La touche béninoise
La Maison de la culture Ibn Rachik de Tunis a reçu hier les dernières prestations des artistes en lice pour les ‘’Tanits’’ des journées musicales de Carthage. A cette occasion jouait le deuxième groupe représentant l’Afrique de l’ouest dans cette compétition : le ‘’Gangbé Brass Band’’ de Bénin.
Les compétitions officielles de la 3e session des journées musicales de Carthage (JMC) ont pris fin hier. C’est le ‘’Gangbé Brass Band’’ du Bénin et Mohamed Hedi Agrebi de la Tunisie qui sont les derniers en lice à avoir presté. Ce sont les Béninois qui sont montés en premier sur scène. En bleu et blanc, Athanase Dehoumon, leader de ce groupe, et ses collègues ont fait danser et chanter les spectateurs de la Maison de la culture Ibn Rachik de Tunis. Après une entrée assez fracassante en chant, ils ont joué le premier titre de la soirée. C’est une chanson en hommage aux grands hommes de l’Afrique comme Habib Bourguiba ou encore Nelson Mandela, tel qu’expliqué par Athanase.
Elle est suivie d’un appel fait sur des notes douces. Comme un cri du cœur, ces musiciens demandent au monde de s’unir afin que règne la paix. L’invitation lancée, ils offrent au public un instrumental bien arrangé avant d’émettre les notes de ‘’Assida’’. Une chanson que les célibataires ne devraient pas écouter. Ils parlent du mariage mais que des côtés négatifs. Pour ‘’Gangbé’’, célébrer un mariage est ce qu’il y a de plus facile dans une union. C’est tenir le ménage qui est difficile avec les ordonnances à acheter, les habits pour les enfants et la maman, les dépenses pour la belle famille, etc. Que de problèmes puisque l’homme ‘’donne de l’argent matin, midi, soir’’. Les paroles sont décourageantes, alarmantes et font rire en même temps quand le lead vocal les entonne sur scène avec un gestuel qui vous fait croire que le mariage est repoussant.
En outre, ce qui marche lors de leurs concerts au Bénin a aussi marché hier soir à Tunis. Avec leur morceau dédié à l’amitié, ces musiciens, pieds nus sur scène, ont su faire chanter et faire bouger le public. Qui pouvait résister ? Eux-mêmes se laissaient aller sans modération sur scène. Ils présentaient ‘’Go slow to Lagos’’ qui est leur dernier album sorti. Il est d’ailleurs considéré comme ‘’un véritable renouveau. Il mêle des vibrations ‘’afrobeat’’ et jazz à la magie des cuivres, percussions et chants polyphoniques’’. En effet, ‘’le ‘’Gangbé brass band’’ est considéré comme l'un des plus importants orchestres de cuivre d’Afrique, reconnu mondialement pour la qualité et l’originalité de son travail. Le groupe a d’ailleurs reçu le trophée du ‘’meilleur groupe africain de musique moderne d’inspiration traditionnelle’’ lors des ‘’Afrima’’ (All African Music Awards), le 15 novembre 2015’’, informe la note de presse des JMC.
Mohamed Agrébi, chanteur, compositeur et saxophoniste tunisien, a joué après les Béninois, clôturant ainsi la compétition officielle des JMC. Avec sa formation de 15 musiciens, il a entraîné le public dans un univers mystique et dans l’esprit de la ‘’Harba’’. Ce dernier est ‘’un temps musical d’une rare sensibilité avec de nouvelles compositions comme ‘’Ilahi’’, ‘’Mechi’’, ‘’Slam Allah’’ et des reprises comme ‘’Ena snaani’’, ‘’Sanaa’’ ’’.
Le Maroc et la Tunisie ont assuré jeudi soir
Par ailleurs, la Maison de la culture Ibn Rachik a reçu aussi jeudi soir deux prestations de groupes sélectionnés. Il s’agit de Hamid Moumen Gabacho du Maroc et d’Ahmed Baglama. Ce dernier produisait ce soir ‘’Mizrap’’ qui ‘’a été fondé en 2012 par le musicien tuniso-turc Ahmed Mejri (Ahmet Baglama) autour de son instrument ‘’la baglama’’, tout en essayant de diversifier le style à travers la présence de la chanteuse soprano Ameni Ben Tara ou de Toyoko Azaiez, le pianiste du groupe. Chaque membre de ‘’Mizrap’’ est influencé par un style différent et c’est ce qui donne ce beau métissage d’une musique multiculturelle qui traverse le temps pour ramifier et mettre en valeur les anciens thèmes musicaux orientaux avec les styles contemporains occidentaux’’, indique le dossier de presse.
Le premier cité, venu présenter ‘’Gabacho Maroc’’, est lui aussi maître d’un instrument, le ‘’Gumbri’’. Un outil musical ressemblant beaucoup au ‘’Xalam’’. Sa maîtrise dans le jeu du ‘’Gumbri’’, il la doit ‘’aux grands maîtres de sa ville, Essaouira’’. Et ‘’son projet, ‘’Gabacho Maroc’’, créé en 2013, est une combinaison de divers apports artistiques de ses 7 musiciens, et des textes qu’il chante invitant à la paix et à l’harmonie. Gabacho Maroc incorpore les chants ‘’gnaouas’’ et marocains, les rythmes afro-maghrébins, la transe, les instruments traditionnels (n’goni, bendir, guembri, karkabous), à des emprunts au jazz, connectant Orient et Occident par le biais d’une musique colorée, festive et raffinée’’, renseigne le service de presse des JMC.