Publié le 19 Feb 2015 - 14:34
EMPRUNT OBLIGATAIRE SUR 20 MILLIARDS CFA

L’Etat tacle Khalifa Sall 

Le Ministère de l’Economie et des Finances vient de signifier son opposition à l’emprunt obligataire de 41,8 millions de dollars, soit 20 milliards de francs Cfa que les membres du Conseil municipal de Dakar, réunis le lundi 6 mars dernier en session extraordinaire, avaient autorisé. Suffisant pour que certains proches du maire Khalifa Sall parlent de règlement de comptes politiques

 

De l’étincelle en l’air entre le gouvernement et la Mairie de Dakar. Il nous revient de sources dignes de foi que le Ministère de l’Economie et des Finances vient de signifier son opposition à l’emprunt obligataire de 41,8 millions de dollars, soit 20 milliards de francs Cfa que les membres du Conseil municipal de Dakar, réunis le lundi 6 mars dernier en session extraordinaire, avaient autorisé. C’est un courrier parti du Ministère de l’Economie et des Finances qui vient marquer l’opposition officielle de l’Etat à cette opération. Selon des sources ayant pris connaissance du document, avec plusieurs ampliataires dont l’USAID, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) etc, l’Etat y affiche sa décision de ne pas ouvrir de compte séquestre pour y recevoir l’argent.

Pour une première du genre au Sénégal et en Afrique (hormis l’Afrique du Sud), cette opération devait être lancée dans l’espace de l’Union monétaire ouest africaine (UMOA) avec le soutien de la Fondation Bill Gates et de l’USAID. Cette dernière organisation, qui jouit d’une bonne crédibilité, devrait participer dans les garanties de l’emprunt à hauteur de 10 milliards de francs Cfa, soit la moitié de l’opération ; le reste devant être remboursé à hauteur de deux milliards de francs Cfa par an par le Budget de la mairie. Tout cela va-t-il aller à l’eau ? En tout cas du côté de l’Etat, on avance des arguments dont les modifications intervenues avec la mise en œuvre de l’Acte 3 de la décentralisation. ‘’L’environnement ayant évolué, il faut que l’emprunt soit mis en cohérence’’, assure un technicien des Finances, proche du Conseil régional de l’épargne publique et des marchés financiers, qui est en fait l’organe habilité à autoriser ce type d’opération.

Pour notre interlocuteur, même la note d’information qui a été remise aux investisseurs doit être revue, car les ressources disponibles ne sont plus les mêmes, dès lors que l’Acte 3 de la Décentralisation est là. Toutes choses, entre autres, qui expliquent que l’Etat refuse l’opération. L’Etat estime aussi que du fait de ces réformes, la composition de la Société de patrimoine qui va gérer l’investissement doit changer. Elle ne peut être animée que par des membres de l’ancien système de gouvernance locale. Autant de griefs qui justifient le refus. Car, ajoute-t-on, ‘’s’il y a défaut de payement, l’Etat sera le premier responsable’’.

La mairie réfute les arguments de l’Etat

Mais du côté de la Mairie, on réfute ces arguments, arguant que si un bailleur aussi crédible que l’USAID accepte de s’associer à cette opération, si d’autres bailleurs de fonds avalisent, et que le marché lui-même se prépare à faire cet emprunt-là, c’est parce que c’est du sérieux derrière. Le camp de Khalifa Sall explique que l’emprunt est surtout destiné à construire des espaces commerciaux qui vont être loués pour générer des ressources pour la Mairie. Et donc la Mairie aura les moyens de faire face au remboursement de l’emprunt, du fait des activités générées. Pour les partisans du maire de Dakar, l’argument des moyens n’est pas valable. En effet, explique-t-on, même si environ 7 milliards de francs Cfa partent dans les Communes avec les réformes de l’Acte 3, cette somme est relativement amortie par les 4 milliards de frais de personnel (affecté aux Communes) qui vont avec ces transferts.

Donc, déroule-t-on, seuls trois milliards Cfa restent dans la balance. Une note qui va être réduite presque à néant si l’Etat affecte les fonds destinés à la dotation de la ville. Bref, les partisans de Khalifa Sall voient dans ce refus de l’Etat d’apposer sa signature, des règlements de comptes politiques. Vrai ou faux ? En tout cas, la Mairie de Dakar ne compte pas déchirer son emprunt sur 20 milliards de francs Cfa. Bien au contraire, elle avance qu’elle va utiliser d’autres moyens pour atteindre son objectif. Lesquels ? Mystère et boule de gomme… 

Mame Talla Diaw

 
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