FAIRE UN BON USAGE DE LA PROCHAINE VICTOIRE ELECTORALE !
Notre pays était classé par The Economist Group, comme un régime hybride, où les élections étaient régulièrement émaillées de fraudes électorales, où le gouvernement exerçait d’énormes pressions sur l’Opposition politique et les médias et où la Justice était inféodée au pouvoir politique. C’est pourquoi, le défunt régime APR avait toujours eu une conception bizarre de la compétition électorale.
UNE DEMOCRATIE ELECTORALE EN BERNE PENDANT 12 ANS
Ainsi, hormis les élections présidentielle et législatives tenues en 2012, qui satisfaisaient à des normes minimales de validité, on a eu droit à plusieurs actes assimilables à de la fraude électorale, le plus souvent en amont du scrutin, qu’il s’agisse des locales de 2014, du référendum de 2016 et surtout des législatives de 2017.
On avait également pu remarquer la propension du président Macky Sall et de sa coalition Benno Bokk Yakaar à évincer des joutes électorales, autant que faire se peut, sur des arguments souvent très fallacieux, les listes et candidats rivaux, qu’il s’agisse de la présidentielle de 2019, des territoriales de janvier 2022 ou des législatives de la même année. Cette série macabre a atteint son point d’orgue avec le putsch électoral du 3 février dernier, qui devait consacrer le report sine die de la présidentielle du 24 février 2024 !
Pour en revenir aux dernières législatives du 31 juillet 2022, elles avaient été marquées par un coup d’éclat sinistrement spectaculaire, unique dans les annales de l’Histoire, une forfaiture sans nom, consistant à éliminer de la compétition électorale la liste des titulaires de la principale coalition de l’Opposition.
DES SIGNAUX ENCOURAGEANTS DU NOUVEAU REGIME
Les prochaines législatives du 17 novembre prochain, quant à elles, diffèrent des précédentes, sur plusieurs points, en ce qu’elles sont anticipées, survenant après la dissolution, par les nouvelles autorités, de l’Assemblée Nationale.
Elles se caractérisent, en tout premier lieu par le fait que le ministre de l’Intérieur est apolitique, ne militant dans aucun parti, une vieille revendication de la classe politique, que Macky Sall a obstinément refusé de satisfaire (hormis la courte période où le général Pathé Seck a occupé la fonction).
Ensuite, sur 49 listes au départ, 41 ont finalement été retenues et cette performance n’est pas seulement due à l’absence de parrainage. Elle est d’abord, liée au fait, que le nouveau régime s’est abstenu de revoir le montant de la caution à la hausse, comme pouvait l’y inciter sa nouvelle position de détenteur du pouvoir d’Etat. Il y a aussi et surtout que la Direction Générale des Elections aura, contrairement à son attitude dans un passé récent (radiation du citoyen Sonko des listes électorales), davantage misé sur la pédagogie et la bienveillance, de manière à rendre la compétition la plus inclusive possible, permettant même la participation d’apprentis dictateurs fraîchement chassés du pouvoir.
La méthode originale de fundraising initiée par le PASTEF à Dakar Arena, de même que l’annonce de la non-utilisation des moyens de l’Etat dans la campagne électorale, constitue un parmi les multiples signes d’encouragement posés par le camp patriotique dans le cadre d’une approche vertueuse du financement des partis politiques, qui n’a évidemment pas retenu l’attention de l’Opposition « putschiste ».
Autre motif de satisfaction, l’effort des militants du PASTEF de recentrer la vie politique sur les contenus et débats programmatiques, d’une part, par la présentation de l’agenda et de la stratégie nationaux de développement et de l’autre par le traitement d’aspects programmatiques dans les manifestations électorales, y compris lors de meetings imposants.
UNE OPPOSITION AU PARCOURS DELINQUANTIEL
Il devient de plus en plus clair que l’exploit politique réalisé par le PASTEF, au soir du 24 mars dernier n’a pas clos le chapitre de la confrontation épique entre tenants du système néocolonial et le camp anti-impérialiste, au sein duquel, la jeunesse patriotique joue les premiers rôles.
En effet, on observe une animosité, à nulle autre pareille, entre les protagonistes de la scène politique, surtout ceux de l’Opposition, qui n’arrivent pas à rompre avec ces pratiques politiques perverses, remontant à la période coloniale, basés sur la soumission aux intérêts étrangers, la prédation, le clientélisme et la corruption politique.
Les différentes familles politiques (pseudo-socialiste, libérale…) ayant exercé le pouvoir jusque-là dans notre pays, sont traversées par un doute existentiel, depuis l’apparition sur la scène politique, de nouvelles forces politiques se réclamant du patriotisme ou du souverainisme.
Notre pays se trouve donc actuellement à la croisée des chemins, avec d’une part des forces ambitionnant de mettre en œuvre une démarche de rupture et de l’autre, l’ancienne élite occidentalisée et réactionnaire, qui cherche à pérenniser le vieux modèle pro-occidental agonisant.
Une issue heureuse à cette crise multidimensionnelle, que vit notre pays, depuis des décennies est rendue plus problématique, par le fait que les figures de proue du système déliquescent sont des délinquants à col blancs, prêts à tout pour défendre leurs butins illicitement acquis.
LE NOUVEAU REGIME INTERPELLE
Il est impossible de venir à bout de cette maffia pluri-décennale, qui a traversé tous les régimes depuis l’avènement de nos fausses indépendances, en usant des mêmes outils institutionnels.
C’est pour cette raison, que les nouvelles autorités donnent parfois l’impression de faire du sur-place, essuyant des critiques venant parfois – comble d’ironie - des caciques du système françafricain honni, de ne pas respecter leurs promesses électorales, dont la première serait une reddition des comptes en bonne et due forme. En réalité, ils feront tout ce qui est en leur pouvoir pour bloquer le processus de transformation systémique.
Le maintien du même mode de scrutin tant décrié, qui fait la part trop belle aux pouvoirs établis et fait du Parlement une caisse de résonnance de l’Exécutif ainsi que les difficultés extrêmes à contrecarrer la dynamique des Grands Electeurs plus connue sous le nom de transhumance ne sont que des illustrations de l’ampleur de la tâche, qui attend le camp patriotique.
De même, rien ne peut justifier le retard à bannir de la marche normale d’une nouvelle République à créer, cette idéologie carcérale dont sont adeptes les forces de défense et les magistrats, dans leur écrasante majorité.
S’il y a des erreurs, que le nouveau pouvoir PASTEF ne peut se permettre de laisser perdurer, ce sont bien celles d’échouer à réhabiliter la Justice de notre pays et à instaurer enfin un véritable Etat de droit.
C’est pourquoi, on ne peut qu’être saisi d’effroi, en voyant la légèreté avec laquelle, les militants de l’Opposition sont parfois traités par la Justice. La détention peut et doit, dès à présent, devenir l’exception et non la règle.
Les deux alternances politiques de 2000 et 2012 nous ont suffisamment édifié sur le fort degré d’enracinement de ces antivaleurs au sein du landerneau politique, à tel point que la nécessité d’une refondation institutionnelle, telle que théorisée par les Assises Nationales, a fini par s’imposer à toute personne douée de raison, soucieuse du devenir de notre Nation.
Il ne reste qu’à espérer que le camp patriotique fasse bon usage de la prochaine victoire électorale du PASTEF.
NIOXOR TINE