Publié le 16 May 2022 - 18:37
ELECTIONS LEGISLATIVES

YAW isole son Khalifa

 

Emmuré dans un silence profond, lâché par la quasi-totalité des membres de la Conférence des leaders, Khalifa Ababacar Sall qui avait la lourde tâche de dresser la liste de la Coalition Yewwi Askan Wi se retrouve tout seul, sans même pouvoir compter, jusque-là, sur ses principaux lieutenants.

 

Les langues se délient, de plus en plus. Certains ne mettent plus de gants pour désigner directement Khalifa Ababacar Sall ou son proche collaborateur Saliou Sarr, comme responsables direct ou indirect de ce qui est arrivé à la liste départementale de Khalifa Sall à Dakar. Hier, Pape Allé Niang a confirmé, dans sa chronique, ce que beaucoup disaient déjà dans les coulisses de la coalition de l’opposition. Il s’est largement épanché sur les circonstances qui ont mené à cette situation. ‘’Dans la vie, peste le journaliste-chroniqueur, il faut dire la vérité quoi qu’elle nous coute.

Parce que la seule chose qui nous intéresse, c’est le Sénégal. Et je veux qu’on sorte le nom de la Direction générale des élections de cette polémique. La DGE, jusque-là, n’a rien fait. Qu’est-ce qui s’est passé ? Tout à fait au début, avant même l’entente avec Wallu, Taxawu avait 3 sièges sur la liste YAW, Pastef 3 et PUR 1. Par la suite, avec l’accord, un siège devait revenir à Wallu et c’est sur le quota de Pastef qui était d’accord…’’

Jusque-là tout s’est déroulé le plus normalement du monde, selon le témoignage du journaliste. Au moment des investitures, Pastef a proposé un homme et une femme. Mais très boulimique, Taxawu qui voulait placer trois hommes (Barthélémy Dias, Palla Samb et Babacar Mbengue) a exigé que le PDS investisse une femme, pour que la liste respecte la parité. Le PDS qui voulait y placer son coordonnateur départemental, Joseph Sarr, a refusé. ‘’Tout le monde a estimé que c’est Taxawu qui avait déjà trois sièges qui devait faire l’effort.

Ils étaient tous d’accord avec la posture du PDS. Au lieu de vider ce contentieux, les gens ont préféré faire du dilatoire. Jusqu’au jour du dépôt, dans l’enceinte même de la DGE, ils tergiversaient encore. C’est au dernier moment qu’ils ont enlevé Palla Samb pour mettre une femme à la place. C’est la liste qu’ils devaient déposer. Mais, alors qu’il ne restait qu’à déposer, Déthié Fall qui s’occupait d’autre chose a dit à Saliou Sarr (proche parmi les proches de Khalifa) d’aller déposer la liste sur laquelle il y a un accord. Au lieu de déposer cette liste, Saliou Sarr a fait n’importe quoi, en enlevant la femme pour remettre Palla Samb. C’est ce qui est à l’origine de toute cette situation. Il ne faut donc pas incriminer la DGE. Elle n’y est pour rien du tout.’’

Mais pourquoi, Saliou Sarr aurait commis une telle bourde qui risque de couter très cher à la coalition YAW et à ses alliés. Selon toujours le journaliste Pape Allé Niang, le principal concerné aurait servi la réponse suivante, quand il a été interpellé : ‘’C’est parce que quelqu’un m’a dit que la parité ne s’applique pas au septième. C’est ça la vérité, il faut le reconnaitre et avancer. Il faut assumer ses actes. Ce problème, ce n’est ni la DGE, ni Pastef, ni PUR, ni le PDS, c’est Taxawu Senegaal de Khalifa Ababacar Sall’’, fulmine le journaliste, qui accuse le ‘’manque de courage’’ de l’ancien maire de Dakar.

Une dissension supposée ou réelle avec Barth qui a dégagé de la Ville de Dakar les membres de son cabinet

Quoi qu’il en soit, malgré le calme précaire qui règne encore au sein des alliés, il faut reconnaitre que ce problème d’investiture met à lumière un malaise qui couve, depuis bien longtemps. Comme annoncé par EnQuête dans ses éditions précédentes, des sources concordantes continuent d’indexer une cassure entre Barthélémy Dias et sa famille politique originelle de Taxawu Senegaal. Pour Pape Allé Niang, ceci ne daterait même pas d’aujourd’hui. ‘’La vérité est que 80% de l’entourage de Khalifa n’aiment pas Barthélémy Dias. C’est ça la vérité. Ceux qui pensent que Barthélémy est derrière Khalifa n’ont qu’à déchanter. Khalifa Sall ne contrôle pas Barthélémy Dias. La preuve, ce dernier a dégagé tout le cabinet qu’il avait laissé à la ville de Dakar. Aussi, si ça ne dépendait que des proches de Khalifa, Barth ne serait pas maire. Personne, parmi eux, n’a mouillé le maillot. Barth s’est battu tout seul pour arriver à cette place. Aussi, sa proximité avec Sonko ne plait pas à tous les proches de Khalifa’’, renseigne le journaliste réputé proche de l’opposition.

Ces frustrations ont-elles poussé les amis de Khalifa à aller jusqu’à saboter la liste départementale pour empêcher Barth de se retrouver à l’Hémicycle ? Y aurait-il une connivence entre le proche de Khalifa, Saliou Sarr, et le pouvoir ? Voilà des questions sur toutes les lèvres, depuis la semaine dernière et réactualisées par le chroniqueur de Dakar Matin.

A l’instar du journaliste, Barthélémy Dias parle également de complot. Evitant de citer le nom de son ‘’mentor’’ Khalifa Sall, il a tout de même mentionné le nom de son proche Saliou Sarr, sans aller jusqu’à l’accuser directement. A en croire le maire de Dakar, le mandataire de la liste Yewwi Askan Wi s’appelle Déthié Fall. ‘’Ce sont les gens du pouvoir eux-mêmes qui ont parlé de Saliou Sarr, lors d’une conférence de presse. Ce journal l’a même désigné comme responsable (il brandit le journal l’Info). Je veux leur faire savoir ceci : Saliou Sarr n’est pas le mandataire de la liste Yewwi Askan Wi. Il faut se demander où il est passé pour entrer à la DGE. Au nom de quoi, ils ont pris une liste déposée par Saliou Sarr qui n’est pas le mandataire ? Si ce n’est pas un complot, c’est quoi ? Et ce complot, c’est moi qui vous le dis, il ne passera pas’’, peste le maire de Dakar et tête de liste départementale qui dit s’en tenir à la déclaration de Déthié Fall.

Selon nos sources, Saliou était effectivement avec Déthié Fall pour l’aider, compte tenu des nombreuses formalités. Mais elles assurent : ‘’Dans tous les cas, c’est Déthié Fall qui a signé le récépissé de dépôt.’’

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CASSURE A TAXAWU

‘’Le plus déplorable, c’est le silence des responsables de la plateforme Taxawu…’’

Depuis l’éclatement de cette affaire, les accusations fusent de partout. Comme s’ils s’étaient passés le mot, la plupart des responsables de la coalition YAW tirent contre Khalifa Ababacar Sall, président de la conférence des leaders. Isolé, esseulé dans son coin, ce dernier est, depuis lors, plongé dans un silence assourdissant. Aussi, même ses lieutenants les plus proches n’ont pas daigné monter au front pour prendre sa défense.

Une situation qui n’est pas pour plaire à une partie des jeunesses de Taxawu dirigée par Sadaga Gueye. ‘’Ces attaques, fulmine le jeune khalifiste, sont pour nous une pratique machiavélique et relèvent du népotisme total. Nous disons à ces micro-politiciens d’arrêter ces manigances, manipulations et tentatives de diabolisation. Nous ne laisserons plus faire.’’

Ulcéré, le proche de Khalifa Ababacar Sall dit ne pas comprendre l’attitude des principaux leaders de la coalition qui nourrissent cette polémique stérile, face à un enjeu de taille qui consiste à débarrasser le Sénégal du régime tyrannique de Macky Sall. Il peste : ‘’Nous ne pouvons pas comprendre l’attitude de certains chefs de parti, membres de la conférence des leaders. Aujourd’hui, au lieu de faire le point de leurs différents mandats à l’hémicycle, ils se bousculent pour encore briguer un autre mandat….’’

Mais le plus déplorable, selon les jeunes khalifistes, ce n’est pas le mutisme des alliés. ‘’C’est le silence assourdissant des membres de la plateforme Taxawu Senegaal, en particulier, la jeunesse qui devait s’ériger en bouclier pour défendre corps et âme le Président Khalifa.’’

Par ailleurs, à ceux qui parlent d’une cassure entre Barth et Khalifa, Sadaga Gueye tente de minimiser et accuse : ‘’Il y a des leaders comploteurs qui veulent liquider Barthélémy Dias. Qu’ils sachent que ce dernier est un militant loyal et très dévoué de la plateforme Takhawu Dakar. Nous ne laisserons personne le liquider pour des intérêts crypto personnels. Ceux qui le tenteront échoueront lamentablement, car, ils vont nous trouver sur leur chemin.’’

Pendant ce temps, des proches de Barth accusent Khalifa de tous les noms d’oiseaux. Certains n’hésitant pas à l’accuser de jouer un double jeu. Pour sa part, le journaliste Pape Allé Niang estime que Khalifa Sall est un ‘’cas pathétique, un homme qui n’a jamais le courage de trancher’’, un mauvais leader ‘’qui n’a aucune maitrise sur ses hommes’’. Même aux élections locales, insiste-t-il, il a hésité jusqu’à la fin en ce qui concerne la tête de liste pour la Ville de Dakar. ‘’Barth et Cie l’ont mis dos au mur. Alors contre mauvaise fortune, il a fait bon cœur. Il n’avait pas le choix’’, fulmine le journaliste-chroniqueur.   

COMMENTAIRE

Nul ne peut se prévaloir de sa turpitude !

Maintenant que les choses semblent se préciser, qu’il semble que cette liste qui ne respecte pas la parité a bel et bien été déposée par les représentants de la coalition Yewwi Askan Wi, la question que tout le monde se pose est de savoir si cette dernière va accepter d’assumer sa grosse bourde et laisser les Sénégalais aller tranquillement voter le 31 juillet prochain ? Vont-ils continuer de polluer le climat politique, en faisant montre d’une mauvaise foi manifeste et en essayant de salir des institutions comme la DGE qui, jusque-là, accomplissent un travail remarquable ? Rien n’est moins sûr.

Déjà, le maire de Dakar, Barthélémy Dias, lui, sonne la mobilisation des troupes et n’envisage pas des élections à Dakar sans la liste de Yewwi Askan Wi. Pourtant, les dispositions sur cette question de la parité sont bien claires. Aux termes de l’article 2 de la loi 2010-11 du 28 mai 2010, ‘’les listes de candidature sont alternativement composées des personnes des deux sexes’’. Selon l’alinéa 3 de la même disposition, ‘’les listes de candidature doivent être conformes aux dispositions ci-dessus, sous peine d’irrecevabilité.’’ Malgré les tentatives de légitimation, la plupart des experts objectifs conviennent que si la liste effectivement déposée ne respecte pas la parité, la sanction, c’est l’irrecevabilité.

En effet, l’article L 179 citée par Barthélémy Dias, lors de sa première sortie, est formel. Les changements autorisés, au-delà de la date limite de dépôt des candidatures, sont relatifs aux candidats inéligibles, aux pièces périmées ou comportant des erreurs matérielles. Ce qui est fort heureux d’ailleurs. Qu’adviendrait-il dans le cas où la loi permettait à toute personne mécontente de démissionner d’une liste ? Dans ce contexte sénégalais marqué par la transhumance, la corruption, cela ne serait-il pas une aubaine pour les pouvoirs, prêts à tout pour régner sans partage ? Ne pourraient-ils pas en profiter pour débaucher des candidats investis à n’importe quel moment du processus électoral ?

Aussi, c’est une question de bon sens qui se pose. Pourquoi admettre le désistement d’un candidat qui a lui-même signé sa déclaration individuelle de candidature, en donnant son casier judiciaire et son extrait de naissance, pour être sur les listes électorales ? Ce serait un précédent dangereux de permettre des changements sur les listes, au-delà de la date limite de dépôt des candidatures. Les candidats mécontents, selon la loi, n’ont qu’à attendre la fin des élections et démissionner de l’Assemblée, au cas où ils passent députés. C’est une question de bon sens.   

Malgré ces exigences légales claires, certains responsables de la Coalition Yewwi Askan Wi refusent d’assumer leur erreur de débutant. Ils promettent de mettre le bordel dans le pays et d’empêcher les Sénégalais d’aller choisir librement leurs députés. Ils seront seuls responsables de tout ce qui pourrait découler de ce comportement irresponsable. 

MOR AMAR

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