Youssou Ndour et la Belgique au chevet du tourisme
Un partenariat belgo-sénégalais est à l’œuvre pour concrétiser la connexion des écosystèmes africain et européen par le tourisme et la culture.
En avril prochain, Dakar accueillera un forum, dans le cadre de l’initiative Afrik-Innovation, qui est le fruit d'une rencontre entre Phrenos, Dakar Company et Youssou Ndour. Une initiative destinée à favoriser le climat des affaires et les partenariats innovants entre les écosystèmes africain et européen, dans le cadre de l’atteinte des 17 objectifs de développement durable.
L’ambassadeur belge au Sénégal, Philippe Colyn, est d’avis que cette initiative permet de ‘‘trouver un nouveau dynamisme, retrouver un nouvel équilibre dans nos relations, en mettant en contact hommes d’affaires, décideurs politiques, organisations internationales, pour arriver à un partenariat équilibré’’. Le diplomate, qui recevait Youssou Ndour et les autres partenaires de ce projet dans les locaux de l’ambassade hier, annonce que le tourisme d’un type nouveau sera le canal privilégié de ce partenariat nouveau.
‘‘Ce n’est pas le tourisme pris isolément, mais accouplé à la culture, aux infrastructures, à l’agroalimentaire, à la digitalisation numérique pour apporter un caractère innovant de développement durable entre les écosystèmes de nos deux continents’’, dissèque-t-il.
Le tourisme et la culture, deux secteurs que connait bien Youssou Ndour, pour avoir été ministre de ce département unifié en 2012, avant de diriger le Tourisme et les Loisirs en 2013. Pour le ‘’Roi du mbalax’’, l’objectif n’est autre que le doublage des statistiques d’entrée dans le pays. ‘‘Le Sénégal est une bonne destination. Nous sommes à 5 heures de Bruxelles. Il y a un Etat, de la stabilité, des infrastructures... Donc, ce qui manque, c’est une promotion dense. Nous sortirons de ces élections (Ndlr : présidentielle février 2019) qui sont toujours des moments de tension, mais nous pourrons doubler l’arrivée de touristes ici, après février. C’est pour cela que ça m’intéresse de fédérer les gens autour de la destination Sénégal avec le ministère du Tourisme, l’Association sénégalaise des professionnels du tourisme (Aspt) et nos partenaires belges’’, a avancé Youssou Ndour.
Combler la marge de 4 %
Dans le sillage d’une rencontre d’affaires en juin dernier à Bruxelles, l’initiative prend le chemin de Dakar. Nicolas Esgain, le manager de la plateforme Phrenos en Belgique, annonce que ce forum dans la capitale sénégalaise va décliner une feuille de route dont les axes sont la facilitation des partenariats public-privé, l’afflux des investissements et l’organisation d’un hackathon, entre autres programmes.
Mais la focalisation sur le tourisme et la culture est essentielle. ‘‘Le tourisme a un grand potentiel au Sénégal. C’est un secteur économique qui est pourvoyeur d’emplois qualifiés et peu qualifiés aussi, et qui est trop peu développé par rapport à la moyenne mondiale’’.
Une moyenne que le Sénégal peine à atteindre et qui provoque l’étonnement de l’un des souteneurs de ce projet, Youssou Ndour. ‘‘Si on calcule, le Sénégal a fait des bonds, même si la moyenne mondiale est de 10 %. Nous avons cette marge de 4 % qu’il faut rapidement combler. Notre initiative pourrait contribuer considérablement à combler ce manque qui est inexplicable. Nous avons toutes les possibilités, donc il faut régler cela’’, avance l’ancien ministre. Pour ce faire, pense-t-il, il faudra identifier et diversifier les produits made in Sénégal. ‘‘Ce n’est pas que la mer. C’est aussi la culture. Quelqu’un me fait remarquer que les Sénégalais se lavent toujours les mains dans un bol d’eau, avant de manger. C’est un produit !... La culture est le contenu du tourisme, car on peut y trouver des produits qui attirent. Nous avons la Casamance, Kédougou, nous venons d’avoir le Musée des civilisations’’, énumère-t-il.
OUSMANE LAYE DIOP