Publié le 8 Dec 2023 - 23:57
DOUDOU SARR NIANG, DG BUREAU D'INFORMATION GOUVERNEMENTALE (BIG)

“Contester Amadou Ba, c’est délégitimer Macky Sall”

 

Le magistère de Macky Sall tire à sa fin et c’est bientôt l’heure du bilan. Dans cet entretien, Le Directeur général du Bureau d'Information Gouvernementale, Doudou Sarr Niang, revient sur les retombées des tournées économiques, les polémiques autour de la collecte des parrainages, les critiques du président de la République envers ses partisans qui ne défendent pas bien son bilan et les attaques contre le candidat Amadou Ba, entre autres questions d’actualité.

 

Le Premier ministre, puis le chef de l’État se sont lancés dans une série de tournées économiques qui, à terme, devraient leur permettre de faire le tour des régions du pays, une nouvelle fois. Toutefois, jusqu’ici, on a du mal à voir les retombées de ces périples sur les régions qui manquent presque de tout. Cela n’accrédite-t-il pas la thèse que cesdites tournées n’ont, en réalité, que des visées politiques ?

Il y a lieu de rappeler que les tournées économiques participent d’une démarche de suivi et d’évaluation de l’action gouvernementale. Les engagements pris par le gouvernement dans le cadre des conseils des ministres délocalisés participent d’une territorialisation des politiques publiques. Car des années durant, l’action publique a connu un ralentissement du fait de la centralisation des décisions administratives. En faisant le choix de délocaliser l’instance suprême de coordination de l’action gouvernementale, le président Macky Sall a voulu répondre à une préoccupation : créer les conditions d’un développement local en fonction des potentialités des régions.

Ainsi, les projets et programmes identifiés dans les régions ont fait l’objet d’une planification rigoureuse. Et pour l’essentiel, les objectifs assignés au gouvernement ont été atteints. Mieux, des projets ont été exécutés en dehors des engagements du Conseil des ministres. Les régions de Sédhiou, de Kaffrine, de Kédougou, de Thiès, de Louga, de Saint-Louis, de Fatick, de Tambacounda ou encore de Kaolack en sont les illustrations les plus parfaites.

Du fait de votre statut de patron du BIG, vous êtes très au fait du bilan économique du régime. Que pouvez-vous répondre à ceux qui pourfendent le bilan du président Macky Sall ?

Depuis 2012, nous avons réussi à consolider, et de manière exceptionnelle, les éléments de bilan du président Macky Sall. En toute objectivité, nous avons des statistiques sur les réalisations qui confortent des avancées exceptionnelles à tous les niveaux. Et, de manière tranchée, personne ne peut occulter ces progrès dans le domaine de la restauration des agrégats macro-économiques, le développement des infrastructures de désenclavement,  des services de transport de mobilité collective, du développement des savoirs (éducation et formation), de l’énergie, de l’agriculture, de l’élevage, des accès universels (santé, eau et assainissement), l’équité sociale, l’inclusion financière, entre autres. Aujourd’hui, l’AIBD, le TER, les ponts de Marsassoum, de Foundiougne et de Senegambia sont les déterminants d’un bilan remarquable du président Macky Sall. Ces performances ont permis à notre économie d’être résiliente face aux chocs exogènes (Covid-19 et guerre russo-ukrainienne). C’est aussi la preuve que la vision qui découle du Plan Sénégal émergent (PSE) est adaptée à nos réalités locales, contrairement aux programmes imposés par les institutions internationales.

Ce bilan n’est pas que matériel. Il est aussi immatériel. Il est beaucoup question de corruption, de détournement et autres crimes assimilés. Pensez-vous que cela va peser à l’heure de porter un jugement sur les réalisations du président ?

La notion de bilan immatériel doit être revue et corrigée, pour éviter une imputabilité hasardeuse. Si elle renvoie à des questions de valeurs liées à la gouvernance, la responsabilité ne saurait être exclusive. Les problématiques relatives à la lutte contre la corruption, les détournements de deniers publics ou les enrichissements sans cause sont adressées par le gouvernement. Qu’il s’agisse de l’Ofnac, de l’IGE ou de la Cour des comptes, leurs missions portent l’empreinte d’une volonté farouche d’assainir les avatars de notre gouvernance. La redevabilité est au cœur de nos politiques publiques. Et aucune dérogation ne saurait intervenir. La seule contrainte réside dans le temps des médias qui diffère de celui de la justice dans la communication autour de certaines affaires. Et la gestion des fonds Covid en est une parfaite illustration avec la décision prise par le gouvernement de tirer les choses au clair.

La Présidentielle approche à grands pas. Comment le Bureau d’information gouvernementale compte soutenir la candidature d’Amadou Ba ? 

La vocation du Bureau d’information gouvernementale est essentiellement administrative. Nous sommes un dispositif d’appui à la communication du gouvernement, avec une charge éminemment institutionnelle. À ce titre, nous sommes un élément de bilan du président Macky Sall qui a fait le choix en 2018 de créer le BIG. Et nous lui en sommes reconnaissants à plus d’un titre pour avoir permis au gouvernement de bâtir une doctrine de communication qui a permis en 2019 de valoriser son bilan et d’ouvrir de nouvelles séquences communication durant son deuxième mandat. L’ancrage du BIG à la primature ne souffre d’aucune contrainte politique. Les termes de nos missions sont clairs : analyser l’état de l’opinion et des médias ; diffuser auprès de la presse et du public des informations sur l’action du gouvernement, entre autres. À ce titre, le BIG dispose de puissants outils de veille qui lui permettent d’établir de manière régulière des baromètres sur l’action gouvernementale.

L’actualité politique est marquée par les petites misères faites aux candidats de l’opposition qui sont parfois empêchés de faire leur tournée pour collecter des parrainages. Quel regard portez-vous sur tout cela. Cela ne fausse-t-il pas le jeu politique ? 

Les règles du jeu démocratique sont très claires. Notre système politique est codifié par des textes réglementaires à interprétation variée. Et trop souvent, l’amplification médiatique de certaines situations de terrain obstrue un peu notre jugement. La précampagne constitue une période assez particulière au regard du cadrage juridique qui a été défini par l’autorité administrative. Il incombe à tout un chacun d’être le garant de l’ordre public et de respecter les termes du jeu politique. Benno a l’avantage d’être une puissante machine électorale capable de dérouler son programme à l’échelle des territoires sans tomber dans les travers du populisme ambiant.

Cette période de collecte des parrainages est aussi marquée par une querelle sur les chiffres. BBY annonce avoir obtenu trois millions de parrains. Ce que Mimi Touré a contesté au point de porter plainte contre le DG du ‘’Soleil’’ pour diffusion de fausses nouvelles. Quelle analyse faites-vous de cette question ?

‘’Le Soleil’’ est un journal d’élite, héritier d’une longue tradition de journalisme qui consacre la sacralité des faits. Son directeur général a eu raison de renverser la charge de la preuve face aux accusations portées sur le chiffre annoncé par le journal. Une chose est claire : le reporting de l’ensemble des données disponibles conforte ce chiffre, à la date du 26 novembre. Aujourd’hui, la compilation de l’ensemble des fiches de collecte risque d’exploser les statistiques de Benno.

Dernièrement, le chef de l’État s’est montré très irrité de la manière dont ses partisans défendent son bilan. Il a mis en avant un problème de Com à Benno. Partagez-vous cet avis ?

Vous parlez de Benno qui est la coalition politique du président Macky Sall. Elle dispose d’instances de communication dédiées : la cellule de communication, le groupe des porte-paroles. Il s’y ajoute le porte-parolat de l’APR, la Task-force républicaine et le groupe modulable des débatteurs de la mouvance présidentielle. Ce positionnement pluriel dans la sphère de communication est plutôt politique, au regard des questions qui structurent l’espace public. Et c’est parce que l’intérêt des médias porte plus sur des questions politiques que les termes du bilan sont moins visibles dans la presse.

Que faut-il faire pour remédier à cette situation de communication défectueuse, s’il en est ?

Le président Macky Sall a demandé un travail de rectification et de recentrage sur le bilan qui a permis au Sénégal d’accomplir des bonds qualitatifs. Cette commande présidentielle participe d’un travail de déconstruction des perceptions de l’opinion publique et dépérissement de l’offre politique de l’opposition.

À ce titre, la consolidation de la communication gouvernementale autour du bilan présidentiel est un impératif majeur. Et les dix années de mise en œuvre du Plan Sénégal émergent (PSE) offrent de belles perspectives pour rehausser le débat et agir sur l’agenda médiatique. Cette démarche aussi incombe aux membres du gouvernement qui constituent de très bons clients pour les journalistes. Car l’information gouvernementale est devenue aujourd’hui médiatique, vendable.

Quel regard portez-vous sur la situation inédite du pays, avec un président en exercice qui ne va pas se représenter à l’élection présidentielle et qui a désigné son PM comme candidat de sa coalition ?

Certes, la situation peut être inédite, mais elle porte l’empreinte d’une intelligence politique de classe exceptionnelle. Le président Macky Sall a choisi de ne pas briguer un autre mandat juridiquement acceptable, pour demander à son camp de choisir le profil type capable de porter l’étendard de Benno. Quelqu’un a parlé de la série des inédits avec la figure d’un Premier ministre candidat, mais qui n’est pas le leader de sa coalition politique. C’est assez exceptionnel comme situation. Et il est heureux de constater qu’il n’y a pas de conflit d’agendas ou de déficit dans le management institutionnel de l’État. Cela augure de belles perspectives sur les mutations institutionnelles qui devront s’opérer dans l’espace politique sénégalais.

Le candidat de BBY est fortement chahuté par des responsables de la coalition. Que pensez-vous de cette entreprise de fragilisation dudit candidat ?

Si de tels actes ont pu se produire, c’est simplement parce que ses initiateurs sont simplement à la marge de cette séquence de l’histoire politique de notre pays. Car ce n’est pas une nouvelle page qui s’ouvre, mais plutôt un nouveau chapitre qui porte l’emblème d’un homme qui a toutes les compétences requises pour diriger ce pays et placer les standards étatiques à la hauteur du président Macky Sall. Toute autre posture contestataire n’est que de l’autoflagellation. D’autant plus que dans le contexte politique sénégalais, la seule dynamique qui vaille devrait être le consensus autour de ce choix à la fois innovant et opérant. Dès lors, les ‘’mécontents’’ doivent comprendre que contester Amadou BA, c’est délégitimer Macky Sall. En d’autres termes, c’est renier le père. Une telle attitude porte les stigmates de ces contre-valeurs qui ont fini par parasiter la pratique politique dans notre pays. De tels acteurs sont en fin de cycle et le renouvellement du personnel politique qui est en train de s’opérer ne leur laisse aucune chance de survie.

Quelle doit être la posture du candidat Amadou Ba, pour incarner totalement le leadership de la coalition BBY ?

Il y a une constante dans le choix du candidat Amadou Ba par la double coalition Benno-Grande majorité présidentielle : c’est l’efficacité managériale qui le place dans une posture privilégiée comme le continuateur de l’œuvre du président Macky Sall. Celui-ci doit consolider le legs au profit des générations futures. La contestation du leadership d’Amadou Ba est résiduelle, pour ne pas dire périphérique. Dans la mesure où les actes qu’il pose au quotidien, participent de l’élargissement des bases de Benno, de la consolidation de l’Alliance pour la République et de l’ouverture en direction des forces vives de la nation qui le créditent d’un capital de confiance exceptionnel.

Voilà autant de variables qui déterminent ce leadership naturel accepté par les plénipotentiaires de Benno. C’est aussi la preuve que la dynamique de continuité constructive incarnée par le Premier ministre Amadou Ba est en parfaite adéquation avec la vision du président Macky Sall.

A quel type de campagne doit-on s'attendre du candidat de Benno ? 

Le terrain sera l’espace d’expression de la campagne présidentielle du candidat Amadou BA. À coup sûr, il privilégiera la proximité militante, l’écoute citoyenne et le rapport direct  à la jeunesse qui est au cœur de sa démarche politique. C’est vous dire que sa campagne sera à la fois totale et circulaire. Car toutes les catégories sociales de la population seront mises à contribution pour partager son programme qui se veut un nouveau contrat politique, garant de l’émergence économique du Sénégal. À ce titre, toutes les intelligences politiques seront mises à contribution pour réussir le pari de la consolidation de l’héritage du président Macky Sall.

Quelles sont les chances d’Amadou Ba de triompher en 2024 ? 

Le Premier ministre Amadou Ba a l’avantage d’être le candidat unique de Benno. Ce choix exclusif de la coalition présidentielle lui confère un avantage comparatif en termes de bassin électoral. Il s’y ajoute deux données fondamentales : l’hégémonie électorale et l’ancrage territorial de Benno. Mais aussi sa légitimité militante qui découle d’une socialisation politique depuis 2006, pour avoir été un choix opérant dans la reconfiguration du Conseil municipal des Parcelles-Assainies. Par ailleurs, il y a lieu de noter qu’Amadou Ba dispose d’un capital de sympathie auprès des populations sénégalais. Il cristallise les espoirs d’un peuple qui a envie d’être sur le chemin du progrès social et de la dignité économique. Et l’élan de mobilisation autour de la collecte des parrainages constitue un excellent baromètre sur la mobilisation militante et citoyenne au-delà des rangs de Benno qui devra faire la différence au soir du 25 février 2024. Et ce ne sont pas les externalités contestataires notées à la faveur de son choix qui feront infléchir les tendances.

Que pensez-vous du drame de l’émigration clandestine ? Quelles solutions préconisez-vous ?

Il s’agit d’un phénomène complexe qui nécessite une introspection à l’échelle des terroirs. Car les Sénégalais sont un peuple migrant. Et très souvent, l’ailleurs est sublimé dans nos consciences collectives. Il est clair qu’on peut réussir au Sénégal et nos champions nationaux en sont l’illustration la plus parfaite, notamment le président de la République et son Premier ministre qui sont tous les deux de purs produits de l’école sénégalaise. Le président Macky Sall a fait le choix d’une politique de jeunesse hardie qui a permis, dans le cadre du Plan Sénégal émergent (PSE) de créer plus de 600 000 emplois. Sans compter les performances dans le domaine de l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes. Le programme ‘’Xëyu Ndaw Ni’ a été un véritable ‘’boosteur’’ de l’emploi des jeunes avec plus de 66 243 emplois sur un objectif de 65 000 sur trois ans (2021-2023).

Dans ce même ordre d’idées, le candidat Amadou Ba fera de la jeunesse une des priorités de son action, une fois élu à la magistrature suprême. Autant dans le renforcement de leurs compétences académiques et professionnelles que dans le soutien à l’initiative privée.

Au-delà de l’approche interne au gouvernement, il faudra noter que la question migratoire est transnationale. Et il est heureux de constater que cette question figure en bonne place dans le cadre de la réunion de suivi du 5e séminaire intergouvernemental franco-sénégalais.

GASTON COLY

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