La France s’endort sur le Canada
Le dernier match de préparation de l’équipe de France avant l’Euro, logiquement relégué au second plan dans l’Hexagone ce dimanche soir, aura accouché d’une souris (0-0). Des Bleus sans idées, qui peuvent maintenant se tourner vers l’Autriche pour lancer leur mission.
Ce n’était pas le match le plus important du mois qui se jouait à Bordeaux, ce dimanche soir, et ce France-Canada ne restera pas dans les mémoires ni dans l’histoire des Bleus. Il aura même été relégué au second plan avant même son coup d’envoi, face à l’actualité politique et l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, provoquant la diffusion en différé de la rencontre sur TF1. Une drôle de soirée, même si l’adjectif n’est sans doute pas le bon, conclue par un 0-0 sans saveur. On repassera pour les certitudes et le spectacle à huit jours du premier match qui comptera vraiment, celui face à l’Autriche.
Il régnait en tout cas un parfum estival, celui des grandes compétitions qui approchent sur le chemin du Matmut Atlantique, dont le public était sûrement motivé à l’idée de se remettre à vibrer pour du foot après une saison sans saveur des Girondins. Il y avait donc des sourires, des familles, des copains et une forêt de drapeaux bleu blanc rouge, ceux qui n’appartiennent pas au Rassemblement national, ceux qui n’ont pas de couleur politique, pour accompagner les Bleus vers leur mission en Allemagne. « On n’y va pas à 25, mais à 68 millions », pouvait-on lire sur le tifo déployé par les supporters, qui ont acclamé les enfants du coin, Jules Koundé et Aurélien Tchouaméni, mais aussi Olivier Giroud, capitaine d’un soir pour sa dernière en Bleu dans l’Hexagone. Il y a eu de la vie et du rythme pendant 20 minutes de domination française, mais Maxime Crépeau a fait barrage devant N’Golo Kanté, repoussant aussi sur la barre un tir de Marcus Thuram, bien servi par Antoine Griezmann. Cette entame annonçait presque une rencontre à sens unique, mais les Canadiens ont remonté leur bloc et les Tricolores ont éteint la lumière.
Des Bleus en mode abstention
Les hommes de Didier Deschamps ont ainsi bouclé la première période en étant derrière le Canada à la possession (45%) et avec une cinquantaine de passes de moins que leur adversaire nord-américain. Sans non plus qu’ils ne soient trop inquiétés défensivement, même s’il a fallu une bonne intervention de Koundé dans les pieds d’Alphonso Davies dans la surface et qu’Ismael Koné a fait parcourir un petit frisson dans les travées en tirant à côté. Les percussions de Theo Hernandez et Ousmane Dembélé sur leurs côtés respectifs ont eu le mérite d’exister, mais elles ont rarement donné grand-chose. Pas géniaux dans le jeu, les Bleus ne l’ont pas été non plus sur coups de pied arrêtés, à l’image d’une tête mal redressée par Dayot Upamecano, par exemple. Puisqu’il est toujours question de se rassurer dans ces matchs de préparation, la France n’aura pas vraiment réussi à le faire, même par intermittence. Elle a trop peu maîtrisé son sujet, ne passant pas loin de passer derrière au score sur un pétard de Liam Millar qui a fracassé la barre après l’entracte.
Le public bordelais a pu évacuer sa frustration en offrant une dernière ovation à Giroud, qui a manqué deux opportunités, dont une reprise difficile, avant d’être remplacé par Bradley Barcola et de laisser son brassard à Griezmann. Les hommes ont changé, pas les difficultés françaises, symbolisées par la prise de confiance des Canadiens, pourtant balayés par les Pays-Bas trois jours plus tôt. Et même Kylian Mbappé, lancé dans le bain pour le dernier quart d’heure, n’a pas réussi à réveiller la bande. L’attaquant a pris sa chance une fois de loin et a tiré sur Crépeau dans le temps additionnel, peu de temps après avoir vu Randal Kolo Muani manquer une tête qui semblait plus difficile à ne pas cadrer que l’inverse. Les plus beaux gestes étaient finalement défensifs, ce dimanche soir, William Saliba se distinguant en fin de partie en devançant Osorio pour sauver la patrie et permettre aux Bleus de Deschamps de conserver leur invincibilité anecdotique dans les matchs de préparation avant un grand tournoi. En Allemagne, ils devront raconter une autre histoire.
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