Les armées de l’air se mettent au diapason
Le Forum international réunissant les armées de l’air africaines et leurs partenaires a été ouvert hier et pour 48 heures. La rencontre permettra de trouver des solutions pour faire face aux nouveaux défis sécuritaires qui secouent l'Afrique, selon le ministre des forces armées (MFA), Me Sidiki Kaba.
Le Forum international réunissant les armées de l’air africaines et leurs partenaires, organisé par l’armée de l’air du Sénégal, en partenariat avec la société Great Mind Events, a débuté hier. Venu présider cette rencontre, le ministre des Forces armées (MFA) du Sénégal a confié que cette manifestation vient à point nommé, car elle arrive dans un contexte marqué par un environnement géopolitique incertain, une insécurité grandissante et des défis de toutes sortes, en particulier sur le continent noir.
Pour Me Sidiki Kaba, certes, la conjoncture internationale leur rappelle la persistance du risque de belligérance conventionnelle. Cependant, la nature des menaces modernes et leur caractère asymétrique interpellent davantage les forces de défense et de sécurité.
En effet, poursuit-il, ‘’les armées sont de plus en plus confrontées à des crises internes violentes et des chocs exogènes qui sapent l’environnement sécuritaire des populations et compromettent notoirement toutes les initiatives de développement économique et social. Les causes sont multiples et les pistes de solution particulièrement longues, sinueuses et complexes. Elles nécessitent la mobilisation de toutes les forces vives, au premier rang desquelles les armées, dans leurs différentes composantes. Le thème choisi de cette année, qui est "Les armées de l’air africaines face aux conflits de basse intensité", pose la problématique de la place centrale que doit occuper l’aviation militaire dans les architectures nationales de défense en Afrique’’.
À ce sujet, renchérit-il, ‘’force est de constater que les armées de l’air dans le continent restent confrontées à de nombreuses turbulences liées aux ressources humaines, à l’équipement, à la maintenance et à la conduite d’un entrainement régulier et soutenu. Et leur emploi soulève également de nombreux défis doctrinaux. Face à ce constat, les acteurs politiques et opérationnels en matière de défense et de sécurité sont fortement interpellés quant à l’avenir de l’outil aérien dans la stratégie globale, pour répondre efficacement à la complexité des conflits modernes en Afrique. Au Sénégal, au-delà de ses missions traditionnelles de défense, l’armée de l’air est aujourd’hui le fer de lance d’un vaste projet de développement de l’aéronautique nationale qui a pour ambition de faire de notre pays un véritable et incontournable hub aérien, conformément à la vision du président de la République, chef suprême des armées’’.
Le ministre parle d’un programme d’investissements des armées qui nécessite la mutualisation des efforts et des objectifs de la compagnie aérienne nationale, de l’aéroport international Blaise Diagne, ainsi que de plusieurs autres partenaires nationaux et internationaux. Il renseigne que l’armée de l’air a considérablement étoffé sa flotte. Il s’y ajoute son centre de formation qui ‘’émerge aujourd’hui comme un pôle régional de formation dans les métiers de l’aviation".
Ainsi, Me Sidiki Kaba souligne que l’armée de l’air continue de renforcer ses capacités opérationnelles.
En outre, s’agissant des défis sécuritaires et de leur complexité, le ministre des Forces armées est d’avis que la réponse nationale ne suffit pas. À ses yeux, ‘’la coopération reste et demeure indispensable’’. Il ajoute : ‘’C’est en cela que ce forum trouve toute sa signification. En réunissant pendant deux jours des chefs d’État-major d’armée de l’air, des professionnels aux niveaux stratégiques et opératifs, des acteurs opérationnels, des experts industriels issus de pays d’Afrique, d’Europe et d’Amérique, poursuit-il, une belle et riche plateforme d’échanges sera créée par les participants’’.
Il espère que certaines questions fondamentales seront prises en compte dans la recherche de solutions. Notamment, dit-il, ‘’la compréhension de la nature des conflits de basse intensité, l’identification de capacités aériennes adaptées, la cohérence des plans d’équipement et du soutien technique à la flotte, l’interopérabilité et la mutualisation des capacités opérationnelles aériennes, des centres et moyens de formation au niveau régional’’.
"Mûrir la réflexion d'une utilisation plus efficiente de la puissance de l'arme aérienne"
À la suite du ministre, le chef d'État-major de l'armée de l'air a pris la parole pour insister ‘’sur la persistance de menaces asymétrique et des crises ouvertes qui se manifestent par le développement de la violence, aussi bien dans les centres urbains que dans les zones grises, peu ou mal contrôlées par les États’’.
Selon le général de brigade aérienne Papa Souleymane Sarr, l'examen de la cartographie de la conflictualité africaine laisse un tableau préoccupant. "Nous sommes tous conscients de la nécessité de nous préparer et de répondre ensemble à ces menaces qui n'épargnent aujourd'hui aucun de nos États. L'exercice qui va nous réunir pendant ces deux jours s'inscrit dans cette dynamique. En effet, l'armée de l'air sénégalaise a décidé de convier les sommités de l'aéronautique militaire et civile à travers ce forum qui porte sur l'aviation dans les conflits de basse intensité’’.
L’objectif de cette rencontre, renseigne le général Sarr, ‘’est de mûrir la réflexion d'une utilisation plus efficiente de la puissance de l'arme aérienne pour agir sur tout le spectre de la menace, surtout asymétrique, en tenant compte des changements de paradigme opérés dans les modes d'action asymétriques. Ces rencontres seront ainsi l'occasion de passer au crible nos déficits capacitaires, humains et matériels, afin de trouver des solutions innovantes et adaptées durant nos échanges dans les différentes activités qui seront menées durant ce forum’’.
Lors de ces deux jours de travaux, a ajouté le chef d’État-major, ils auront l'opportunité d'assister à une présentation d'une large gamme d'équipements aéronautiques de dernière génération, conçus par des industriels de référence mondiale.
En tout cas, il est d’avis que les conditions sont ainsi réunies pour trouver les solutions structurelles et matérielles qui permettront d'insuffler une nouvelle dynamique dans la montée en puissance de leurs armées de l'air, afin qu'elles soient plus décisives dans l'exécution de leur mission régalienne.
CHEIKH THIAM