La recherche et l’innovation laissées en rade, selon Dr Abdourahmane Diouf

La 3e édition de la Conférence économique internationale de Dakar (CEID) a été ouverte, hier, à l'Ucad. À cette occasion, le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Dr Abdourahmane Diouf, a déclaré que la recherche et l’innovation sont laissées en rade. Il a souligné la nécessité d’encourager les universitaires à en faire. Dans ce sens, il pense leur accorder un budget plus conséquent.
L'université Cheikh Anta Diop de Dakar, en collaboration avec celle de Mouhamed Vl Polytechnique du Maroc, a organisé, hier, la 3e Conférence économique internationale de Dakar (CEID) sous le thème "Transition énergétique et égalité des genres : catalyser le changement en Afrique par des politiques de développement inclusives". Venu présider la cérémonie d’ouverture, le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation a souligné la nécessité d'encourager et de promouvoir la recherche et l’innovation dans les temples du savoir, en leur accordant un budget plus conséquent pour ne pas se focaliser uniquement sur l'aspect enseignement.
En effet, Dr Abdourahmane Diouf regrette qu’on oublie souvent ces deux aspects, alors que, dit-il, c'est là où les pays comme le Sénégal et le Maroc doivent faire la différence. "Nous devons encourager la recherche (...) travailler à mettre nos professeurs dans d'excellentes conditions de recherche, en réglant les questions purement alimentaires, en aidant nos étudiants doctorants notamment à être dans d'excellentes conditions de recherche pour que notre travail, notre sacerdoce ne se limite pas seulement à la question d'enseignement", a insisté le ministre.
Aussi, a-t-il fait savoir, cela est valable pour la question de l'innovation. "Nous avons reçu des instructions claires pour faire du Sénégal un hub de l'innovation technologique dans tous les domaines. On ne peut pas faire de l'innovation sans les universités. On ne peut pas faire de l'innovation sans ceux qui se sont donné pour vocation de faire de notre pays un hub technologique", a-t-il indiqué.
Très optimiste, le Dr Diouf a ajouté : "Nous pensons, nous croyons et nous savons que c'est possible, avec vous, d'identifier des domaines technologiques à très haute valeur ajoutée, y investir pour que dans les prochaines années, nous puissions fabriquer nos propres ordinateurs, téléphones, voitures, entre autres."
La transition énergétique
Revenant sur la thématique de cette conférence, le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation a indiqué qu'elle cherche à promouvoir le transfert des savoirs et l'élaboration des politiques éclairées par des données probantes. Et c'est pourquoi, dit-il, elle réunit des chercheurs, des décideurs, des acteurs du secteur privé ainsi que les jeunes entrepreneurs.
D'après lui, cette rencontre internationale encourage également le volet scientifique en accordant une priorité à la participation de jeunes chercheurs, les doctorants en l'occurrence. Ces derniers, a-t-il ajouté, peuvent consolider leurs connaissances dans leur domaine de recherche et établir des collaborations au niveau national et international. Le Dr Abdourahmane Diouf est d'avis que l'Afrique peut compter sur sa jeunesse et ses chercheurs pour trouver des solutions adéquates à ces problèmes socioéconomiques en développant des espaces d'échanges et de renforcement des capacités entre des mondes académiques et professionnels.
Prenant part à la rencontre, le recteur de l'université Cheikh Anta Diop de Dakar a souligné que le défi des générations actuelles est de perpétuer le progrès dans le respect des équilibres environnementaux. Selon le Pr Amadou Aly Mbaye, la transition énergétique s'impose et repose sur des modifications culturelles majeures de la répartition des différentes sources d'énergie primaire utilisées dans l'économie afin de réduire, voire supprimer la part des énergies fossiles. Au-delà de la seule transition énergétique indispensable pour lutter contre les changements climatiques, a-t-il estimé, une tradition écologique est nécessaire pour limiter les pressions exercées par l'activité économique sur les ressources fossiles environnementales.
Dans la même veine, le recteur de l'Ucad a souligné la nécessité de repenser le modèle énergétique et celui de développement en général en Afrique de manière inclusive, durable et innovante, afin de garantir un accès équitable aux opportunités économiques. D'après lui, la transition énergétique s'avère cruciale non seulement pour assurer un approvisionnement énergétique durable, mais aussi pour introduire la dimension genre dans les politiques de développement.
Ainsi, il a indiqué que les politiques de développement en Afrique doivent évoluer pour refléter la réalité, diversifier des sociétés africaines où homme et femme jouent des rôles distincts, mais complémentaires.
Réunissant plus de 200 participants venus d'une vingtaine de pays d'Afrique, d'Europe, d'Amérique du Nord, cette conférence, soutient le recteur, se veut un événement catalyseur de tous les efforts des politiques publiques en vue d'assurer une transition énergétique juste. Après avoir soutenu que son département va appuyer cette dynamique, le Dr Abdourahmane Diouf a déclaré que le ministère qu'il dirige va consolider les acquis et entreprendre les réformes nécessaires pour renforcer la recherche scientifique et l'entrepreneuriat dans nos universités.
FATIMA ZAHRA DIALLO