Publié le 22 Jul 2024 - 17:03

METTRE FIN A L’HECATOMBE SUR NOS ROUTES ?

 

Les assises du secteur des transports sont prévues au mois de septembre pour réformer ou essayer de trouver des solutions durables aux nombreux problèmes du secteur. Dans cette perspective, le Ministre des Infrastructures et des transports terrestres et aériens compte mettre l’accent sur l’ importance d’élaborer des stratégies qui non seulement répondent aux besoins présents relevant du secteur mais aussi et surtout, qui préparent également nos systèmes de transport pour les générations futures.

Beaucoup de rencontres ont eu lieu dans le passé ciblant les mêmes objectifs mais jusqu’à present le mal demeure parce que des actions hardies ont tardé à se mettre en place après ces rencontres. Il faut donc espérer qu’à l’issue de ces assises,  les actions seront plus éloquentes que les mots car une action est fortement corrélée à ce que l’on veut et à ce que l’on croit être la bonne décision.

Les problèmes dans le secteur des transports terrestres sont connus de tout le monde. Ils ont pour noms:

- des cars rapides avec quatre apprentis sur les marchepieds et leur slip dehors avec  des tenues inacceptables dans un véhicule de transport en commun,

- les motos qui circulent n’importe comment sans numéro d’immatriculation ni casque de protection et faisant montre d’une indiscipline caractérisée leur permettant parfois de pousser du pied en pleine circulation un camarade dont la moto refuse de démarrer. Pourtant, la solution ici est très simple . Leur attribuer un numéro et un casque ne nécessite rien d’autre que de mettre un élément de police à chaque carrefour, un agent du service des mines pour l’attribution d’un numéro et quelqu’un pour fixer le numéro sur la moto, ensuite un casque lui sera remis. A l’issue, le coût de l’opération lui sera communiqué et il passera pour le règlement s’il ne peut pas le faire sur place. Son numéro de téléphone sera avec les agents de police et si l’autorité estime qu’il leur faut un permis, ils seront facilement convoqués pour répondre à cette exigence,  

- les véhicules hippomobiles qui n’ont vraiment plus leur place dans la circulation. Des tricycles peuvent facilement les remplacer suivant  la même procédure utilisée avec les motos,

- la majorité des sénégalais ne respecte pas les règles établies  et l’impunité tend à se généraliser,

- les usagers qui circulent sans permis, sans assurance, qui grillent les feux de signalisation ou qui empruntent sans gêne les sens interdits clairement indiqués posent des cas d’indiscipline notoire allongeant la liste des cas de défiance aux lois et règlements établis.

- toutes nos routes de sont pas dotées d’accotement pour servir souvent  de voie d’arrêt d’urgence.  En règle générale, l’accotement n’est pas destiné à la circulation en mouvement. Nous en disposons sur l’autoroute à péage mais pas sur les autres routes.

- l’absence des aires de repos sur les longues distances reste une préoccupation majeure,

La liste des problèmes est loin d’être exhaustive. Elle n’a donné que les éléments qui accentuent le plus les risques d’accident.

D’après les chiffres 2021 de l'ONG Partners West Africa (PWA), basée à Dakar et spécialisée notamment en matière de développement, les accidents de la route occasionnent en moyenne 550 décès par an au Sénégal sur une population de plus de 17 millions d'habitants. Nous enregistrons chaque jour des accidents de plus en plus spectaculaires. La course des deux jeunes chauffeurs sur le pont de Pikine en est une parfaite illustration.

Par définition, un accident est un  événement inattendu, généralement de nature soudaine et associé à des blessures, des pertes ou des dommages. Les accidents sont une caractéristique commune de l’expérience humaine et entraînent chaque année des blessures ou une invalidité permanente pour un grand nombre de personnes dans le monde.

La cause la plus fréquente des accidents de la route est la vitesse. La vitesse plus élevée augmente les risques d’accident et les conséquences sont dévastatrices. Les  accidents entraînent souvent des blessures physiques, des invalidités, des pertes de vie et des dommages matériels, ainsi que des coûts financiers importants. Malgré de nombreuses tentatives pour prévenir ces accidents, ils continuent de se produire quotidiennement. La conduite imprudente, les infractions au code de la route, le nombre insuffisant de policiers de la circulation, l’absence ou l’insuffisance d’ équipements tels que les radars et caméras de surveillance, les dépassements défectueux , les routes endommagées et étroites, le défaut d’éclairage, l’utilisation du téléphone portable au volant, les conducteurs non formés et le manque de permis sont parmi les principales causes d’accidents de la route.

Certes, des mesures dissuasives existent mais leur mise en œuvre rencontre d’innombrables difficultés liées à des considérations politiques, religieuses et parentales. Pourtant, des outils et des mécanismes juridiques existent et doivent être utilisés pour une meilleure prise en compte de cette problématique car le mal persiste et prend de plus en plus d’ampleur.

Les effets des accidents  sont à la fois massifs et déchirants, car une petite erreur peut avoir des conséquences incommensurables en termes de blessures et d’invalidité:

- Les blessures non mortelles peuvent aller de mineures à graves, entraînant une invalidité temporaire ou permanente, ce qui a une incidence sur la qualité de vie et la stabilité financière.

- L’impact psychologique : Les survivants peuvent souffrir de trouble de stress post-traumatique , d’anxiété et de dépression. La perte d’êtres chers est une tragédie permanente et indescriptible que beaucoup de gens vivent à chaque accident mortel. Les piétons sont particulièrement vulnérables, car ils sont souvent heurtés par des véhicules lorsqu’ils traversent la rue. 

Les accidents enregistrés maintenant au quotidien montrent à suffisance que la douloureuse expérience du Joola n’a pas encore sonné le réveil chez certains sénégalais. La sensibilisation commencée depuis très longtemps doit certes continuer mais elle doit aussi et surtout être soutenue par des mesures coercitives qui touchent désormais au porte-monnaie des contrevenants. En effet, les amendes doivent être fortes et  accompagnées d’arrestations avec des cours d’éducation comme cela se fait sous d’autres cieux pour mettre fin au désordre qui n’a que trop duré.

Tout le monde aspire à un changement qui doit intervenir dans le bon sens. Nous devons à tous prix prévenir les accidents de la route pour réduire le taux de mortalité. Chaque année, nous perdons des êtres chers dans des accidents de la route. Les enfants doivent être éduqués dès leur plus jeune âge au code de la route et à la réanimation cardio-respiratoire. Il faut leur enseigner la valeur de la vie et comment ils peuvent la sauvegarder. De plus, le gouvernement doit adopter des lois plus strictes pour les personnes qui ne respectent pas le code de la route. Ils doivent infliger de lourdes amendes ou prendre des mesures strictes lorsque ces personnes sont reconnues coupables d’avoir enfreint ces lois, quel que soit leur statut. Il sera simplement question d’appliquer la loi dans sa plus profonde rigueur.

Un facteur important qu’il faut absolument prendre en compte est le phénomène de la corruption. Il doit être abordé sans état d’âme. La corruption est une forme de comportement malhonnête qui a un impact important sur tout le monde. Elle se produit lorsqu’une entité chargée de la loi abuse de sa position de pouvoir à son propre avantage. La corruption peut prendre de nombreuses formes, notamment les pots-de-vin, le double jeu et la fraude par des particuliers, des entreprises et même des membres d’un gouvernement. Elle est aussi définie comme l’abus de pouvoir confié à des fins privées. La corruption érode la confiance, affaiblit la démocratie, entrave le développement économique et exacerbe encore les inégalités, la pauvreté, la division sociale et la crise environnementale. Cependant, son combat ne sera pas une promenade au parc ; mais face à une cause noble l’engagement devient une obligation pour nous tous. Le  combat ne sera pas seulement long mais hargneux et soutenu parce que quand celui qui doit pousser les gens au respect des lois et règlements ne les respecte pas lui-même,  un sérieux problème se posera. L’Etat doit donc dans toute sa puissance être garant de l’application exclusive des lois et règlements qui régissent notre vivre ensemble dans l’harmonie et la cohésion.

La première bataille sera articulée autour des peines et des punitions. Il est impossible de ne pas prononcer des peines et des punitions face à ce  désordre qui ne cesse de prendre de l’ampleur. A l’instar de nombreuses autres formes de criminalité, le recours à des peines et des punitions a toujours été l’un des principaux moyens de prévenir la corruption. Essentiellement, le risque d’être sévèrement puni vise à dissuader les individus de se livrer à des actes de corruption. Si nous refusons d’engager la bataille ou si nous battons en retraite, nous donnerons libre cours à une anarchie où l’insécurité animera notre vie de façon continue. Nous vivrons alors dans une atmosphère caractérisée par des actes répréhensibles et un mépris généralisés pour les règles établies et l’autorité. Le Sénégal n’a jamais connue une anarchie dans son histoire. La démarche des autorités a toujours été la promulgation des lois et leur stricte application par la police et les tribunaux pour le respect de la loi qui protège la paix, l’ordre public et notre bien-être.

Alioune Fall

108, Comico Mermoz

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