‘’On n’a plus envie que notre histoire soit dictée par l’Occident…’’
‘’Time for Africa’’ est le titre du nouvel album de l’artiste Idrissa Diop. Il est produit par le label Prince Arts et est présenté lundi à la place du Souvenir africain. Un opus de 16 titres qui marque le retour de cet artiste de renom.
Des intellectuels de tout bord, d’ici et d’ailleurs, s’accordent sur le fait que l’Afrique est ‘’le chantier du siècle’’ et que ‘’l’avenir ne se construira pas sans elle’’. Idrissa Diop, l’une des grandes voix de la musique africaine, rappelle aussi, à travers ‘’Time For Africa’’, que l’heure de la gloire du continent a sonné. Son nouvel album est un appel pressant à la prise de conscience de la valeur, des vertus et des richesses de l’Afrique. Un état d’esprit qui devrait permettre aux Africains de régler eux-mêmes leurs problèmes et de refuser toute sorte d’ingérence.
‘’Je crois fortement au développement de l’Afrique par les Africains, eu égard à mon expérience. J’ai beaucoup voyagé à travers le monde. Je me suis rendu compte que les Africains ne parlent pas beaucoup de leurs propres difficultés. Il faut qu’on s’approprie notre propre histoire. On n’a plus envie que notre histoire soit dictée par l’Occident, l’Amérique ou l’Asie. Il est temps qu’on nous laisse, nous Africains, régler nos problèmes. On peut les gérer, parce que tout est issu de là,’’ a martelé le chanteur avant-hier, en marge d’une séance d’écoute de ‘’Time for Africa’’, à la place du Souvenir africain.
Resté près d’une dizaine d’années sans sortie mondiale, Idrissa Diop, qui est toujours sur sa lancée de la célébration de ses 50 ans de musique, a eu le temps de mûrir ses idées et de s’organiser pour une grande production. ‘’Time For Africa’’ est composé de 16 morceaux où l’on retrouve les musiques du monde telles que l’afro-beat et le jazz, associées à la gamme pentatonique sénégalaise. Le nom de chacune des chansons de l’opus peut faire l’objet de titre principal, argue l’auteur. Ce qui justifie ainsi une parfaite maîtrise de la thématique abordée par M. Diop.
‘’Time For Africa’’ est inspiré des succès et réussites des enfants d’Afrique, partout dans le monde. Le morceau ‘’Ali’’ parle de la légende de la boxe mondiale qui a toujours prôné son africanité. A propos du boxeur, le chanteur dit : ‘’Ce qui m’a beaucoup marqué chez Mohamed Ali, c’est qu’il a dit qu’il ne va pas aller à la guerre pour tuer des gens qui ne lui ont rien fait.’’ Une valeur que le chanteur apprécie bien. ‘’Hey Jo’’, est un hommage au grand philosophe, écrivain et artiste plasticien feu Issa Samb dit ‘’Joe Ouakam’’. ‘’Tire Ailleurs’’, est l’un des titres dans lequel le chanteur rend hommage à des personnages africains qui ont marqué l’histoire. Ainsi, l’auteur de ‘’Nobel’’ loue l’excellent travail que ces braves combattants ont accompli. ‘’Les tirailleurs sénégalais ont sauvé non seulement la France, mais aussi une partie de l’humanité, ’’a dit le chanteur vêtu d’un costume africain.
Au-delà des vibrants hommages rendus à de grandes personnalités noires, on peut dire sans risque de se tromper que le lyrisme est présent dans ‘’The Time for Africa’’. Dans ‘’Lebou Gi’’, en trio avec Mbaye Dièye Faye et Mactar Fall connu sous le pseudo de ‘’Makhou Lebou Gi’’, Idrissa parle de sa communauté et se glorifie. Dans ‘’Jam’’, l’artiste se souvient de la ‘’belle époque, de l’enfance agréable qu’il a vécue’’.
‘’Dakar propre’’
‘’Time For Africa’’ permet également à son auteur de chanter les belles initiatives prises au Sénégal ; de parler des secteurs d’activité qui méritent plus de considération ; de fustiger certains faits sociaux. Pa Boy a fait, dans ce sens, une belle plaidoirie pour les acteurs de la pêche, à travers un titre. Il appuie la politique de lutte contre la dépigmentation. Idrissa Diop a ainsi lancé un appel à la ‘’prise de conscience de toutes les Africaines qui doivent savoir et reconnaître la chance qu’elles ont d’être noires’’. Il demande à ses compatriotes, à travers ‘’Natur Elle’’, de ‘’garder leur peau telle que Dieu le leur a donnée’’.
Par ailleurs, rendre la capitale belle, attrayante et propre, ainsi que l’ensemble du territoire sénégalais, est le refrain scandée sur une belle mélodie intitulée ‘’Civisme’’. ‘’Le Sénégal va accueillir de nombreuses personnes lors des Jeux olympiques de la jeunesse à venir. Il est important que le pays soit propre’’, a dit Idrissa Diop. A cet effet, le chanteur considère qu’il faut pérenniser le ‘’Cleaning Day’’, comme l’a demandé le président Macky Sall et la maire de Dakar, car ‘’c’est un concept bien sénégalais, connu sous le nom de ‘set-setal’.
Ainsi, le musicien et la mairie de Dakar ont joint leurs forces pour sensibiliser la population sur ce sujet. ‘’C’est une collaboration d’abord avec les acteurs culturels. Parce que nous avons un programme à la ville de Dakar appelé ‘Dakar ville propre’. Et dans ce programme-là, nous avons dit que si nous n’avons pas la culture, le message ne pourra pas passer. Parler de la propreté de la ville de Dakar ne doit pas seulement être contenu dans un discours politique. Donc, il faut que les acteurs culturels portent ce message-là. C’est pourquoi nous avons d’abord parlé de Titi (de Prince Arts) et Bill Diakhou. Ensuite, nous avons travaillé avec Idrissa Diop’’, a révélé le chef de la Division des arts et de la culture de la ville de Dakar, Moussa Diop.
Ce dernier considère que ce nouvel album d’Idrissa Diop sort de l’ordinaire. Il a ajouté : ‘’Nous avons non seulement l’intention de faire des projets culturels avec Idy, mais aussi, il va être impliqué dans toute la sensibilisation que nous voulons faire pour que Dakar soit une ville propre.’’ Dans ce cadre, un grand concert est prévu au mois de juin à la place de la Nation. Au-delà, la mairie compte accompagner Idrissa Diop dans sa tournée internationale, afin de faire une grande promotion de ‘’Time For africa’’.
BABACAR SY SEYE