Y a-t-il eu erreur de casting ?
Des régions entières, de surcroit périphériques avec d’importantes dotations de facteurs en ressources minières, hydriques, forestières et agropastorales, ne sont effectivement pas prises en considération dans la formation du nouveau gouvernement par une représentation de leurs ressortissants. En plus du fait que ces dites régions concentrent plus du tiers du territoire national (Tambacounda, Sédhiou, Kolda, Kédougou) pouvant faire de cette partie Sud-est la sève nourricière du pays, l’utilisation des avantages comparatifs que regorge cette vaste étendue cadre parfaitement avec les objectifs d’un développement national réel, intégré et harmonieux du Sénégal.
En effet, le développement véritable, endogène et auto-entretenu, trouve ses fondements dans la spécialisation de zones suivant l’importance des potentiels économiques, lequel développement connaîtra sur son chemin des facteurs bloquants si la donnée politique du dosage administratif local n’est pas prise en compte dans les modes de gouvernance. Il est quand même surprenant de constater, sur les premiers actes majeurs de gouvernance (…) que les tenants actuels du pouvoir ont mis entre parenthèses certains facteurs objectifs fondamentaux à la base de l’intégration politique nationale au niveau le plus élevé de l’Etat, nous ne savons pour quel motif supérieur.
Un régionalisme positif
En tout état de cause, pour la première fois dans les annales politiques de l’histoire du Sénégal, des régions entières sont snobées dans la formation d’un gouvernement, au point que le sentiment d’appartenance commune à la même nation reçoit, par cette exclusion, un sacré coup de boutoir, en admettant que l’intégration culturelle et économique des régions périphériques et leur désenclavement constituent les cordons ombilicaux de l’unité nationale et de l’émergence.
Dans nos pays balkanisés où l’unité nationale demeure encore fragile, en dépit de plus d’un demi-siècle d’indépendance, il est toujours impératif de tenir compte de la donnée régionale afin de favoriser le rapprochement culturel et économique des entités homogènes. Le régionalisme positif résultant de l’expression des diversités culturelles et économiques, aux antipodes du tribalisme, peut bien être un puissant levier d’intégration et de développement et demeure toujours d’actualité.
Nous ne pouvons pas ignorer qu’une rébellion existe toujours au Sénégal et que d’autres, similaires, se développent à nos portes avec les irrédentismes au Mali, au Niger, au Nigeria et au Sahara Espagnol, en plus d’une complexification due à l’implication de la donnée de l’extrémisme islamiste. C’est dire que les frustrations, nées du sentiment d’exclusion d’entités régionales dans les structures gouvernementales, doivent être évitées au moyen de l’intégration des entités homogènes à l’intérieur des frontières héritées de la colonisation et de la promotion de l’intégration entre nos Etats pour tuer dans l’œuf les conflits inter-étatiques et faciliter la libre circulation des biens et personnes dans notre sous-région.
Rébellion
Il est vrai que le président Macky Sall, lors de la campagne électorale, avait promis la réduction du nombre de ministres de cinquante deux à vingt cinq indicativement, soit presque du double au simple. Toutefois, au cas où on aurait tenu compte de la création de nouvelles régions et de l’accroissement démographique qui est passé très vite de huit millions d’âmes à plus de quatorze millions en seulement une décade, le nombre de trente avec au moins un ministre par région serait acceptable, en ce que la réduction du nombre de ministres de cinquante deux à trente reste considérable. Surtout si l’on sait que celle-ci n’affecterait pas trop le train de vie dispendieux de l’Etat et, qu’en l’espèce, le respect des normes serait sauvegardé tout en incluant le dosage politique régional, autrement, plus stratégique.
Kadialy Gassama, Economiste
Rue Faidherbe X Pierre Verger
Rufisque