Publié le 4 Apr 2021 - 02:15
EXPLOITATION PETROLIERE ET GAZIERE

Supdeco alerte sur le risque de catastrophes 

 

Dans un contexte d’exploitation du pétrole et du gaz, certains experts du secteur ont procédé, hier, à un partage d’expériences avec les étudiants de l’Ecole supérieure de commerce de Dakar (Supdeco).

 

Dans le cadre du Master Trading et logistique du pétrole, le groupe Supdeco a organisé, hier, une séance d’échanges entre les étudiants et certains experts du secteur, autour du thème ‘’Exploitation et aval pétrolier’’.  La filière est, selon ses responsables, la première en Afrique de l’Ouest francophone et existe dans l’établissement depuis 11 ans. Plusieurs profils s’y retrouvent, à savoir les étudiants issus de l’Institut supérieur des transports (une branche de Supdeco), des professionnels qui veulent se lancer dans les métiers du pétrole et du gaz, et des Sénégalais souhaitant avoir une promotion dans leur service.

‘’Les métiers du pétrole et du gaz sont une richesse et peuvent constituer une valeur ajoutée sur l’économie sénégalaise. Dans l’aval pétrolier, il y a une large gamme de métiers : plus de 500 métiers sont dénombrés dans l’amont comme dans l’aval. Donc, dans ce secteur, on n’a pas de problème d’insertion. Les jeunes arrivent à trouver de l’emploi ou même à entreprendre. Il y a beaucoup de services dans le domaine. Tout le monde ne sera pas trader, ni dans la logistique pétrolière. Supdeco avait anticipé sur la formation, dès qu’on a su qu’il y avait des découvertes. Avec le background qu’on a, on a compris qu’il fallait commencer à former’’, détaille le responsable du Master, Sidy Diop.

 La filière est actuellement à sa septième promotion et exige des connaissances solides dans les matières scientifiques.

L’utilisation du gaz pour une baisse de carbone et du coût de l’électricité

La rencontre a également été l’occasion de revenir sur le contexte des découvertes de pétrole et de gaz au Sénégal, qui a abouti à la restructuration de la Société des pétroles du Sénégal (Petrosen) qui, aujourd’hui, comprend Petrosen Holding (maison mère), une filiale dédiée à l’exploitation et à la production (Petrosen EP) et Petrosen Trading et service (l’aval des hydrocarbures).

Selon la Manager de Petrosen Trading et services, Gnagna Lam, ‘’il était important de restructurer Petrosen, car le gaz va être très important pour le secteur de l’énergie, dans la régénération de l’électricité et donc de la baisse du coût de l’électricité qui sera rendue possible par l’utilisation du gaz. La Senelec est en train de convertir ses centrales de fuel au gaz pour permettre d’avoir une empreinte carbone moins importante, mais aussi de baisser le coût de l’électricité et de valoriser ces ressources (pétrolières et gazières)’’. Par ailleurs, les chantiers en cours visent à augmenter les capacités de raffinage de la Société africaine de raffinage (Sar), la pétrochimie, la production d’engrais au niveau local. ‘’Ces projets de pétrochimie sont importants, ajoute Mme Lam, parce qu’ils permettent de renforcer le tissu industriel qui est un secteur qui va permettre de créer le plus d’emplois, surtout pour la jeunesse. Cette problématique étant absolue, c’était l’occasion de revenir sur cela, pour montrer comment Petrosen est en train d’évoluer pour embrasser les enjeux de l’exploitation pétrolière, mais surtout gazière’’.

Dans le cadre de la redistribution des revenus de l’exploitation pétrolière et gazière, Petrosen assure que l’Etat du Sénégal a débuté la réflexion depuis quelques années, en lançant une concertation nationale à travers le Cospetrogaz.  ‘’De cette réflexion sur la gestion des revenus tirés de l’exploitation du pétrole et du gaz, tout un travail de conception et de benchmarking au niveau international a été fait. Aujourd’hui, nous sommes au stade d’échanges avec les services spécialisés de l’Etat et des partenaires internationaux. Les ministères des Finances, de l’Economie et du Pétrole travaillent sur la redistribution des revenus. C’est une tâche assez difficile, car il faut prendre en compte les risques économiques et toutes les attentes sociales que les Sénégalais ont par rapport à ces ressources’’, fait-il savoir.

 Si le secteur cristallise les attentions, pour le directeur de l’IST, il ne faut pas omettre les questions de sécurité, vu les expériences récentes et même lointaines (catastrophes liées à un naufrage ou à l’éclatement d’un pétrolier).  ‘’J’aimerais attirer l’attention de tout un chacun : l’histoire a montré que les dégâts les plus catastrophiques viennent du secteur pétrolier. Les cas ne manquent pas. Le dernier n’est autre que l’incendie du puits de Ngadiaga. Je me demande si le Sénégal a une politique prenant en compte ces questions de catastrophe. 

Est-ce que nous sommes prêts ? Y a-t-il des techniques de sûreté et de sécurité, de protection de l’environnement et d’écologie mises en place ? Est-ce que Petrosen est prête ?’’, interroge Djibril Ly. L’explosion d’engins d’exploitation, alerte-t-il, risquerait de coûter cher au Sénégal, un pays en voie de développement. ‘’Dans ces cas-là, ce sont des milliards qui s’envolent, sans compter les dégâts écologiques. On va vers une richesse, mais une richesse qui pourrait découler sur des dégâts. Faisons attention. Au-delà de faire rêver ces jeunes-là, on doit sensibiliser les décideurs sur ces questions. Ce sont des sujets dont on ne parle pas’’, ajoute M. Ly. 

L’Etat doit, de son point de vue, avoir une politique claire liée à la gestion des catastrophes, et cette notion devrait être insérée dans les sessions de formation. De son côté, la société pétrolière Woodside assure qu’au Sénégal, le premier baril de pétrole verra le jour en 2023.

 E.M FAYE

 

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