnifique storytelling, la partie avec la Minusma a surtout retenu les attentions. Cheffe d’entreprise respectée dans son pays comme à l’extérieur, Djamila a eu toutes les peines du monde à vendre à la Mission onusienne basée dans son pays. Elle témoigne : ‘’Cela fait 10 ans que la Minusma est au Mali. Chaque mois, elle consomme 4 millions d’euros de viande. Pas un kilo n’est acheté au Mali. Dans un premier temps, ils nous disaient : ‘Vous n’avez pas la norme ISO 22000.’ On s’est battu ; la SFI nous a accompagnés et on a pu l’obtenir. Nous sommes les seuls à l’avoir dans cette région. On a pu le brandir tout fier. Ils ont pris des mois pour venir ensuite nous dire que vous êtes trop chers par rapport aux pays européens. Bien sûr, nous sommes plus chers, parce qu’ils sont subventionnés et nous non. Voilà les difficultés que nous rencontrons.’’
À travers son histoire, Djamila met en exergue le quotidien de nombre d’entrepreneurs sur le continent. ‘’Nous avons besoin de nouveaux outils de financement adaptés à nos pays, c’est-à-dire simples, rapides faciles à déployer et à un cout correct. Nous sommes dans des secteurs très importants qu’est la transformation des produits locaux’’, a-t-elle insisté.
Son message a bien été entendu par les décideurs, puisque le DG de la SFI, Matar Diop, a promis de le financer, puisque ce sont ces genres de projets dont l’Afrique a besoin pour être compétitive.
Séduit, le président de la République félicite Djamila et salue sa résilience. Il témoigne : ‘’D’abord, je félicite Djamila pour sa résilience. À l’entendre parler, je comprends la souffrance des entrepreneurs des pays en développement. Nous le connaissons aussi au Sénégal et c’est pourquoi j’ai dû créer une sorte de banque pour les femmes et les jeunes, la Délégation rapide à l’entrepreneuriat pour les jeunes et les femmes, qui ne demande pas de garantie. Quand le projet est plus structurant, il y a le Fongip qui vient en appui. Ce qui nous a permis de financer à peu près 200 millions d’euros pour les jeunes et les femmes, pour 250 000 bénéficiaires évoluant dans tous les secteurs.’’
Dans la même veine, Macky Sall a donné des instructions fermes pour l’accompagnement de cette pépite africaine, malienne, sénégalaise. ‘’La déléguée de la Der est là tout comme les autres instruments et je pense qu’ils vont pouvoir travailler avec vous. Non seulement c’est l’intégration, mais aussi si vous êtes malienne vous êtes aussi sénégalaise quelque part’’, instruit le président Sall qui n’a pas manqué de souligner le défi de la formalisation du secteur privé.
EMMANUEL MACRON, INITIATEUR DU NOUVEAU PACTE FINANCIER ‘’Aucun pays ne doit avoir à choisir entre réduction de la pauvreté et protection de la planète’’ En ouverture du sommet de Paris dont il a été l’initiateur, le président Emmanuel Macron a insisté sur quatre principes qui doivent guider le nouveau pacte financier. D’abord, c’est de ne pas amener les pays à devoir choisir entre réduction de la pauvreté et protection de la planète. Chaque pays, selon lui, doit choisir souverainement son chemin, car il n’y a pas un modèle unique. En outre, face à ces défis que sont la pauvreté, le climat et la biodiversité, le président français a plaidé pour une augmentation sensible des investissements. Ce qui n’est pas encore le cas. Le troisième principe sur lequel devra reposer le nouveau pacte financier, selon le président français, c’est d’augmenter les financements publics. Face à ces défis, pauvreté, climat et biodiversité, il faut investir beaucoup plus. ‘’Ce choc concessionnel doit impliquer davantage de mobilisation nationale, celle d’organisations régionales et des structures financières, et également une meilleure mobilisation des institutions multilatérales’’, a-t-il souligné. Dans le même sillage, Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité d’une plus grande mobilisation du secteur privé. ‘’Je pense qu’on doit être honnête. Il y a beaucoup de liquidités dans ce monde, beaucoup d’argent. Je ne pense pas qu’on arrivera à changer complètement de système, mais je pense qu’on peut faire beaucoup mieux fonctionner, si cet argent et ces liquidités sont au service des progrès de la planète et de ce double défi que j’évoquais : pauvreté, climat et diversité. Pour cela, nous avons besoin de mobiliser beaucoup plus de financements privés vers les pays en développement, les pays à revenu intermédiaire, les grands émergents’’, a-t-il poursuivi en espérant que le sommet sera un sommet de solutions. |