Far Ltd torpille les plans de ConocoPhillips
ConocoPhillips a-t-il voulu vendre un mirage à l’Australien Woodside Petroleum Ltd en fanfaronnant une vente de ses parts de pétrole au Sénégal pour 430 millions de dollars US? Le débat est au centre des discussions des places pétrolières ce mardi, après que l'autre compagnie australienne, FAR Ltd, a enrayé la transaction en annonçant que ConocoPhillips ne peut rien vendre à Woodside Petroleum.
Il y a quelques mois, ConocoPhilips avait annoncé avoir conclu un accord pour vendre 35 pour cent de ses parts dans trois blocs exploratoires situés au large du Sénégal. Il s’agit de Rufisque Offshore, Sangomar Offshore et Sangomar Deep Offshore. ConocoPhilips faisait également savoir que la participation de Woodside Petrolium Ltd dans le contrat de partage de production avec le Sénégal va lui offrir la possibilité d’être opérateur dans cette zone pétrolifère qui inclut notamment les puits SNE et FAN, où des découvertes importantes ont été faites depuis 2014.
A la suite de cette annonce, ConocoPhillips est entré en contact avec son associé australien, FAR Ltd (ASX: FAR) pour évoquer son droit de préemption comme base légale de la vente annoncée de ses intérêts au Sénégal. C'est là que toute la situation s'est gâtée pour la société américaine basée à Houston. Car l'australien FAR Ltd a opposé un niet catégorique après avoir consulté ses experts et ses conseils juridiques.
Dans une déclaration publique faite hier, FAR Ltd soutient que ConocoPhillips n'a pas respecté les termes de l'accord d'exploitation conjoint relatif à la proposition de vente de ses intérêts dans le projet du Sénégal. Des clauses sur lesquelles on ne peut pas épiloguer pour l'instant, car tenues encore secrètes par les 2 parties. En conséquence, FAR ne veut rien entendre de la période de préemption évoquée par ConocoPhillips et le lui a fait savoir. La société australienne considère d'ailleurs que cette période n'a même pas commencé à plus forte raison d'être évoquée.
L’Etat joue aux sapeurs-pompiers
L'Etat du Sénégal, qui a été récemment interpellé par l’ancien premier ministre Abdoul Mbaye sur les contrats d'exploitation des gisements de pétrole et de gaz avec les firmes étrangères, est au courant de cette guerre larvée entre ConocoPhillips et FAR Ltd et tente de jouer aux sapeurs-pompiers. C'est ainsi que le gouvernement de Mahammed Boun Abdallah Dionne a conseillé aux deux parties (FAR et ConocoPhillips) de trouver rapidement une solution à l'amiable.
Il reste que cet appel reste sujet à des aléas non maîtrisés par l'Etat du Sénégal puisque ce contentieux tombe au mauvais moment, dans un contexte marqué par une nervosité ambiante du marché du pétrole. Si dans sa déclaration publique faite ce mardi, FAR Ltd a annoncé sa volonté de participer à la recherche d'une solution, la société australienne en a profité pour faire une précision en direction des places boursières et des investisseurs. "FAR Ltd espère pouvoir tenir le marché au courant lorsque le calendrier de préemption sera finalisé’’, informe l’Australienne. Une façon sans doute pour FAR de mettre la pression sur l'Etat du Sénégal qui a les moyens de tenir ConocoPhillips en respect dans l'intérêt de l'attractivité du secteur pétrolier encore dans ses débuts.
Déjà implanté au Sénégal, avec une part dans le bloc AGC Profond, situé à la frontière du Sénégal et de la Guinée Bissau, Woodside devra encore faire preuve de patience avant d'espérer détenir les parts les plus importantes, après le Britannique Cairn Energy Plc, dans le Rufisque Offshore, Sangomar Offshore et Sangomar Deep Offshore.
Pour rappel, FAR détient 15 pour cent des réserves et l'opérateur Cairn Energy 40 pour cent, tandis que le Gouvernement Sénégal détient 10 pour cent.
Quoi qu’il en soit, ce conflit entre FAR et ConocoPhillips ne manquera pas de doper les prétentions de ceux qui exigent de l'Etat du Sénégal la mise à la disposition du public des contenus des contrats en question.
Mame Talla Diaw