FOCAC 2022-2024
La feuille de route du président Sall
Co-président du Forum sur la coopération sino-africaine, Macky Sall a décliné ses priorités à l’horizon 2024, lors de la cérémonie d’ouverture, hier, de la 8e conférence ministérielle.
Pour le président de la République Macky Sall, il faudra accorder une attention particulière à cinq grandes priorités dans la coopération entre la Chine et l’Afrique d’ici à 2024. D’abord, c’est le renforcement de la souveraineté pharmaceutique et médicale, et la sécurité sanitaire. Selon lui, la pandémie a révélé des vulnérabilités communes à tous les pays, mais l’Afrique est le continent le moins préparé à faire face aux crises sanitaires. Ce qui s’explique par ses déficits criards en ressources humaines qualifiées dans les infrastructures de santé, la recherche médicale, la production de vaccins et de médicaments et l’accès aux soins. ‘’J’encourage vivement l’intensification des échanges sino-africains dans la formation des ressources humaines, la recherche médicale, la valorisation de nos médecines traditionnelles et l’investissement dans la production locale de médicaments et de vaccins’’.
Le deuxième levier sur lequel le président Sall compte pour donner une nouvelle trajectoire à la coopération entre l’Afrique et la Chine, c’est la modernisation de l’agriculture pour assurer la souveraineté alimentaire collective et faire de la transformation locale des produits agricoles un facteur d’émergence économique et de lutte contre le chômage et la pauvreté. ‘’Avec plus de 30 millions de km2, souligne le président Sall, plus d’un milliard d’habitants et d’importantes réserves hydriques, l’Afrique a le potentiel des ressources nécessaires pour assurer sa nourriture et contribuer à nourrir le monde’’.
Selon le chef de l’Etat sénégalais, il faudrait également renforcer davantage la formation technique et professionnelle, l’apprentissage des métiers et l’éclosion des talents dans le numérique pour soutenir l’emploi, l’auto-emploi et l’entreprenariat des jeunes. ‘’J’encourage vivement l’accélération du programme d’implantation des ateliers Luban en Afrique comme modalités pratiques de mise en œuvre de transfert de technologie et du savoir-faire chinois dans le cadre de nos partenariats’’, déclare-t-il.
En quatrième lieu, le président de la République préconise la continuation du formidable travail de réalisation d’infrastructures de base en Afrique. ‘’Dans le cadre des nouvelles routes de la soie, dit-il, du programme de développement des infrastructures en Afrique et de la Zlecaf, un large potentiel s’offre à notre partenariat en matière de projets d’infrastructures structurantes’’.
Pour le président Sall, il faut également accélérer la collaboration pour le développement des capacités industrielles africaines, afin que le continent produise plus et réponde mieux aux standards qui facilitent l’accès de ses produits aux marchés chinois et mondial. A l’en croire, c’est à la fois un besoin de solidarité et une nécessité de coopération gagnant-gagnant.
‘’En effet, l’industrialisation de l’Afrique et son intégration aux chaines de valeur mondiale offrent à tous nos partenaires de nouvelles opportunités d’approvisionnement face à une demande mondiale toujours croissante, des pénuries de plus en plus fréquentes et des hausses de prix souvent imprévisibles. En outre, un meilleur accès des produits africains aux plateformes chinoises contribuerait à l’augmentation du volume de nos échanges communs dans l’intérêt des deux parties, si l’on sait que la Chine et l’Afrique comptent ensemble plus de 2,5 mds d’habitants’’.
Sur un autre registre, le président de la République s’est réjoui du soutien de la Chine pour l’émission de 650 milliards de droits de tirages spéciaux. Aussi, souhaite-t-il une réallocation par l’Empire du milieu de ses DTS à l’Afrique.
Au-delà de la coopération officielle, Macky Sall estime que l’Afrique et la Chine pourront tirer davantage partie de leur complémentarité en matière de délocalisation industrielle.
En conséquence, il encourage les entreprises chinoises à poser un regard plus confiant et plus optimiste sur l’investissement en Afrique. Pour lui, la force de la coopération sino-africaine, c’est d’être basée sur la solidarité, la confiance et le respect. ‘’C’est là que réside la force de notre coopération. Et c’est cette force qui doit continuer à porter notre vision et nos ambitions pour le futur, afin de renforcer le partenariat sino-africain et promouvoir le développement durable, pour bâtir une communauté d’avenirs partagés Chine-Afrique dans la nouvelle ère’’.
La 8e Conférence ministérielle du Focac, ouverte hier à Dakar sous la présence effective de plusieurs chefs d’Etat africains dont les présidents sud-africain, congolais (RDC), comorien et leur homologue chinois Xi Jinping, se poursuit aujourd’hui au Centre international de conférences Abdou Diouf de Diamniadio. Il est inscrit sous le thème ‘’Approfondir le partenariat sino-africaine et promouvoir le développement durable pour bâtir une communauté d’avenir partagé Chine-Afrique, dans la nouvelle ère’’.
GAZ EN AFRIQUE ET AU SENEGAL
La grande inquiétude de Macky Sall
Sur la question du gaz, le président de la République, Macky Sall, semble seul dans sa croisade contre l’arrêt des financements des projets gaziers. Hier encore, il a réitéré son désaccord, devant les présidents chinois, égyptien, sud-africain, entre autres. Lesquels semblaient, quant à eux, avoir d’autres priorités.
Macky Sall tient à son gaz. Il ne rate plus aucun grand rendez-vous pour poser le débat, appeler les grandes puissances à ne pas mettre en application, dans le court et moyen terme, leurs décisions d’arrêter les financements pour le développement des projets gaziers.
Après son cri du cœur lors de la dernière Assemblée générale des Nations Unies, renouvelé à l’audience qu’il a accordée récemment au secrétaire d’Etat américain, le président de la République sénégalais a remis ça, hier, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture de la 8e Conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine (Focac). Il peste : ‘’Quelques jours après la clôture de la Cop26, je dois également attirer l’attention de notre forum sur l’engagement pris par certains pays d’arrêter les financements à l’étranger des énergies fossiles, y compris la filière gaz, alors même que d’autres sources d’énergie plus polluantes continuent…’’
A en croire le président Macky Sall, cette décision prendrait les allures d’une politique de deux poids, deux mesures, car pendant que le gaz est indésirable, des énergies plus polluantes continuent d’être développées. Il ajoute : ‘’Au moment où plusieurs pays africains s’apprêtent à exploiter leurs importantes ressources gazières, l’arrêt des financements de la filière, sous prétexte que le gaz est une énergie fossile, sans tenir compte du fait qu’il est aussi et surtout une énergie propre, porterait un coup fatal à nos efforts d’émergence.’’
Bloquer la filière gazière, selon le co-président du Focac, c’est ajouter une grande injustice économique à l’injustice climatique que l’Afrique subit plus que tous les autres continents. Et d’insister : ‘’J’appelle tous nos pays à œuvrer ensemble pour le maintien des mécanismes de financement du gaz comme énergie de transition.’’
Mais pourquoi ces plaidoyers répétitifs et inlassables du président Sall sur la scène internationale, après la signature de l’accord de Paris ? Y a-t-il des menaces sur le développement du projet GTA, en phase de finalisation ?
Directeur de la Communication et des Relations publiques de Petrosen, Bachir Dramé relativise : ‘’En réalité, ce qu’il faut aussi préciser, c’est que le président de la République parle surtout au nom de l’Afrique. Le Sénégal n’est pas immédiatement concerné par ces mesures. Nos projets de financement sont bouclés ; nous sommes en phase de développement. Mais c’est dans le futur. Et le président de la République plaide plus pour l’Afrique que pour le Sénégal, car le continent regorge de ressources inestimables.’’
Pour l’expert pétrolier, l’Afrique fonde beaucoup d’espoir sur les énergies fossiles, particulièrement le gaz. ‘’Les pays développés se sont industrialisés grâce à ces énergies. Nous, nous sommes en plein dans le processus d’industrialisation de nos pays. Il est tout à fait légitime de vouloir exploiter nos ressources, d’en tirer le maximum de revenus, pour pouvoir accélérer l’émergence de nos pays’’, a-t-il justifié.
QUESTION TAIWANAISE Le Sénégal soutient ‘’sans réserve la Chine’’
Au moment où le monde se divise autour de la question taiwanaise, le Sénégal n’a pas mis du temps pour prendre fait et cause pour le géant d’Asie. Revenant sur le cinquantième anniversaire du ‘’rétablissement’’ de la République populaire de Chine dans ses droits de membre des Nations Unies, le président de la République Macky Sall déclare : ‘’J’adresse mes félicitations au président Xi et au peuple chinois ami, et redis notre attachement sans réserve au principe d’une seule Chine.’’ Une déclaration de soutien qui survient dans un contexte où la question taiwanaise semble replonger l’humanité dans une ambiance de Guerre froide.
Outre le président Sall, le président de l’Union des Comores s’est aussi montré sans réserve dans son soutien à la Chine, dans le conflit qui l’oppose à Taiwan et aux autres pays occidentaux. Il a déclaré : ‘’Nos pays doivent continuer de travailler ensemble dans le sens de la mise en œuvre des réformes du Conseil de sécurité des Nations Unies. C’est, en effet, par le biais de ces réformes que l’Afrique aura enfin la possibilité de jouer le rôle qui revient de droit dans cette organisation et agir plus activement, de concert avec la Chine, pour plus de paix dans le monde et surtout pour que la Chine retrouve son unité territoriale, avec la réintégration de Taiwan.’’
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MOR AMAR
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