‘’Je m’inquiète pour les jeunes de mon pays…’’
Le philosophe et parolier Souleymane Faye a fêté ses 65 ans samedi dernier, dans le select cadre du Just 4U. Après son show, l’artiste s’est entretenu avec l’équipe d’EnQuête. L’auteur-compositeur s’est prononcé sur ses projets, la jeunesse et le développement du Sénégal, entre autres. Un entretien qui révèle une autre facette du personnage.
Qu’est-ce que vous ressentez, après un anniversaire fêté en grandes pompes, avec des artistes venus de partout, rien que pour passer avec vous la soirée ?
Je ressens beaucoup de joie. Mes 65 ans, je ne les sens pas physiquement et je suis très content d’être en bonne santé. Je rends grâce à Dieu qui m’a donné une longue vie et une bonne santé. J’ai été sincèrement surpris de voir autant de monde. Je ne m’y attendais pas du tout. Je remercie tout le monde, tous ces artistes et ces personnes qui se sont déplacés pour les besoins de mon 65e anniversaire. Je remercie également les médias qui ont aussi pris de leur précieux temps pour assister à cette festivité.
Vous fêtez une nouvelle année qui coïncide avec le début de l’année 2016. Quels sont vos mots de nouvel an à l’endroit du Sénégal ?
Faire attention d’abord. Il faut que les gens se calment, parce qu’on ne peut pas faire de la vie… (Il ne termine pas sa phrase). On ne peut rien changer de la vie. Elle reste comme elle est et elle est belle. Ce sont les hommes qui la changent. Il faut qu’on soit ensemble pour être fort. C’est cela qui nous manque. C’est le savoir-vivre, apprendre à vivre ensemble. Et je pense qu’il faut qu’on soit ensemble, solidaire pour aller loin.
Où en êtes-vous actuellement sur le plan de votre carrière musicale ?
Je prépare mon nouvel album. Aussi, je suis en train d’écrire un livre sur mon histoire et je prépare aussi un bouquin où il y aura toutes les paroles de mes chansons. Ainsi, les intéressés auront le loisir d’avoir, dans les détails, toutes les paroles de toutes les chansons de Souleymane Faye. D’ailleurs, il y a une maison d’édition qui est prête à nous soutenir dans cette entreprise. Mais pour l’instant, je préfère ne pas dire son nom. C’est en fait une façon d’immortaliser mes œuvres, les protéger.
C’est seulement pour cela que vous avez tenu à faire ce livre ?
Non, j’ai voulu aussi prendre ma plume, parce que souvent les élèves prennent mes textes comme des thèmes à l’école. De même, il y a des professeurs qui utilisent mes chansons pour enseigner. Donc, ça serait bien que les élèves lisent toutes mes paroles en français et en anglais.
Combien de titres peut-on attendre de votre prochain album et quels seront les thèmes développés ?
Pour l’instant, j’ai prévu 20 titres. Et l’album, je le dédie à la jeunesse. J’y développe des thèmes tels que l’éducation, le civisme, c’est-à-dire comment un enfant doit se comporter pour mieux s’en sortir, entre autres. En effet, chaque enfant a besoin qu’on le motive et l’oriente.
Pourquoi avez-vous principalement choisi de dédier cet album à la jeunesse ?
Parce que je m’inquiète pour les jeunes. Ils ne sont pas motivés. Je peux dire que j’ai un peu pitié de la jeunesse, vu que quand j’étais jeune, quand j’avais leur âge, j’avais un métier. Où tu vas à l’école, ou tu appends un métier. Mais ils ne vont pas à l’école et ils ne s’efforcent pas d’avoir un métier. Comment pourront-ils avoir un avenir ? Ce n’est pas possible. Les jeunes ne font rien. C’est extraordinaire de voir des jeunes qui, du matin au soir, n’ont rien d’autre à faire à part rester à palabrer. Et cela, tous les jours. Donc il y a de quoi avoir peur. Par ailleurs, je parle aussi de leurs comportements, du civisme entre autres sujets, parce que les grands ne s’occupent plus des petits et c’est grave !
Un de vos enfants est un chanteur. Pensez-vous qu’il soit capable de porter ce ‘’lourd’’ héritage ?
Ce n’est pas une question d’héritage. Ils aiment la musique et je n’ai jamais poussé mes enfants à chanter ou à faire de la musique. J’ai deux de mes enfants qui sont musiciens : l’un est batteur, l’autre est chanteur. Donc c’est, disons, spontané. Ils ont adoré la musique naturellement et je ne vais pas les en empêcher. Mais heureusement pour moi, ils ne fument et ne boivent pas. Donc, j’en rends grâce à Dieu. ‘’Sànt Yàllà, AlhamdouliLah’’ (rires).
Comptez-vous réintégrer le Xalam, après le spectacle de votre anniversaire ?
On est toujours ensemble. Ils vivent en France et moi au Sénégal. Donc j’ai mon groupe aussi avec qui je tourne un peu partout. Mais à chaque fois qu’ils ont besoin de moi je me présente.
Pourquoi avez-vous choisi de célébrer votre anniversaire dans cet endroit ?
C’est normal, j’aime bien le Just 4U. Je travaille beaucoup ici. Toutefois, on a envie d’agrandir cela et le faire au Grand théâtre ou à Sorano, s’il plaît à Dieu. Je serai également dans toutes les localités du pays : Thiès, Kaolack, Mbour, Rufisque, Saint- Louis, Joal, Fatick, Bargny bref, partout. J’envisage aussi de fêter mon anniversaire en Gambie. Cela a toujours été comme cela, chaque année. Je le fête presque pendant toute l’année.
Êtes-vous de ceux qui disent que la retraite n’existe pas en musique ?
La retraite, je ne la connais pas. Tant que je marcherai, je parlerai, je chanterai…
AMINATA FAYE