Publié le 20 Jan 2017 - 08:44
INVESTITURE D’ADAMA BARROW A DAKAR

Quand la CEDEAO passe encore à côté

 

Ainsi donc, à Dakar, Adama BARROW, Président élu de la Gambie a pris fonction dans l’ambassade de son pays ! Une première, pour ne pas dire une incongruité sur laquelle, les écoles de sciences politiques vont, sans doute, cogiter encore longtemps.

Au-delà du caractère insolite de l’évènement, ce qui s’est  passé ce 19 janvier 2016, sous nos yeux, nous interpelle tous sur le sens et la valeur des institutions de nos Etats ; mais aussi sur notre rapport à la République et à la démocratie.

L’échec de la dévolution du pouvoir en Gambie, c’est aussi et surtout, l’échec de la CEDEAO, organisation inter Etats de l’Afrique de l’Ouest dont on se pose encore la question de l’utilité et de l’efficacité après plus de trois décennies d’existence.

Un  « flash back » du déroulement  de l’élection présidentielle en Gambie permet de comprendre que, sans avoir besoin de recourir à la force militaire – qui de toute façon fera des victimes innocentes- , ni d’organiser un simulacre d’investiture en terre étrangère, fut-il dans l’ambassade de Gambie à Dakar – ce qui a déjà fait de nous (Africains) la risée du monde, Yaya Jammeh pouvait être contraint à céder pacifiquement le pouvoir sans effusion de sang.

Si on peut toujours épiloguer sur la légitimité de l’attitude de « Babaly Mansa », il faut admettre que les actes qu’il a posés pour contester les élections ne sont pas entachés d’illégalité. En effet, après avoir félicité son challenger sur la foi des résultats provisoires- nous soulignons- publiés par la Commission électorale, Jammeh s’est rétracté après que cette même commission électorale se soit déclarée, elle-même, trompée sur le décompte des voix pour réduire l’écart qui le séparait de Barrow,  même si ce dernier était toujours reconnu vainqueur.

Le coup de fil de l’homme de Kanilai à son concurrent que certains invoquent pour justifier la chute définitive de Jammeh n’a aucun caractère constitutionnel, ni légal malgré son symbolisme incontestable en démocratie moderne.

Dès lors que, donc,  Yaya Jammeh, légitimement, a douté des résultats provisoires de la commission électorale, il était parfaitement et conformément à la constitution gambienne, en droit d’introduire un recours auprès de la Cour Suprême dans les délais impartis par la loi.

Si, justement, cette cour n’existe pas ou est incomplète pour statuer valablement, la CEDEAO devrait avoir pour rôle d’aider à la constituer d’autant plus que les juges viennent de ses pays membres et à l’amener à se prononcer sur le contentieux électoral avant cette date fatidique du 19 Janvier qui marque la fin de mandature de Yaya Jammeh.

Et, si la cour reconstituée confirme les résultats provisoires de la commission électorale, la CEDEAO pourrait contraindre Jammeh légalement et légitimement par la force, au besoin, à quitter le pouvoir. Et cela nous aurait évité cette pièce de théâtre jouée à Dakar mais surtout cela nous éviterait une intervention militaire avec son cortège de morts inéluctables. Sur ce coup encore la CEDEAO est passée à côté.

Yatma FALL

Rufisque

 

Section: 
LE JOOLA, 23 ANS APRÈS : Un appel à la justice et à la dignité pour les familles des victimes
Sénégal : Quand l’urgence devient méthode
POUR PRÉPARER LA RUPTURE AVEC LE NÉOCOLONIALISME : PASTEF DOIT REDEVENIR L’ORGANISATEUR COLLECTIF DU PEUPLE!
Abdou Diouf, la RTS et la mémoire nationale : Encore une occasion manquée
ET SI ON PARLAIT D’INSERTION DES JEUNES A LA PLACE D’EMPLOI DES JEUNES
Tourisme, culture et artisanat : Une articulation stratégique pour le développement
ÉGALITÉ EN DANGER : L’alerte d’Onu Femmes
DU CAPITAL A LA CONNAISSANCE : Transformer la fuite en source, le Brain Drain en Brain Gain
Un cri de cœur pour les clubs sénégalais : Sauvons notre football local  
Matériel agricole au Sénégal : Entre modernisation promise et réalité du terrain
La souveraineté en partage : La diaspora sénégalaise au cœur du financement national
Un champ est une école vivante : Ode à l’intelligence de la terre et à la pédagogie du vivant
Le PRES en partage : Le pacte de Monza entre Sonko et la diaspora
SERIE : LE MONDE TEL QUEL ! : L’ONU à 80 ans : Une occasion cruciale de renouveau
La tentation du parti-État : Un glissement révélateur
DE LA CONSOMMATION À L’INVESTISSEMENT : FAIRE DE LA DIASPORA LE MOTEUR DE LA CROISSANCE SÉNÉGALAISE
Ousmane Sonko en Italie : Quand la diaspora devient un pilier du projet national 
GESTION DES RISQUES : REFERENTIEL NOUVEAU POUR LE CONTROLE INTERNE DANS LES ENTITES PARAPUBLIQUES
Marchés agricoles : Entre autosuffisance et spéculation, l’ARM face à ses défis
PASTEF : Entre négligence de sa jeunesse et l’oubli de certains militants