Publié le 1 Jul 2024 - 10:39
FRANCE - ÉLECTIONS LÉGISLATIVES

L'extrême droite aux portes de Matignon, Macron désavoué

 

Le Rassemblement national de Marine Le Pen est arrivé en tête, au premier tour du scrutin législatif, avec près de 33,5 % des suffrages et pourrait atteindre la majorité absolue avec 289 des 577 sièges du Parlement. Le Nouveau Front populaire arrive en deuxième position avec 28 % des voix.

 

Les premiers résultats des élections législatives en France sont connus. La liste du Rassemblement national (RN), dirigée par Jordan Bardella, est en tête suivie du Nouveau Front populaire (NFP). Un succès de l'extrême droite assez remarquable, si l’on compare les résultats aux 31,37 % obtenus par le RN lors des élections européennes, il y a seulement trois semaines. Le parti d'extrême droite a non seulement doublé son score par rapport aux élections législatives de 2022, mais il pourrait également tripler le nombre de voix obtenues, assurant ainsi une présence significative au second tour.

Le RN, en partenariat avec Les Républicains (LR), a obtenu un soutien massif, avec près de 11 500 000 bulletins de vote, un chiffre proche de celui atteint par Marine Le Pen au second tour de la Présidentielle de 2022. Ce résultat impressionnant dépasse largement le précédent record de voix obtenues par le parti à la flamme lors d'élections nationales. L'impact de cette victoire se traduit également par une projection de 260 à 310 sièges pour le RN, dépassant ainsi la majorité fixée à 289 députés.

Cette avancée significative peut être attribuée à plusieurs facteurs. Tout d'abord, la stratégie de dédiabolisation et de normalisation du FN a porté ses fruits, rendant le parti plus acceptable aux yeux de nombreux électeurs. De plus, la campagne efficace menée par Jordan Bardella a réussi à capter l'attention et le soutien de segments de la population auparavant réticents à voter pour l'extrême droite.

Le rôle de la diaspora sénégalaise

Parallèlement à cette dynamique électorale, la diaspora sénégalaise en France a joué un rôle crucial dans les élections, notamment en soutenant les partis de gauche. La France insoumise (LFI) et le Parti socialiste (PS) ont bénéficié d'un soutien significatif de la part des Français d'origine sénégalaise. Historiquement, cette communauté a toujours voté à gauche et cette tendance s'est renforcée au fil des années.

Mariama Dieng, secrétaire générale du Haut-Commissariat des diasporas africaines de France (HCDAF), a été une figure clé dans la mobilisation de l'électorat franco-sénégalais. Son engagement, ainsi que celui de nombreux autres militants, a permis d'organiser des rencontres et des campagnes de sensibilisation pour encourager la participation électorale. Cette mobilisation a été particulièrement visible dans des circonscriptions comme le Val-d’Oise où des députés de LFI et du groupe écologiste ont bénéficié du soutien actif de la diaspora sénégalaise.

La victoire des partis de gauche en Afrique francophone

L'impact de la diaspora sénégalaise ne se limite pas à la France. En Afrique francophone, les récentes élections européennes de 2024 ont vu une victoire éclatante des partis de gauche. La liste LFI, menée par Manon Aubry, a réalisé des scores significatifs dans plusieurs pays, notamment au Sénégal (34,37 %), au Tchad (21,77 %), en Côte d’Ivoire (24,81 %), et au Burkina Faso (18,93 %).

De même, la liste PS, dirigée par Raphaël Glucksmann, a séduit de nombreux expatriés français, se hissant à la première place au Mali (21,83 %), au Bénin (26,90 %), en RDC (21,83 %) et au Togo (23,02 %).

Cette victoire des partis de gauche peut être attribuée à plusieurs facteurs. Tout d'abord, les liens historiques et culturels entre la France et ces pays africains ont joué un rôle important. De plus, les partis de gauche ont su s'adresser aux préoccupations spécifiques des expatriés français en Afrique, notamment en matière de justice sociale, de droits humains et de solidarité internationale. Les efforts de mobilisation sur le terrain, menés par des militants engagés comme Yaya Diallo et Abdoulaye Mané, ont également été déterminants.

Une dynamique électorale en mutation

Ces Législatives en France et les résultats des élections européennes en Afrique francophone illustrent une mutation significative des dynamiques électorales.

D'une part, le RN a réussi à briser le plafond de verre qui limitait son expansion, se positionnant comme une force politique majeure en France.

D'autre part, les partis de gauche, soutenus par une diaspora active et engagée, ont consolidé leur position à la fois en France et en Afrique francophone.

Ce double phénomène témoigne de l'évolution des sensibilités politiques et des stratégies électorales. La montée en puissance du RN et le rôle accru de la diaspora sénégalaise dans les processus électoraux sont des indicateurs d'une société en mutation où les enjeux de représentation et de participation citoyenne prennent une importance croissante.

En conclusion, les élections de 2024 marquent une étape importante dans l'histoire politique de la France et de ses relations avec l'Afrique francophone. Elles mettent en lumière l'importance des dynamiques transnationales et des influences croisées entre les différents acteurs politiques et les communautés diasporiques. La victoire du RN et le succès des partis de gauche en Afrique sont des témoignages éloquents de cette nouvelle réalité politique où les frontières traditionnelles de l'engagement électoral sont redessinées par des forces globales et locales.

 

Section: 
Présidentielle en Mauritanie : Mohamed Ould Ghazouani réélu, selon les résultats provisoires officiels
DES SUITES DE TORTURES : L’ancien chef de l’armée guinéenne meurt en prison
Niger: un groupe politico-militaire enlève le préfet de Bilma et exige la libération de l’ex-président Bazoum
Trois semaines de tensions intercoréennes.
BURKINA-MALI-NIGER : La répression pour masquer l’échec
Burkina Faso : « enlèvement » de l’oncle et ancien compagnon de lutte de Thomas Sankara
En devenant producteur de pétrole, « le Sénégal va avoir plus des marges de manœuvre pour transformer son économie »
AFFAIRE « AIRE GUINEE » : La Guinée lance une commission rogatoire contre Cellou Dalein Diallo
SUCCESSION DE MOUSSA FAKI À LA TÊTE DE L'UNION AFRICAINE : L'opposant kenyan Raila Odinga en pole position
MONTÉE EN PUISSANCE DU RASSEMBLEMENT NATIONAL : La ‘’peur bleue’’ des immigrés en France  
Procès du massacre du 28-Septembre en Guinée : La défense de Moussa Dadis Camara tente de dédouaner l'ex-chef de la junte
France: le président Emmanuel Macron annonce la dissolution de l'Assemblée nationale
Cédéao : «On ne peut pas être dans des organisations qu'on ne contrôle pas», selon le chef de la diplomatie malienne
AFRIQUE DU SUD : L'ANC perd son hégémonie 30 ans après la fin de l'Apartheid
VERS UN NOUVEL ÉQUILIBRE FRANCO-SÉNÉGALAIS : Diplomatie, échanges commerciaux et multipolarité
VISITE DE DIOMAYE AU CAP VERT : Diomaye et José Maria Neves pour une réactivation de la ligne maritime Dakar-Praia
MALI ET BURKINA FASO : Les putschistes consolident leur pouvoir jusqu’en 2029
BURKINA FASO : Le capitaine Traoré obtient une rallonge comme Président pour 05 ans
L’affaire du « séquestré de Djelfa » tient l’Algérie en haleine
GUINEE : La perpétuité requise contre Moussa Dadis Camara