Les batailles d’égos qui menacent les coalitions Wallu et Yaw
Certains leaders de Wallu et de Yaw qui se sont sentis lésés dans la constitution des listes de l’opposition en vue des Législatives du 31 juillet 2022, ont affiché leur réprobation face aux investitures. En effet, Mayoro Faye, responsable libéral à Saint-Louis, et le chef du groupe parlementaire libéral, Serigne Bara Dolly, ont décidé de quitter le bateau de Wallu pour marquer leur opposition à la confection des listes de la proportionnelle de cette coalition.
Les investitures au sein des différentes coalitions sont des moments charnières dans la vie de ces entités et peuvent entrainer des cassures et des dissidences. Sous nos cieux, les responsables qui se sentent lésés ont tendance à claquer la porte ou à geler leurs activités et à se mettre en retrait. Pour ce qui les concerne, Mayoro Faye, responsable libéral à Saint-Louis, et le chef du groupe parlementaire libéral, Serigne Bara Dolly, ont décidé de quitter le navire PDS.
Mayoro Faye, investi à la 19e place sur la liste nationale de Wallu Sénégal, se dit trahi par le patron des libéraux Karim Wade. ‘’Je me sens humilié. Je tourne la page du PDS qui m’a humilié et Karim Wade n’a pas levé le petit doigt, malgré tout ce que j’ai fait pour lui et pour le parti (…)’’, a-t-il martelé. L’actuel président du groupe parlementaire Liberté et démocratie a aussi démissionné du Parti démocratique sénégalais, se jugeant aussi mal placé sur la liste proportionnelle (13e) de Wallu, lors des investitures.
Le respect de la parité (hommes et femmes) fait son œuvre, dans la mesure où plusieurs grands responsables sont relégués plus loin sur les listes. De ce fait, des piliers de la coalition Yaw comme Habib Sy ou El Hadj Mansour Sy ont été placés aux 13e et 15e places sur la liste proportionnelle de Yaw.
L’alliance Yaw-Wallu Sénégal risque, par ailleurs, de faire gonfler la liste des frustrés. Les coalitions de l’opposition Yeewi Askan Wi et Wallu Sénégal ont décidé d’expérimenter un modèle novateur qui consiste à unir leurs forces dans tous les départements. Dans les circonscriptions où Yaw est arrivée en tête lors des Locales, seule la liste de Yaw se maintient. Mais, en contrepartie, la liste devrait coopter des membres de Wallu. Et vice-versa dans les circonscriptions où Wallu a assuré sa prééminence lors des Locales.
Ainsi, le porte-drapeau de l’opposition dans la ville de Pikine partira sous la bannière de Wallu, tandis que les têtes de liste départementales de Dakar, Guédiawaye, Rufisque et Keur Massar seront issues de Yaw.
Pour Assane Ba, responsable libéral à Ouakam, ces frustrations ou déceptions de leaders non investis ou désabusés sont à relativiser, dans la mesure où cette situation est le lot de toute formation politique. ‘’Toutes les dispositions ont été prises par la structure chargée des investitures, pour créer le moins de frustrations parmi les responsables politiques. Nous avons des listes mixtes (Yaw et Wallu) dans les 46 départements du Sénégal. La volonté populaire, c’est que les deux coalitions se regroupent pour contraindre le régime à la cohabitation. Des frictions, il y en aura toujours’’, a-t-il affirmé.
D’après le responsable politique du PDS et membre de Wallu, cette bataille de positionnement sur les listes d’investiture n’entame en rien la détermination des leaders de Wallu à travailler pour le succès de la coalition. ‘’Même dans le camp du pouvoir, on y retrouve des mécontents. Chaque individu a sa personnalité et son ressenti. Les hommes politiques ne font pas exception à la règle. Dès qu’il y a quelque chose qui leur déplaît, ils peuvent l’exprimer de plusieurs manières. Mais ce qui est important, c’est qu’une fois ce désarroi exprimé, la plupart reviennent à de meilleurs sentiments et travaillent pour le bien du parti. Les personnes frustrées qui se braquent entièrement constituent une minorité’’, soutient le membre du Comité directeur du PDS.
Des voix dissonantes au sein de Yaw contre l’unité de l’opposition
Dans les rangs de Yaw, des voix dissonantes se font entendre aussi. Parmi elles, le coordonnateur de Pur et de Yaw à Bakel, Alé Guèye. Il a affiché son opposition au choix porté sur la coalition Wallu pour diriger la liste départementale de Bakel. Selon lui, tous les mouvements ou partis politiques qui composent Yeewi Askan Wi doivent refuser cet accord entre les deux coalitions de l’opposition. ‘’Juste pour vous dire qu’en tant que coordonnateur départemental de Yeewi Askan Wi/Bakel et du Pur/Bakel, je n’ai été associé ni de près ni de loin à ce qui vient de se passer, en l’occurrence le choix de Wallu Sénégal. Aucune notification ne nous a été faite avant, pendant et après. Chacun, en collaboration avec son coordinateur départemental de parti ou de mouvement, se prépare pour riposter et refuser catégoriquement ce choix qui ne reflète nullement les réalités du terrain. Je suis aussi navré que vous sur ce qui vient de se passer’’, dit-il.
Pour l’heure, même si aucune grande déclaration ou aucun coup d’éclat de responsables politiques de Yaw contre ces investitures n’a été relevé, des tensions ne manqueront d'apparaître à court terme. Déjà, les choix de Babacar Diop à la mairie de Thiès contre Moussa Tine, ainsi que la non-investiture de Cheikh Bamba Dièye à Saint-Louis pour les Locales avaient entraîné des remous au sein de la coalition Yaw.
En outre, ces leaders avaient décidé de se mettre en retrait après les investitures, dans le but de manifester leur désarroi face aux choix de l'état-major de Yaw. Ce choc des ambitions politiques a même poussé certains responsables comme Thierno Bocoum d’Agir a claqué la porte de Yewwi Askan Wi.
Makhfouz NGOM