La reine du 100 m papillon en Afrique
Double championne d’Afrique dans cette discipline, Oumy Diop (20 ans) est l’un des grands espoirs du Sénégal aux Jeux olympiques. Étudiante, elle compte déjà dans son escarcelle plusieurs titres et vise encore plus haut.
C’est l’une des étoiles montantes de l’athlétisme sénégalais, l’exemple parfait que sport et études riment bien ensemble. Étudiante en sciences juridiques, Oumy est depuis quelques années le nouveau porte-étendard de la natation au Sénégal. Elle qui vient à peine d’avoir 20 ans et qui va participer à ses premiers Jeux olympiques. Au média sportif ‘’Taggat’’ qui a récemment fait une immersion dans son univers, elle confiait ses ambitions pour cette grande première.
‘’Mon principal but sera de faire un nouveau record national au 100 m papillon et essayer d’emmagasiner le plus d’expérience possible. Je vais être avec les meilleurs mondiaux et ça va me permettre de me bonifier, de voir ce qui se fait de mieux’’, disait-elle modestement.
Depuis qu’elle s’est engagée sous les couleurs nationales, la Sénégalaise née en France en 2003 n’arrête pas de faire sensation dans les différents bassins africains. À son actif, elle compte déjà quatre records nationaux : 100 m papillon, 50 m papillon, 100 m nage libre et 50 m dos. L’année 2024 aura été pour elle une année de consécration. En plus de sa qualification historique aux JO, elle a décroché plusieurs fois l’or.
Aux derniers championnats d’Afrique de Luanda, la jeune nageuse a surclassé celles qui étaient jusque-là présentées comme les reines de la discipline dans le continent, à savoir les Égyptiennes et les Sud-Africaines. Médaillée d'or sur 100 m papillon, elle a aussi décroché la médaille d'argent sur 50 m papillon et le bronze sur 100 m nage libre et sur 50 m dos.
Depuis, l’étudiante est devenue la reine de la natation sénégalaise, celle en qui le pays place beaucoup d’espoir à l’avenir. La tête sur les épaules, Oumy Diop sait que la tâche s’avère ardue. Si pour Paris elle espère faire mieux qu’à Luanda, surtout sur 100 m papillon où elle semble plus performante, elle se projette déjà sur San Francisco et croit fortement en ses chances. Mais pour y arriver, il faudrait encore plus de soutien et elle le disait clairement à ‘’Taggat’’. ‘’Nous sommes des athlètes ; ça fait du bien de se sentir soutenus par notre peuple. Nous les remercions vivement pour ce soutien. Pour les organisations, publiques comme privées, nous attendons qu’elles nous accompagnent en termes de sponsoring. Si vous voulez m’aider pour finir ces Olympiades ou bien pour les prochaines en 2028, je suis là’’, lance-t-elle l’air très jovial.
Toute petite, Oumy a eu le gout de la natation. Le chemin était certes périlleux, mais il était hors de question pour elle de lâcher prise. Entre les exigences du sport, des études et les emplois du temps chargé, il a fallu faire preuve de beaucoup de détermination pour devenir cette championne qui procure beaucoup de fierté au Sénégal. Par exemple, se lever à ‘’4 h, nager quatre fois par jour… Ça te prend énormément de temps, ça te prend aussi de l’énergie. C’était compliqué au début. Au lycée, je n’avais pas forcément les meilleurs emplois du temps, mais on a réussi à avoir quelques arrangements pour que je puisse nager matin et soir’’, se souvient-elle.
Née en France, la nageuse s’est très tôt imprégnée des valeurs du Sénégal, grâce à sa maman. À peine quelques mois, cette dernière l’a emmenée sur les terres de ses aïeuls pour qu’elle puisse s’abreuver à la source de ses origines. Aussi, disait-elle fièrement à ‘’Dsport’’ : ‘’Man wolof laa nàmp (le wolof est ma langue maternelle) ; ma mère me parlait tout le temps en wolof. Je me rappelle très bien ma première visite alors que j’avais juste quelques mois. Je dois aussi dire que j’ai eu la nationalité sénégalaise avant celle de la France. Je me sens donc profondément ancrée dans mes racines.’’
À 20 ans, la nageuse a déjà une carrière assez bien remplie. Championne d’Afrique en 2024 (Luanda) et en 2021 (Accra) sur 100 m papillon, elle a plusieurs fois décroché l’argent et le bronze. Si elle rivalise aujourd’hui avec les nageuses africaines de classe mondiale, Oumy surplombe la Zone 2, devançant de très loin ses concurrentes nigérianes avec 18 médailles, dont 13 en or, contribuant ainsi largement à la consolidation du leadership du Sénégal dans cette partie du continent.
Malgré les nombreuses satisfactions, la championne sénégalaise est souvent confrontée, à l’image de tous les autres représentants du Sénégal en dehors des footballeurs, aux dures conditions de vie, notamment lors des compétitions africaines. Par exemple, à Luanda, interpellée sur les conditions, elle racontait avec un peu de gêne, mais beaucoup de franchise : ‘’Ça, c’est compliqué. C’est très, très, très compliqué. Tout à l’heure, par exemple, Steven (son collègue en équipe nationale de natation) était dans ma chambre pour laver ses affaires et l’eau était de couleur marron. Même pour brosser mes dents, j’utilise l’eau qu’on nous donne pour boire. À la cantine également, pour manger, tu es en rang pendant une heure. Parfois, on a même mal aux reins. C’est horrible. Mais on s’adapte, on n’a pas le choix.’’
La championne sénégalaise sera très attendue. Ce serait déjà une autre prouesse de battre à nouveau le record du Sénégal dans la discipline et pourquoi pas se qualifier en finale.