Sahad ANPW a porté haut le drapeau sénégalais à Tunis
‘’Sahad and the Nataal Patchwork’’ est le seul groupe sénégalais sélectionné dans la compétition officielle des journées musicales de Carthage (JMC). Et même si le niveau de la compétition est très haut, les Sénégalais ont pu garder le cap et être dans le bain.
Qui disait que la musique est l’unique langage universel ? ‘’Sahad and the Nataal Patchwork’’ l’a démontré hier sur la scène de la Maison de la culture Ibn Rachik. Pendant près d’une heure, ils ont fait danser et même chanter en wolof les Arabes. Ce qui n’était pas évident. Mais c’est ce que cherchait Sahad qui, avec un slam en guise d’ouverture, appelait les peuples au ‘’dialogue’’ et qu’ensemble ils fassent le monde. En outre, jouant en premier ce mercredi soir, le groupe, qui n’est pas connu du grand public sénégalais, ne pouvait compter sur une forte présence de spectateurs. Au début, la salle était à moitié pleine.
Mais c’est comme si le ‘’téléphone arabe’’ avait été activé au cours de la prestation. Au fur et à mesure que jouaient Sahad et ses musiciens, la salle se remplissait. ‘’Ndiaxass’’, le premier titre joué qui est un véritable cocktail musical, a certainement plu aux spectateurs. Ils ont compris que le reste serait aussi bien. Et les Sénégalais n’ont pas déçu. Ils ont su maintenir le niveau jusqu’à la fin. Et invraisemblablement, c’est le titre à la sauce ‘’mbalax’’ que les mélomanes ont le plus aimé. Pourtant, au Sénégal, beaucoup sont convaincus que le ‘’mbalax’’ ne peut être exporté. Ici, on a chanté ‘’aduna’’ et dansé, même si c’est à contretemps. Par ailleurs, ce n’est pas que le lead vocal qui a mené la cadence avec la salle.
C’est surtout le trompettiste et le tromboniste qui ont su donner une certaine ampleur à ‘’Nataal’’, le projet musical présenté à cette 3e édition des journées musicales de Carthage (JMC). Ils ont livré de beaux coups de vent, mais ont aussi beaucoup dansé. Avec leurs chorégraphies, le duo nous a fait passer de l’Afrique centrale à l’Afrique de l’ouest avec leurs accoutrements originaux. Ils sont congolais et apportent à leur manière la différence dans ce spectacle. Ils représentent l’une des plusieurs nationalités qu’on retrouve dans ce groupe et qui fait toute la différence dans leurs compositions.
‘’Sahad and the Nataal Patchwork reflète une moisson de diverses influences musicales, une errance, une voie d’éveil, un trait d’union entre plusieurs cultures. Ce groupe est, en effet, un carrefour culturel où se rencontrent des musiciens de différents horizons. Ensemble, ils s’inscrivent dans cette vague de jeunes qui portent avec eux le nouveau souffle de la musique africaine à la croisée des chemins entre le blues malien, l’Afrobeat, le rock et le jazz qui font naître une sonorité kaléidoscopique’’. Ainsi les décrivent les organisateurs de la 3e édition des JMC.
Après le très éclectique groupe sénégalais, c’était au tour de Raoudha Abdallah. Avec sa guitare artisanale qui n’est en fait que le ‘’hoddù’’ peulh, elle a présenté, avec ses musiciens, ‘’Asrar’’ (secrets). Ce dernier ‘’est un projet musical bien ancré dans un terroir tunisien ouvert sur un patrimoine musical maghrébin. Il s’inscrit dans la grande tradition des travaux entrepris par les aînées afin de forger l’identité tunisienne si particulière. ‘’Asrar’’ est un ensemble de chansons de ce patrimoine qui marque la contribution de personnages déterminants ou des instants créatifs particuliers. Des chansons qui provoquent chez l’auditeur une forme de nostalgie et évoquent chez lui une certaine quiétude à la rencontre de sonorités qui lui sont familières. Pour ce projet, Raoudha Abdallah révèle ses secrets et propose aussi un bouquet de ses propres compositions qui s’inscrivent dans cette même vision que celle des sonorités maghrébines. Un projet qui revendique une appartenance identitaire, géographique et culturelle à la fois’’, renseigne le dossier de presse des JMC.
BIGUE BOB (envoyée spéciale à Tunis)