Momy Sarr a mis son nouveau-né dans un sachet qu’elle a caché sous son lit

L’acte dont Momy Sarr est accusée est une ignominie. Après avoir dissimulé sa grossesse, elle tue son nouveau-né. L’enfant de sexe masculin était enveloppé dans un sachet qu’elle a dissimulé sous son lit. Elle risque 10 ans de réclusion criminelle, si le juge de la Chambre criminelle suit le réquisitoire du parquet.
En 2019, Momy Sarr, divorcée, tombe accidentellement enceinte. Consciente du regard de la société, elle a préféré cacher son état à sa tante qui l’hébergeait chez elle. Ce qui a le plus motivé sa décision, c’est qu’elle ignorait l’auteur de sa grossesse. Dans un engrenage de mensonges et de cachoteries, elle réussit à accoucher en catimini d’un garçon de trois kilogrammes. Elle a eu la malencontreuse idée de cacher le bébé dans un sac en plastique qu’elle dépose sous son lit. N’eût été ses douleurs abdominales, son crime ne serait peut-être jamais découvert.
En effet, c'est au cours de sa prise en charge que le médecin a constaté que la dame venait fraîchement d'accoucher. Les blouses blanches s'en sont ouvertes aux enquêteurs qui, après perquisition, ont découvert le cadavre du nourrisson. Pour se tirer d’affaire, elle déclare que l’enfant est mort-né. Heureusement, la science est venue au secours de la justice. Le diagnostic médical est sans appel. Le médecin a indiqué clairement une activité respiratoire à la naissance.
Sur ces entrefaites, Momy Sarr est placée sous mandat de dépôt le 6 août 2019. Renvoyée devant la Chambre criminelle sous l'accusation d'infanticide, elle garde la même ligne défensive. ‘’Je n'ai pas tué l'enfant. J'ai accouché d'un mort-né’’, n’a-t-elle cessé de dire. L'accusée s'est forgé une carapace devant les magistrats. À chaque question, elle envoie des répliques salées. Ainsi, elle balance : ‘’Le médecin a écrit ce qu'il veut dans son rapport. C'était un mort-né. J'ai accouché chez moi dans les toilettes. J'étais en position assise au moment de l'accouchement. Après l'accouchement, j'avais déposé l'enfant sous mon lit après l'avoir introduit dans un sachet. J'avoue que j'ai fait une erreur en le mettant dans un sachet en plastique. Je ne connais pas son père. Ma tante était au courant de ma grossesse.’’
Cependant, cette dernière a servi une autre version devant les agents enquêteurs. D'ailleurs, c'est elle qui l'a amenée à l'hôpital, quand elle se tordait de douleurs abdominales.
Ainsi, le procureur a souligné que la rengaine des accusées d'infanticide est de faire croire que l'enfant est un mort-né. À ses yeux, la dissimulation de la grossesse et de l'accouchement prouve l'intention criminelle de la part de Momy. À cet effet, il a requis 10 ans de réclusion criminelle, car, selon lui, le comportement de l’accusée à l'audience n’a pas fait montre d'un certain amendement. ‘’Elle ne mérite pas de circonstances atténuantes’’, a martelé le parquetier.
À la suite du parquet, les avocats de Momy Sarr ont essayé de la tirer d’affaire. Parlant de son comportement devant la barre, Me Fara Gomis a soutenu que la dame est prise par l'émotion et tente de se défendre, comme si elle était devant des gens qui sont là pour l'enfoncer. ‘’C'est déjà une sanction de voir son fils tué par elle-même’’, a-t-il ajouté. Son confrère Me Nokhine Mbodj a renchéri que c'est la clameur populaire qui n'a pas encore laissé Momy. C'est pourquoi elle a eu ce comportement à la barre. Et Me Ndiack Ba de demander une application bienveillante de la loi pénale. ‘’L'acte qu'elle a posé est répréhensible. Mais ce n'est pas parce qu'elle est mauvaise. Avec la pesanteur sociale, on peut commettre des choses regrettables. Et aujourd'hui, elle a des remords’’, a plaidé l’avocat.
L'affaire est mise en délibéré et la décision sera rendue le 20 juin prochain.
MAGUETTE NDAO