Publié le 16 Dec 2016 - 06:07
GAMBIE

Après un règne sans partage, …un partage de règne !

 

Au pouvoir depuis le 22 juillet 1994, Yaya tombe   à la suite d’une élection. Après avoir félicité celui qui doit désormais présider aux destinées de son pays, il fait une volteface, la plus spectaculaire dans l’histoire postélectorale du monde ! Mêmes les politologues les plus doués en météo politiques ne pouvaient prédire ces revirements de l’homme fort de Banjul. Non seulement il surprend son monde en acceptant de manière élégante les résultants issus des urnes (des boules j’allais dire !), il a félicité son successeur ( ?!!?). Mais fidèle à son jeu favori de revirement spectaculaire, il a reconsidéré ses positions et rejeté ce qu’il avait accepté. 

Venus dissuader le dictateur de Banjul de quitter le pouvoir de manière pacifique, 4 présidents de la CEDEAO ont eu la surprise de leur vie lorsque Yaya pose comme condition un «  partage de pouvoir » oubliant qu’il a régné avec un ‘’pouvoir sans partage’’  pendant 22ans ! En 1994, revenus d’une mission des Nations-Unis, quelques officiers avaient décidé de rencontrer Daouada Kayraba Diawara, président de la Gambie d’alors pour des questions de primes. Pris de panique, le père de l’indépendance gambienne prit la fuite. Devant cette situation inédite d’Etat acéphale, les officiers ont pris le pouvoir. Si c’est Yaya qui sera porté à la tête de ce pays enclave du Sénégal, il finira par emprisonner et tuer tour à tour tous ces militaires gradés. Sadibou Haïdara et Sana Sabaly seront les premiers à passer devant la machine à tuer de ce tyran du 21e siècle. Depuis lors, exils, emprisonnements, enlèvements, liquidations physiques font le lot quotidien de quiconque ose ne serait-ce que désapprouver telle ou telle décision.  A ce jour, on dénombre plus d’une centaine de personnes tuées par son régime.

En plus des opposants, des journalistes font partie du lot de ses victimes dont la plus célèbre est Deyda Aydara. Poussant son cynisme à son paroxysme, il répondait aux journalistes qui demandaient lumière sur son meurtre d’aller demander à leur défunt collègue qui l’a tué !  

Ils font légions opposants, journalistes et membres de la société civile qui sont en exil pour éviter de tomber sous les coups de sa police.

Aujourd’hui, celui qui gagné 4 élections dans des conditions qu’on connait, duré au pouvoir plus que Senghor et Diouf (qui ont fait 20ans chacun), assoiffé de pouvoir veut encore s’accrocher au pouvoir. 

Roi de la démesure :

Par son nom ( ?!!) ô combien évocateur, on réalise que le successeur de Daouda Kayraba Diawara est un malade. Jugez-en vous-mêmes : His Excellency Sheikh Professor Alaji Doctor Yahya Abdul-Aziz Jemus Junkung Jammeh Nasirul Deen Babil Mansa.

On se souvient de ce 18 aout 2014 pendant lequel il  s’adjugeait le titre de Babil Mansa (le Roi qui défie les rivières). En procédant de la sorte, il préparait la conscience collective gambienne à son intronisation comme roi. Des accusations sont allées crescendo. Dans un entretien accordé à Pressafrik, l’opposant Cheikh Sidya Bayo l’avait accusé de vouloir projeter de faire virer la république gambienne vers un royaume et avec, en prime un Etat islamique avec une planification très précise : ’Yaya Jammeh a arrêté deux dates pour pouvoir créer un royaume en Gambie et se faire couronner roi. Le 22 janvier prochain, il va consulter le Parlement pour faire adopter cette Loi. Et le 25 mai, il prévoit son couronnement. Yaya Jammeh a d’ores et déjà fait commander sa couronne pour son couronnement. Je peux vous assurer que dans les jours qui arrivent, Yaya Jammeh atteindra son rêve qui est de faire de la Gambie une monarchie. Il prévoit aussi de transformer la Gambie en un Etat islamique… ‘’

En psychologie, Yaya serait décrit comme un cas. Mégalomane à souhait, non content de se voir en monarque, également il s’autoproclame marabout, professeur, guérisseur de tout !

Se considérant marabout, c’est lui qui décrète du jour de tabaski ou de korité et inflige une punition à quiconque qui passerait outre. Le 30 juillet 2014 il menace ouvertement ceux qui attendent le ndiguel pour la prière de korité

En professeur attitré doublé d’un guérisseur, il déclare pouvoir guérir des maladies aussi complexes comme le Sida ou Ebola.

Toutes ces démesures lui font croire que son pouvoir est sans fin. Ce qui fait qu’après son règne sans partage et il veut un partage de règne.

Makama Ibrahima DIAKHATE

Professeur de philosophie/ Journaliste

Secrétaire Général Conseil Départemental de Sédhiou

 

Section: 
LE JOOLA, 23 ANS APRÈS : Un appel à la justice et à la dignité pour les familles des victimes
Sénégal : Quand l’urgence devient méthode
POUR PRÉPARER LA RUPTURE AVEC LE NÉOCOLONIALISME : PASTEF DOIT REDEVENIR L’ORGANISATEUR COLLECTIF DU PEUPLE!
Abdou Diouf, la RTS et la mémoire nationale : Encore une occasion manquée
ET SI ON PARLAIT D’INSERTION DES JEUNES A LA PLACE D’EMPLOI DES JEUNES
Tourisme, culture et artisanat : Une articulation stratégique pour le développement
ÉGALITÉ EN DANGER : L’alerte d’Onu Femmes
DU CAPITAL A LA CONNAISSANCE : Transformer la fuite en source, le Brain Drain en Brain Gain
Un cri de cœur pour les clubs sénégalais : Sauvons notre football local  
Matériel agricole au Sénégal : Entre modernisation promise et réalité du terrain
La souveraineté en partage : La diaspora sénégalaise au cœur du financement national
Un champ est une école vivante : Ode à l’intelligence de la terre et à la pédagogie du vivant
Le PRES en partage : Le pacte de Monza entre Sonko et la diaspora
SERIE : LE MONDE TEL QUEL ! : L’ONU à 80 ans : Une occasion cruciale de renouveau
La tentation du parti-État : Un glissement révélateur
DE LA CONSOMMATION À L’INVESTISSEMENT : FAIRE DE LA DIASPORA LE MOTEUR DE LA CROISSANCE SÉNÉGALAISE
Ousmane Sonko en Italie : Quand la diaspora devient un pilier du projet national 
GESTION DES RISQUES : REFERENTIEL NOUVEAU POUR LE CONTROLE INTERNE DANS LES ENTITES PARAPUBLIQUES
Marchés agricoles : Entre autosuffisance et spéculation, l’ARM face à ses défis
PASTEF : Entre négligence de sa jeunesse et l’oubli de certains militants