SALL Bilan et perspectives d’un candidat
Dans un discours de près de 50 minutes, le président de la République, Macky Sall, candidat de la mouvance présidentielle, est largement revenu sur son bilan, non sans révéler les grands axes de son programme, en cas de second mandat.
Benno, la force tranquille
‘’Depuis 2012, malgré la diversité de nos parcours et la particularité des intérêts de nos partis, nous nous sommes résolument engagés dans la même direction. Ensemble, nous avons travaillé, la main dans la main, épaule contre épaule, pour notre pays, pour notre peuple. Si nous avons bravé les intempéries, c’est parce que nous avons été fidèles à la longue tradition de notre peuple, faite d’ouverture, de capacité de dépassement et d’unité, lorsque le pays le demande. Des luttes anticoloniales aux grandes batailles pour la démocratie, l’histoire de notre pays est riche de femmes et d’hommes de conviction et de combat, debout pour bâtir un peuple de liberté et de justice. Terre de refus, terre d’honneur, le Sénégal est fier d’avoir été façonné par des hommes et femmes qui ont glorieusement porté le flambeau de l’indépendance nationale, de la liberté et de la démocratie. Oui, je peux citer : Lat Dior Ngoné Latyr Diop, Alboury Ndiaye, Lamine Senghor, Maba Diakhou Ba, Blaise Diagne, Ngalandou Diouf, Majmouth Diop, Abdoulaye Ly, Cheikh Anta Diop… Je peux citer El Hadj Omar Foutiyou Tall, Cheikh Ahmadou Bamba, Seydi El Hadj Malick Sy… Je peux citer, et je devrais peut-être commencer par-là, mes prédécesseurs, illustres et émérites. Je veux nommer les présidents Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. Chacun d’eux, selon son style et ce que les circonstances lui dictaient, a apporté une pierre précieuse à la construction de notre pays.’’
Le grand bond du secteur primaire
‘’Depuis 2012, nous avons écrit de belles pages de notre histoire. Ma vision, un Sénégal émergent, nous a permis de réaliser des performances exceptionnelles. En effet, le Pse s’attache d’abord à la transformation structurelle de notre économie pour la rendre plus productive, plus dynamique, plus ouverte, plus compétitive, en un mot, plus apte à créer de la richesse et des emplois. Dans ce cadre, j’ai mis en place le Procas (Programme d’accélération de la cadence de l’agriculture sénégalaise). Un programme qui a permis de faire des bonds spectaculaires dans toutes les spéculations. Notre politique de soutien au secteur agricole a été efficace. Dès 2012, j’ai doté le secteur de plus de 1 000 tracteurs subventionnés à 60 % pour renforcer la mécanisation. En même temps, tous les intrants agricoles, engrais comme semences, ont été subventionnés à hauteur de 50 %. Notre capital semencier a été renouvelé pour être porté à 45 000 t en ce qui concerne l’arachide, grâce à la recherche agronomique. Les résultats ont immédiatement suivi. Notre politique de prix aux producteurs ayant largement favorisé le développement de nouvelles capacités productives. Contre une moyenne annuelle de 700 000 t auparavant, la production arachidière a atteint, pendant la campagne 2017-2018, 1 million 432 mille tonnes d’arachide. En outre, nous nous approchons irréversiblement vers l’autosuffisance en riz. La production en 2017 a été de 1 million 18 mille 269 tonnes contre 436 000 tonnes en 2011-2012. Et il en est de même dans toutes les filières de l’agriculture, de la pêche et de l’élevage.’’
Infrastructures, croissance et emploi
‘’Vous le savez tous, notre pays accusait un retard dans le domaine des infrastructures, élément clé de toute stratégie efficace d’amélioration de la compétitivité. Pour cela, j’ai engagé un programme national de modernisation de nos infrastructures routières, autoroutières, portuaires et aéroportuaires. Les résultats ont immédiatement suivi. Le Sénégal est devenu un vaste réseau interconnecté de routes, de ponts, d’autoroutes et de pistes, de la Casamance au Fouta, du pays lébou au pays bassari, du Cayor, du Baol, du Sine… avec le pont de Faréfégné, véritable trait d’union au cœur de la Gambie. Ce pont permettra à la belle région naturelle de Casamance de se retrouver totalement désenclavée. … Je dois saluer également l’ouverture prochaine de l’autoroute Ila Touba, une infrastructure stratégique de développement réalisée grâce à la coopération avec la Chine, à la satisfaction de toutes les populations. Je salue également la livraison prochaine du Ter, articulé au projet structurant du Brt. Dans le secteur du transport aérien, nous avons pu finaliser les travaux de construction de l’Aibd longtemps bloqué à un taux de réalisation de 30 %. Nous avons également mis en place une nouvelle compagnie nationale Air Sénégal... La campagne électorale nous donnera de multiples occasions d’échanger de tout ça avec nos compatriotes.
Entre 2012 et maintenant, notre économie a renoué avec un cycle de croissance forte grâce à nos efforts et à la discipline dans la gestion des affaires publiques. De 1,7 % en 2012, le taux de croissance du Pib a dépassé 6,8 % en 2017, soit 4 fois plus en 5 ans. Au surplus, cette croissance a été inclusive, conformément aux objectifs que j’ai fixés au Pse dans son axe 2 : capital humain, protection sociale et développement durable. Avec le Pse, notre économie a su générer plus de 500 mille emplois directs durables, hors emploi agricole et commerce. J’ai aussi complété le système de protection sociale par des bourses de sécurité familiale et de couverture maladie universelle. Aussi, ai-je lancé la Délégation à l’entrepreneuriat rapide (Der) qui a déjà, en quelques mois, financé 18 milliards de francs Cfa sur une enveloppe de 30 milliards.’’
Le savoir et la santé, les deux grandes batailles
‘’La grande bataille du monde est celle du savoir, de la compétence et de l’intelligence. D’où notre choix irréversible de bâtir avec vous une société apprenante, une société de l’innovation. En effet, les sciences et la technologie sont au cœur de la transformation de nouvelles économies… Notre pays, tout comme les autres pays de l’Afrique, a une chance historique de gagner cette grande bataille, car nous avons la jeunesse, les talents et toutes les ressources humaines de qualité et de perspectives réelles pour la maturation du système éducatif porté par les réformes en cours.
L’autre grande bataille, c’est celle de la santé des populations. Pendant longtemps, l’accès à la santé, pour la majorité des Sénégalais, était un luxe du fait du coût et du déficit des infrastructures à travers le pays. Depuis 2012, nos efforts concernaient également ce secteur vital à l’essor de notre capital humain. Après l’ouverture effective des hôpitaux de Fatick, Ziguinchor et Dalal Jamm, nous avons engagé la construction de l’hôpital de niveau 3 à Touba d’une capacité de 300 lits et de trois autres de niveau 2 d’une capacité de 200 lits à Kaffrine, Sédhiou et Kédougou.
C’est dans le même esprit et dans le cadre de notre volonté à corriger les disparités régionales qu’il faut inscrire nos programmes d’urgence destinés à promouvoir l’équité territoriale. Le Programme d’urgence de développement communautaire (Pudc), le Programme d’urgence de modernisation des axes et territoires frontaliers (Puma) et le Promovil expliquent notre volonté de donner les mêmes chances à tous les territoires. C’est l’essence même de l’Etat et de la nation.’’
Le dialogue et le consensus, fer de lance du progrès
‘’Chers compatriotes, l’année 2019 qui s’annonce ouvre de nouvelles et belles perspectives. Le 17 décembre, je serai à Paris, pour conduire le dialogue avec nos partenaires financiers, afin de mobiliser l’ensemble des financements nécessaires à la 2e phase du Pse, à travers le plan d’action prioritaire 2019-2023. Nos acquis ne sont pas les fruits du hasard. Ils résultent de nos choix économiques, mais aussi de notre politique fondée sur le dialogue, la concertation, la consultation, comme en témoignent les assises de la santé, de l’éducation, les concertations sur le devenir de l’enseignement supérieur, la Cnri, ainsi que le référendum, les concertations sur la Cnrf, mais également le Hcds... Nos acquis résultent également de la stabilité politique et de la cohésion sociale qui sont une marque distinctive de notre pays.
Si nous avons pu faire tout cela, aujourd’hui, c’est grâce à cette coalition exemplaire, la plus grande de l’histoire de notre pays. Benno Bokk Yaakaar, c’est la conscience que l’ère des échappées solitaires est définitivement résolue. C’est la conviction que la patrie avant le parti nous anime…
J’accepte la charge et je m’engage, sans réserve, aux lendemains de cette échéance, à intensifier nos acquis pour amener notre pays encore plus loin, encore plus haut dans le concert des nations prospères, libres et démocratiques…’’
Pétrole et gaz
‘’Notre pays va entrer dans le cercle restreint des grands pays producteurs de gaz et de pétrole. Notre économie va changer d’échelle. Ces nouvelles ressources gérées dans la transparence et l’intérêt national vont permettre d’accélérer d’autres secteurs productifs ainsi que notre capital humain. J’accepte la charge et je m’engage sans réserve à poursuivre et accentuer notre politique centrée sur la vie de nos populations. C’est le sens de toutes mes actions. Je m’engage à multiplier des pôles de prospérité dans tout le pays, à l’image de Diamniadio qui émerge, 4 ans seulement après son lancement, indiquant qu’avec le travail et la volonté, tout est possible. Je m’engage à renforcer l’Etat de droit, le régime des libertés et de la responsabilité, des droits et des devoirs… Je m’engage à poursuivre nos efforts de sécurisation des ressources publiques, ce bien de tous, contre la corruption et les détournements…
En tant qu’Africains, faisons le pari d’avoir pour seule priorité le développement de notre continent, en mettant en avant ce potentiel et les nombreuses opportunités que l’Afrique regorge. Non ! L’Afrique n’est pas qu’une terre de crises et de conflits. Non ! L’Afrique n’est pas qu’une terre d’émigration. Oui ! Il y a une Afrique en projet, une Afrique debout, qui entreprend et qui prend son destin en main. C’est cette Afrique que nous voulons libre, enracinée, mais ouverte au monde que nous sommes en train de bâtir.’’
Les cinq nouvelles priorités
‘’Préparer l’avenir, telle est l’ambition que j’assigne à mon prochain mandat. Je m’engage à développer cinq initiatives majeures dans la nouvelle séquence 2019-2024. La première, je la consacre à la jeunesse. Notre nation est une nation très jeune, avec 63 % de notre population âgée de moins de 25 ans. Investir dans cette jeunesse talentueuse et dynamique, c’est investir dans l’avenir. Nous démultiplierons nos efforts en matière d’éducation et de formation professionnelle, de promotion de l’emploi et de l’entreprenariat, de santé et de sport comme facteurs d’inclusion sociale, de créativité. Nous développerons les arts et la culture ainsi que la citoyenneté. La deuxième initiative concerne l’économie sociale et solidaire autour de la Der, libérer tous les talents pour rendre plus inclusif encore notre processus de création de richesses. Nous faciliterons ainsi la nécessaire transition de l’économie informelle vers le monde de la petite et moyenne entreprise. Notre troisième initiative nous prépare davantage à l’économie du futur, c’est-à-dire l’économie numérique inclusive. La quatrième initiative nationale porte sur la transition agro-écologique. Nos ressources forestières ont diminué de moitié en 60 ans.
Chaque année, nous perdons 40 000 ha de forêt, soit la superficie de 300 terrains de foot chaque jour. La reforestation et la gestion durable de nos forêts apparaissent dès lors comme une exigence nationale. Je leur consacrerai une haute priorité nationale. Enfin, la cinquième initiative majeure de mon second mandat, s’il plait à Dieu, porte sur l’industrialisation. Notre pays se situe à un carrefour. Le développement industriel n’arrive jamais par accident. Avec les ressources pétrolières et gazières, nous disposerons de plus de capacités pour accélérer notre rythme d’industrialisation, donc de transformation structurelle de notre économie avec des activités à forte valeur ajoutée.
En sus de ces cinq initiatives majeures, je lancerai trois nouveaux programmes sectoriels. Il s’agit du programme zéro bidonville, zéro déchet, du programme villes créatrices pour placer la créativité et les industries culturelles au cœur de la cité. Je m’engage également à consolider les nombreux acquis en matière d’accès universel : accès à l’eau et à l’assainissement, à l’électricité, aux services sociaux de base, ainsi qu’aux services de mobilité collective. Et enfin aux services sportifs et culturels.’’