Les candidats entre crainte et espoir
À quelques jours de l’examen du BFEM, les candidats sont en plein dans les révisions. Trouvés dans leurs établissements scolaires respectifs, des élèves en classe de 3e se prononcent sur leur état d’esprit. Si certains sont partagés entre confiance et angoisse, d’autres se disent dépassés par les cas de fraude enregistrés lors des épreuves du baccalauréat.
Sous le ciel nuageux de ce mardi 3 août, des petites gouttes de pluie arrosent encore la cour du collège Cardinal Hyacinthe Thiandoum. En cette période de vacances scolaires, un calme plat règne au sein de l’établissement. Dans les longs couloirs du premier étage, la plupart des salles de classe sont fermées. Les seules ouvertes sont destinées aux professeurs présents pour la correction des épreuves du baccalauréat.
Après quelques pas, des élèves en classe de 3e gravissent les escaliers, à la quête d’un endroit paisible pour réviser. Il s’agit de quatre candidats au BFEM venus faire les dernières retouches avant le lundi 9 août, jour de l’examen. Poignets posés sur le balcon, Mohamed Niang, 16 ans, a le regard fixé au ciel. Interrogé sur son état d’esprit en cette période préparation, l’élève au teint noir, à la tenue scolaire bleue et au masque bien ajusté, se dit gagné par la pression. ‘’Je passe tout mon temps à réviser. Mais je suis tout de même stressé. Parce qu’il y a quelques matières qui me posent des problèmes. À la maison aussi, les parents me mettent sans cesse la pression’’, affirme-t-il.
Plus décontracté que son camarade, Joseph Manga garde le sourire aux coins des lèvres. L’élève de 15 ans à la taille courte et au sac accroché au dos se dit, lui, confiant. ‘’Je m’exerce beaucoup en mathématiques, en physique-chimie et en SVT. Je ne ressens aucun stress. Je suis sûr de moi’’, soutient-il.
Non loin de là, au lycée Sergent Malamine Camara, l’ambiance est tout autre. Suite à la pluie matinale, des élèves font les cent pas pour réviser leurs leçons. D’autres sont cachés sous des arbres ou dans les couloirs des bâtiments pour mieux se concentrer, en face du premier bâtiment de l’établissement. Abritée sous une bâche, Diariyatou est en pleine discussion avec ses amies. Vêtue d’un t-shirt blanc, un voile bleu couvrant sa tête, la jeune candidate est à sa deuxième tentative, cette année.
Elle se dit, toutefois, sereine et confiante. ‘’Je révise mes leçons comme cela se doit. Une fois à la maison, je mange bien et je me repose. Puisque c’est ma deuxième tentative, je n’ai aucune pression. Je mets tout entre les mains de Dieu’’, dit-elle.
Malgré la détermination, Diariyatou reste consciente de ses lacunes dans certaines matières. Elle déclare : ‘’Je rencontre des difficultés au niveau des matières scientifiques, surtout les mathématiques. On a beau réviser, mais après chaque évaluation, on en ressort toujours avec une mauvaise note.’’
‘’Rien ne vaut la peine de perdre cinq années d’études...’’
À côté d’un arbre implanté dans le jardin du lycée en face du premier bâtiment, près d’une dizaine d'élèves-candidats occupent un banc à moitié imbibé par l’eau pluviale. L’examen de fin d’études moyennes est le thème de leur débat. Toutefois, ces potaches en classe d’examen ne sont pas indifférents à la centaine de cas de fraude enregistrés au baccalauréat, sur l’étendue du territoire national. Le dernier en date, l’étudiant démasqué samedi dernier au centre d’examen Mbang Makane Faye, alors qu’il s’est déguisé en femme pour composer pour sa petite-amie.
Un fait qui fait réagir Babacar Diop, 17 ans. Pour l’élève au blouson noir et au masque bleu au menton, ces actes sont à éviter à tout prix. Il déclare : ‘’Je trouve rabaissants les cas de fraude constatés au Bac. Pour moi, les élèves doivent avoir confiance en eux et éviter d’être pessimistes. Cela empêchera la présence des téléphones portables et la tricherie dans les centres d’examen.’’ Ainsi, conscient des risques de tomber dans le piège de la tricherie, Babacar Diop estime que la seule issue est de rester vigilant. ‘’Chacun, dit-il, y va de son état d’esprit. Il y a des élèves qui vont dans leur centre d’examen rien que pour tricher. Mais ceux-ci doivent savoir raison garder et se dire que rien ne vaut la peine de perdre quatre années d’études’’.
AMADOU MOCTAR NDIAYE, DIRECTEUR DES EXAMENS ET CONCOURS AU MINISTERE DE L’ÉDUCATION ‘’En plus des sanctions administratives, des sanctions pénales sont aussi prévues contre les tricheurs’’ Joint au téléphone, Amadou Moctar Ndiaye explique les mesures que compte mettre en place le ministère de l’Éducation nationale, pour éviter les cas de tricherie au cours de l’examen du BFEM. ‘’La fuite, c’est quand des élèves arrivent à être en possession des épreuves avant qu’on les administre. C’est ça qui relève de la responsabilité directe du ministère de l’Éducation et de la Direction des examens et concours que je dirige. La fraude, quant à elle, résulte d’un problème de comportement. Et dans ce cas, on donne des instructions aux présidents des jurys et aux chefs de centre avant l’administration de chaque matière. Les surveillants sont également tenus de veiller à leur application. Par exemple, il est formellement interdit d’avoir par-devers soi un téléphone, des tablettes ou tout matériel informatique intelligent. Il est même interdit que les surveillants répondent au téléphone dans la salle. Il est donc formellement interdit de tricher. Celui qui le fait, non seulement, il est exposé à des sanctions administratives, mais des sanctions pénales sont également envisagées. C’est valable pour l’ensemble des examens et concours que nous organisons.’’ |
Moustapha Diakhité (stagiaire)