Publié le 27 May 2013 - 12:05
EN PRIVÉ AVEC BABA HAMDY DIAWARA, ARTISTE

''Les critiques ne peuvent pas me déstabiliser''

 

Souvent critiqué, Baba Hamdy Diawara continue son bonhomme de chemin malgré tout. De pianiste, il est passé chanteur non sans faire davantage couler beaucoup de salive. Aujourd'hui, il propose aux mélomanes un nouveau projet musical avec un album dénommé ''Eyes on Marley''. Dans cet entretien avec EnQuête, il parle de l'opus en vue et répond à ceux qui contestent son statut de chanteur.

 

Votre dernier album ''Never say never'' a déjà fait son bout de chemin. Quel bilan en tirez-vous ?

 

Il est en train de suivre son cours normal et la promotion se poursuit. C'est un projet qui n'a rien à voir avec le projet ''Eyes on Marley''. Récemment, on a clipé une chanson qui est dans l'album ''Never say never''. C'est en version remix. J'y ai même invité Daba Sèye. Et la musique est plus rythmée.

 

Autrement dit vous travaillez sur deux projets en même temps ?

 

C'est un travail d'équipe d'abord comme j'ai l'habitude de le dire. Je suis dans un label [1000 Mélodies, NDLR] et je me considère comme un simple artiste. Même s'il est vrai que la décision finale m'incombe, il arrive des fois que des gens proposent des choses. Ce n'est pas compliqué, à mon avis, d'être sur deux, trois ou quatre projets en même temps. Il suffit d'être bien organisé, bien que je ne le sois pas. Ça je sais, on est obligé. On est arrivé à un moment où pour exister, tant sur le plan national qu'international, il faut toucher à différentes choses. J'essaie de m'organiser du mieux que je peux.

 

Ne risquez-vous pas de brouiller votre public ?

 

Vous avez parfaitement raison. Seulement, il arrive dans la vie des moments au cours desquels on doit tenter non pas d'orienter le public mais de l'initier à quelque chose. On a l'habitude de sortir un single ou un album et de le laisser faire son temps. Mais on n'a pas l'habitude d'en faire plusieurs en même temps. Pourtant, dans le passé, de grands musiciens comme Baaba Maal et Youssou Ndour le réussissaient. Avant, on pouvait se focaliser sur un single ou un album pendant un bon bout de temps. Maintenant, c'est impossible. Quand on ne sort pas pendant deux ou trois mois, on n'existe presque plus au niveau du public.

 

Au regard de la saturation du marché de la musique, les Cd ne se vendent plus ou peu. Que gagnez-vous en sortant des productions à ce rythme ?

 

Je fais des choses différentes de ce que l'on propose habituellement. Ce n'est pas une chose très facile. Ce que je fais est tellement différent qu'il est difficile de trouver une bonne place. Mais j'ai un public qui est là et qui est demandeur chaque année.  Généralement on anime les plus grandes soirées de gala de Dakar avec de grandes boîtes qui suivent ce que nous faisons. Et ce n'est pas à partir d'un album mbalax. Moi, je vis de cela. Mon public est différent, j'ai un public assez jeune et même très très jeune. Je ne m'y attendais pas vu qu'il ne parle pas anglais. Au vu de cela, je me suis dit qu'il fallait que je donne un peu plus de rythme à ma musique. C'est ce qui explique le remix d'un des morceaux de ''Never say never'' repris avec Daba Sèye. Je veux mettre tout le monde dedans.

 

Voudriez-vous nous parler davantage du projet de l'album ''Eyes on Marley'' ?

 

C'est ''Focus on Marley'' - mes yeux sur Marley. J'ai repris quelques titres de Bob Marley. Si vous remarquez bien et même si vous cherchez, vous verrez que tous les titres de Marley repris c'est avec le beat reggae, du R&B, jazz ou de la salsa. Je ne pense pas que jusque-là, on a repris Marley sur des tons africains. J'ai voulu être parmi les premiers ou le premier à tropicaliser ses tubes. Je ne suis pas seul dans ce projet même si c'est moi qui suis devant. J'ai invité un Congolais, des Sénégalais, un Ivoirien ainsi qu'un saxophoniste français et un Sénégalo-Malien. Avec eux, on a tenté d’adapter des morceaux de Bob Marley avec carrément une musique africaine derrière, pour que cela change. Cela va me permettre en tant qu'artiste d'exister encore sur le plan international. C'est cela la spécificité de cet album. Et celle-ci va pousser les gens, quelles que soient leurs nationalités, à écouter l'album. C'est inédit et changeant.

 

Pourquoi cet hommage à Marley ?

Parce que Bob Marley a toujours revendiqué son africanité. Il a toujours parlé de l'Afrique. Alors j'ai essayé de reprendre les chansons de Marley qui m'ont le plus marqué (…) Je ne veux pas accaparer les choses, je ne suis pas seul. Il y a Idrissa Diop qui m'a aidé dans ce projet. Il a amené un très grand producteur, Oko Dramé. Il y a Baaba Maal qui va porter le projet vers Island Records et vers la famille de Marley. Il y a tous ces gens-là qui donnent un coup de main pour que tout aille bien.

 

Avez-vous eu finalement l'accord de la famille Marley ?

Déjà, on a une autorisation pour sortir le single le ''Could you be loved''. Le single est d'ailleurs sur Youtube. On attend maintenant l'accord pour sortir l'intégralité de l'album. Je suis même certain que cela va être une fierté pour la famille de Marley car le monde entier a déjà repris Marley. Pour (les parents de Marley), c'est quelque chose qu'il faudrait encourager.

 

Pourquoi alors avez-vous anticipé sur la communication avant d'avoir eu l'accord de la famille Marley ?

 

C'est un projet qui va se réaliser, je le sais. La conférence de presse a été organisée le 9 mai passé. L'anniversaire du décès de Marley c'était le 11 mai. Le showbizz évolue d'une manière extraordinaire. Pour exister, il y a de ces choses que nous ignorons mais qui sont essentielles. C'est à cette période qu'il fallait vendre le projet et c'est ce qu'on a fait. On l'aurait fait le 11 mai, l'anniversaire allait bouffer le produit. Mais Marley appartient à tout le monde. Quand j'ai terminé l'hommage à Youssou Ndour, je lui ai dit : ''Grand, je vous ai fait une surprise''. Et en retour, c'est l'artiste qui gagne en droits d'auteur. Sauf si la reprise est ratée. Elle peut frustrer son auteur.  Marley est un patrimoine. Il appartient à chacun.

 

Lors de votre conférence de presse, vous avez dit qu'on a souvent assimilé votre timbre vocal à celui de Marley. Ce que certains vous contestent. Que leur répondez-vous ?

 

On est dans un monde où chacun est libre de dire ce qu'il pense. Je ne peux pas être là à répondre à chaque personne. Je ne me considère pas comme un grand chanteur. Je me considère comme un rien du tout. Je suis très sérieux. Je me dis que c'est ça la musique. Chacun est libre d'essayer quelque chose. Tout comme les gens sont aussi libres d'écouter ou de ne pas écouter, d'aimer ou de ne pas aimer. Ce qui est dommage, c'est de voir des Sénégalais être contre un projet d'un autre Sénégalais alors qu'il y a des Européens et autres qui soutiennent ce projet. Ce n'est pas la première fois. C'était aussi compliqué avec ''Never say never''. J'ai dû laisser le morceau dans ''Un café avec...'' [téléréalité diffusée sur TFM, NDLR], les gens ne connaissaient pas son auteur et ont commencé à télécharger le morceau et à l'aimer. Quand je l'ai clipé, tout le monde était surpris. Et ce sont ces gens-là (qui critiquent) ? On les appelle les ''haters'' : ils forment un bloc et attendent qu'on passe sur un site et font passer une quarantaine ou plus de messages négatifs pour orienter l'opinion. J'ai fait de la communication. Je sais comment ça marche. Cela ne peut pas me déstabiliser.

 

Il y a eu un hommage à Youssou Ndour, puis ''Never say never'' avec cinq reprises, et après ''Eyes on Marley''. A quand un album 100% Baba Hamdy ?

 

Le ''Never say never'', c'est du 100% Baba Hamdy ! C'est douze titres qui sont dans cet album entièrement Baba Hamdy et cinq titres repris.

 

Après une conférence de presse en croisière, vous envisagez d'organiser votre anniversaire à bord d'un bateau...

 

L'anniversaire, c'est le 29 juin. Et c'est à cette date que nous allons sortir également l'album. Parce qu'Oko Dramé et Baaba Maal travaillent dessus. Pour l'accord (avec la famille Marley), c'est juste des formalités. Nous voulions juste prendre le temps de bien mixer les choses. Nous allons profiter de l'occasion pour inviter les ONG, les ambassades, ceux qui aiment Baba Hamdy, tout le monde, pour faire autre chose. Ce sera un dîner à bord du bateau avec l'orchestre de Baba Hamdy. Ce sera l'occasion pour les gens de voir Baba Hamdy en live même si je joue fréquemment. Mais ce sera vraiment l'occasion pour les télés de filmer et de le montrer. On est en train de voir la meilleure formule pour cette croisière. Pour l'instant, je ne peux pas en dire plus.

 

Qu'envisagez-vous d'autre après ?

 

Nous prévoyons de faire une tournée américaine, européenne, etc. Nous avons beaucoup de propositions mais je me disais tout le temps qu'il fallait bosser et prendre le temps nécessaire.

 

 

PAR BIGUÉ BOB

 

 

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