Publié le 6 Jan 2022 - 16:32
EN CONFLIT AVEC UN COLONEL DE L’ARMÉE

Aboubacry Niang atterrit à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar 

 

Après 15 jours de détention provisoire, le fonctionnaire de l’Etat, en service à la Haute autorité chargée de la coordination de la sécurité maritime, de la sûreté maritime et de la protection de l'environnement marin (Hassmar), Aboubacry Niang, recouvre enfin la liberté. Il était attrait à la barre par le colonel Seydina Djibril Mbengue.

 

Une affaire opposant un colonel de l’armée, en l’occurrence Seydina Djibril Mbengue, au fonctionnaire de l’Etat Aboubacry Niang, a été évoquée hier à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar. Le haut gradé de l’armée reproche à ce dernier les délits de destruction de bien appartenant à l’Etat, de violence et de voie de fait, de menaces de mort et de détention illégale d’arme.

Selon le militaire, le prévenu, qui n’était plus en service à la Haute autorité chargée de la coordination de la sécurité maritime, de la sûreté maritime et de la protection de l'environnement marin (Hassmar), devait restituer le matériel de la structure.

Ainsi, dit-il, il a donné ordre au concierge de le prévenir à l’arrivée de celui-ci. Le subalterne a exécuté les ordres dès que le fonctionnaire est entré dans la structure. Sur ces entrefaites, le colonel est allé toquer à la porte de Niang, mais n’a pas reçu de réponse. Il retourne alors à son bureau et intime une nouvelle fois l’ordre au concierge de ne pas le laisser sortir. L’homme respecte encore les consignes de son supérieur hiérarchique en priant le fonctionnaire de l’attendre. Ce dernier, après avoir refusé, a cédé à la demande du concierge qui a informé le militaire que Niang l’attendait.

Toutefois, à l’arrivée de l’homme en tenue, la tension est montée d’un cran. En effet, le colonel qui a demandé à l’agent fonctionnaire de restituer le matériel de la Hassmar, a récolté une réponse ferme de celui-ci. ‘’Ce n’est pas à vous de me réclamer le matériel de la Hassmar’’, lui a-t-il dit. Provoquant ainsi la colère du haut gradé qui a demandé au concierge de ne pas lui ouvrir la porte. Estimant que le militaire l’a séquestré, Aboubacry Niang, qui sait, dit-il, comment manœuvrer la porte, parvient à l’ouvrir. A peine sorti, il sera rattrapé par le colonel. S’en est suivi une bagarre entre les deux hommes. C’est au cours de leur altercation, selon les déclarations du prévenu, que son arme qu’il garde toujours sur lui est tombée. ‘’Je me suis empressé pour ramasser le pistolet que j’ai remis à sa place. Dans la foulée, il a essayé de prendre l’arme, mais j’ai été plus agile que lui’’, a expliqué le prévenu Aboubacry Niang qui a contesté les faits qui lui sont reprochés.

Selon lui, tout ceci est la conséquence des révélations qu’il a faites sur son manuel, concernant les malversations de la structure. ‘’Ce jour-là, je devais remettre des documents à la comptable qui devait se rendre à la Cour des comptes. Mais à cause de notre bagarre, j’ai raté le rendez-vous’’, a expliqué le comparant qui a passé plus de 15 jours en prison. S’agissant aussi des menaces de mort et de violence et voie de fait, il a plaidé non coupable.

D’ailleurs, le concierge Mamadou Mané, entendu à titre de renseignement, contredit les propos du colonel selon lesquels, quand Aboubacry Niang fracassait la porte, il se trouvait dans son bureau. Selon le témoin, le colonel Mbengue était présent. ‘’J’ai entendu Niang dire au colonel : ‘Vous voulez me séquestrer.’ C’est par la suite qu’il a défoncé la porte’’, a relevé le concierge qui souligne également n’avoir pas entendu de menaces.

D’autre part, l’autre témoin, l’adjudant Sabaly, a quant à lui relevé que le prévenu a brandi son arme et a menacé de tuer quiconque tenterait de lui interdire l’accès au service.

A la suite du conseil de la partie civile qui reste convaincu que le prévenu est coupable des chefs qui lui sont reprochés, le maître des poursuites a requis deux ans d’emprisonnement dont six mois ferme.

Les avocats de la défense ont tour à tour sollicité la relaxe de leur client. De l’avis de Me El Hadj Diouf, les militaires qui risquent d’être épinglés par la Cour des comptes tentent de broyer son client. A l’instar de ses collègues, il demande que son client soit renvoyé des fins de la poursuite.

Finalement, après en avoir délibéré, la juge a relaxé au bénéfice du doute Aboubacry Niang des chefs de menace de mort et de violence et voie de fait.

Par ailleurs, il a été reconnu coupable des délits de bien appartenant à l’Etat et de détention illégale d’arme. Comme peine, il a écopé d’une amende ferme de 200 mille francs CFA. Après avoir passé une quinzaine de jours à la citadelle du silence, il recouvre enfin la liberté.

MAGUETTE NDAO

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