Publié le 23 Feb 2022 - 19:17
GRÈVE DE FAIM DES DÉTENUS

Le Camp pénal de Liberté VI renoue avec ses démons 

 
Pendant que le Sénégal était en plein dans l’inauguration en grande pompe du nouveau stade Abdoulaye Wade, les détenus du Camp pénal de Liberté VI ont vécu une journée de grève de la faim pour dénoncer les pratiques du chef de cour.
 
 
Les pensionnaires du Camp pénal sont à nouveau  en mouvement d’humeur. Ils ont, à cet effet, refusé de s’alimenter dans la journée d’hier. L’objectif de cette contestation est, selon le Frapp, de dénoncer les agissements du chef de cour dénommé Baraye. Le nom de ce dernier, rappelle d’ailleurs le document, revient régulièrement depuis plusieurs mois dans toutes les manifestations carcérales du Camp pénal.
 
’’Hier, le chef de cour Baraye a envoyé quatre prisonniers dans le quartier de haute sécurité (QHS) car ils sont considérés comme des meneurs de grève dans la prison du Camp pénal. Il s'agit de Serigne Mbacké, Bangoura, Fallou Sène et Papis Konaré’’, informe un communiqué du Secrétariat exécutif du mouvement. Qui se demande par la même occasion l’opportunité  du QHS, car dans ce compartiment,  précise-t-on, les sorties de cellule sont réduites. En outre, informe la note, en représailles de la grève de la faim des prisonniers, l'électricité a été coupée dans les cellules. ’’Le Frapp interpelle la Direction de l'Administration pénitentiaire sur la situation à la prison du Camp pénal pour une issue heureuse dans les meilleurs délais’’.
 
Il faut dire que les remous de ce genre sont souvent notés dans ce lieu de détention. Il y a un an, précisément le 22 février 2022, le mouvement Frapp dénonçait une diète au Camp pénal de Liberté VI. Il s’agissait, à l’origine, des prisonniers des chambres 14 et 12 qui protestaient contre les mauvais traitements dont ils sont victimes, les sévices, tortures... A l’époque,  le secrétaire exécutif du Frapp informait que  les pensionnaires de cette maison d’arrêt et de correction (Mac) avaient pris cette option en soutien à un des leurs qui aurait été bastonné et blessé par des gardes pénitentiaires. ’’Abdoul Ahad Sow a été tabassé par les gardes pénitentiaires... La semaine passée, il a été aussi frappé et blessé aux jambes, et mis en cellule pendant huit jours, tout en sachant qu’il est asthmatique. Par solidarité, pour l’arrêt immédiat de ces tortures, les détenus ont entamé une grève de faim pour une durée illimitée. Des Abdoul Ahad Sow, il y en a beaucoup en prison. Il est temps que cela cesse. Les détenus (es) ont des droits. Doy na’’, s’insurgeait Guy Marius  Sagna.
 
En juin 2020, le même établissement ainsi que les Mac de Diourbel et de Thiès avaient reçu une mission de l’Observatoire national des lieux de privation de liberté (ONLPL) dirigée par Josette Marceline Lopez Ndiaye. Cette mission, dit-on, fait suite à la saisine de l’ONLPL par des organisations de défense des droits humains, des citoyens, des détenus et leurs parents, faisant état, dans des lieux de privation de liberté du Sénégal, de mouvements d’humeur de détenus, de refus de s’alimenter, d’allégations de maltraitance, de violences commises ou de menaces proférées de la part de personnels pénitentiaires sur les mise en cause. L’observatoire avait d’ailleurs promis de réaliser des entretiens avec les directeurs et administrateurs de ces lieux, des membres du personnel pénitentiaire, ainsi que la population carcérale, afin de dresser un rapport général qui sera par la suite envoyé aux autorités.
 
Le 25 avril 2018, c’est l’Association pour le soutien et la réinsertion sociale des détenus (Asred) qui informait d’un mouvement d’humeur au Camp pénal de Liberté VI. Les détenus, renseigne-t-on, s’offusquaient de l’isolement et de l’incarcération en cellule préventive d’une vingtaine de détenus. Les mis en cause protestaient contre les mesures de représailles exercées sur deux détenus accusés d’avoir tenté d’expédier une correspondance à l’extérieur, pour dénoncer leurs difficiles conditions de détention.
 
 Ainsi, d’après l’Asred, cette lettre relatait, entre autre, les conditions de détention jugées inhumaines des détenus dans ce lieu de détention. Elle faisait également état de longues peines purgées par des détenus qui ne bénéficiaient d’aucune remise de peine et zappés à l’occasion de la grâce présidentielle, alors qu’ils présentent les conditions requises par la loi.
 
 Dans sa lettre, l'Asred avait invité le chef de l’Etat à réagir avant que l'irréparable ne se produise pas.
 
HABIBATOU TRAORE

 

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