Publié le 28 Apr 2021 - 20:06
EXPLOITATION PETROLE ET GAZ - FEUX DE BROUSSE - EMPLOIS VERTS

Les chantiers d’Abdou Karim Sall

 

Le ministère de l’Environnement et du Développement durable, en atelier depuis hier, examine son rapport annuel 2020. Il va élaborer sa Lettre de politique sectorielle pour les cinq ans à venir.

 

Le Rapport de performance 2020 du ministère de l’Environnement et du Développement durable fait état d’un taux d’exécution de 64 % pour une mobilisation des ressources budgétaires à hauteur de 66 %. Une performance qui traduit un léger infléchissement par rapport à 2019, qui est à relativiser, selon le ministre, en raison du contexte particulier de la pandémie de Covid-19.

Hier, l’ensemble du département, en plus des partenaires au développement, a procédé à l’analyse des points faibles et des réussites de l’exercice 2020, en vue de la validation du document. Il servira de contribution à la Revue annuelle conjointe prévue en format Conseil présidentiel.

L’année 2020 a enregistré la décision historique du classement de neuf forêts dans quatre régions, le lancement de l’aménagement d’un parc forestier urbain (zone classée) sur le site de l’aéroport de Yoff, l’application de la loi pour lutter contre le péril plastique (189 sorties, la saisie de 70 tonnes de produits prohibés, incinération) ainsi que la validation de la Contribution déterminée au niveau national.

‘’La campagne de reboisement de 2020 a été un succès, parce que nous avons réussi à épuiser le stock disponible dans l’ensemble de nos pépinières et nous étions obligés, par moments, de recourir à des pépinières privées pour faire des acquisitions en termes de plants’’, ajoute Abdou Karim Sall.

Toujours dans le cadre du reverdissement durable et inclusif du territoire national, le chef de l’Etat avait demandé le recrutement de 600 agents sur trois ans, 2019-2020-2021. Cette année, la dernière tranche de 200 agents devrait être recrutée sous peu. En 2020, le département a effectué l’ouverture des pare-feu sur 1 833 km, plus de 19 845 ha de forêts ont été mis sous gestion durable. On note également la réalisation de 15 653 km de couvert végétal, contre 9 002 en 2019 et 4 179 ha de terres dégradées ont été restaurés.

Par ailleurs, la loi de finances 2020 s’élevait à 25 375 562 412 F CFA dont 56 % de ressources internes et 44 % de ressources externes. Cependant, des actes modificatifs au cours de l’exercice budgétaire dus à la Covid-19 l’ont réduite de 29 %. Selon le rapport, en fin d’exercice 2020, le budget réel tournait autour de 17 948 618 000 F CFA avec 84 % ressources internes et 16 % de ressources externes. Ce qui équivaut à une baisse de 2,8 % par rapport à l’année 2019.

Le bilan 2020 du secteur révèle, de l’avis des partenaires techniques et financiers, des progrès sur certains indicateurs tels que les superficies de terres régénérées et récupérées, le reboisement, l’aménagement des aires protégées... 

Toutefois, les attentes demeurent dans le cadre de la lutte contre les feux de brousse, le trafic du bois, le suivi des rejets industriels, la pollution au niveau des sites de récepteurs et la gestion des inondations récurrentes, ajoutent-ils.  Pour l’ensemble des acteurs, il est temps que les collectivités territoriales s’impliquent dans la gestion de l’environnement.

‘’10 000 emplois verts, dès le 1er mai’’

L’une des priorités du ministère, cette année, n’est autre que la lutte contre les feux de brousse qui sont passés de 384 cas en 2019, à 502 cas en 2020. Une situation qui s’explique par une année très pluvieuse correspondant à des stocks importants de matières sèches, mais aussi au manque de moyens des services des eaux et forêts. En termes de perspectives, 2021 connaîtra la première édition du Grand Prix du Président de la République pour le reboisement et la protection de l’environnement, doté d’une enveloppe de 30 millions de francs CFA.

‘’En ce qui concerne l’emploi des jeunes, un recrutement assez important est prévu, dans le domaine de la reforestation et du reboisement. Nous pouvons espérer jusqu’à 10 000 emplois ouverts qui vont démarrer au plus tard le 1er mai 2021. Nous sommes en train de travailler pour mettre en place la logistique nécessaire. Ce personnel se chargera de travailler dans les différentes pépinières que nous avons déjà à travers le pays. Mais nous allons faire en sorte que nous puissions ériger le plus rapidement possible de nouvelles pépinières dans toutes les régions du Sénégal, dans tous les départements, tous les arrondissements et éventuellement dans certaines grandes communes du Sénégal’’, explique le ministre.

Il indique que ‘’cette jeunesse va permettre d’atteindre l’objectif de reverdissement du territoire national, en mettant le focus sur les établissements scolaires, les axes routiers et autoroutiers. Pour l’année 2021, la campagne de reboisement sera d’envergure et ce sera l’occasion pour nous de matérialiser cet objectif du chef de l’Etat qui veut que le Sénégal soit vert dans les grandes villes, dans les villages, partout’’.

Prendre en charge les risques liés à l’exploitation du pétrole et du gaz

La rencontre avait aussi pour objectif l’élaboration de la Lettre de politique sectorielle (2016-2020) après le bilan d’exécution.

Selon le ministre Abdou Karim Sall, ‘’l’évolution du contexte national et des réalités internationales appelle nécessairement à l’internalisation des nouveaux paradigmes. La nouvelle Lettre de politique du secteur de l’environnement et du développement durable devra ainsi marquer sa différence, en mettant l’emphase sur les dynamiques et équilibres fondamentaux à établir entre : économie et environnement, - société et environnement, - sécurité et environnement, - emploi et environnement, - mobilité des populations et environnement’’.

Il précise que les problématiques liées à la découverte et à l’exploitation pétrolière et gazière devront être prises en compte, tout comme l’internalisation des nouvelles directives de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). 

Ainsi, tout en gardant sa transversalité, elle devra servir de cadre d’harmonisation pour une meilleure synergie et une efficacité des interventions au cours des cinq prochaines années.

L’autorité invite, à cet effet, les acteurs à mettre l’accent sur la restauration des forêts et le reverdissement du territoire national, à travers la lutte contre les feux de brousse, l’aménagement, le reboisement, la lutte contre la coupe illicite de bois, la conservation de la biodiversité et la prévention des maladies zoonotiques, ainsi que des risques liés à l’utilisation des biotechnologies modernes, la lutte contre les effets néfastes des changements climatiques, la lutte contre le péril plastique, les déchets biomédicaux et autres déchets dangereux.

La lettre devra, en outre, prendre en charge la question relative à la prévention des risques liés à l’exploitation du pétrole et du gaz. ‘’Aujourd’hui, plus que jamais, déclare le ministre, nous devons, dans la détermination de nos orientations stratégiques, accorder une attention toute particulière à la valorisation des services écosystémiques et à la création d’opportunités d’emplois verts dans une perspective de durabilité de relance de notre économie’’.

 La Lettre de politique environnementale a pour objectif général d’assurer une gestion rationnelle des ressources naturelles, dans une perspective d’émergence économique et sociale, selon trois axes : les effets des changements climatiques, l’impact des activités humaines (mines et carrières, pollution, aménagement) et l’impact de la crise sanitaire actuelle.

EMMANUELLA MARAME FAYE

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