Moustapha Diakhaté condamné à deux mois de prison
Le juge du tribunal des flagrants délits de Dakar a condamné Moustapha Diakhaté à deux mois d’emprisonnement ferme. L’ancien député et président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar est reconnu coupable des délits d’insultes par le biais d’un système informatique et discours contraire aux bonnes mœurs.
Moustapha Diakhaté a été appelé, hier, devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar. L’ancien député et président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar est poursuivi pour insultes par le biais d’un système informatique et discours contraire aux bonnes mœurs. Des faits qu’il a contestés.
Le 19 novembre dernier, Moustapha Diakhaté, qui était invité à une émission à la 7TV, a traité de ‘’maudits’’ et ‘’dupes’’ les Sénégalais qui ont voté, lors des dernières élections législatives, pour Pastef.
Mais de l’avis du politicien, les mots n’ont de sens que dans leur contexte. ‘’On me poursuit pour injures. Je n’ai jamais injurié personne. Je sais que je n’ai aucun droit pour insulter. J’interdis même à mes enfants de le faire. À la limite, je ne comprends pas les propos qu’on me prête. Ce n’est pas de ma responsabilité si l’émission est vue par des millions de Sénégalais. C’est une télé. J’ai dit que ceux qui ont donné la majorité à ce parti (Pastef) ont fait mal à ce pays. S’agissant du terme ‘Galou doff dou teer’, c’est une expression wolof qui signifie un malheur ne vient jamais seul. Ce n’est pas une insulte’’, a-t-il soutenu.
Pour l’expression en wolof ‘’peuple bou alkou’’ utilisée dans le propos de M. Diakhaté, le président apporte sa définition : ‘’Cela veut dire un peuple maudit’’, avant de poursuivre : ‘’Vous prenez les gens qui ont voté pour eux (Pastef) pour des demeurés. Vous considérez que les 54 % sont des demeurés. C’est une insulte ! Maintenant, vous voulez nous imposer votre propre définition, interprétation.’’
Le prévenu de répondre : ‘’C’est mon opinion. Je suis un Sénégalais qui estime que ce qu’ils ont fait est un mauvais choix. J’ai le droit de critiquer, mais je n’ai jamais insulté qui que ce soit. Les propos n’ont pas fait 86 morts. Il y en a qui ont dit pire, mais ils n’ont jamais été arrêtés. Je n’ai jamais fait appel à un Mortal Kombat, contrairement à d’autres. Je suis victime d’une épuration politique. S’ils ont voté pour le Projet, ils ont voté pour du vent et il faut être dupe pour voter pour du vent. Des électeurs dupes, ils sont des demeurés, des maudits… Je maintiens mes propos jusqu’à l’extinction du soleil. Si vous estimez que j’ai insulté, je plaide coupable.’’
Selon le maitre des poursuites, les faits reprochés à Moustapha Diakhaté sont constants. ‘’Le prévenu a tenu un discours que le procureur trouve outrageant. Ses propos sont accompagnés d’invectives destinées à un groupe de personnes. Moustapha Diakhaté est quelqu’un qui s’est identifié comme acteur politique. Selon le ministère public, il a franchi le Rubicon. Ce n’est pas la première fois qu’il s’exprime de la sorte en public. Une fois, il a regretté des propos qu’il avait tenus à l’encontre de l’Élu (Prophète)’’, a affirmé le substitut du procureur de la République.
Il a requis un an dont six mois ferme. En sus de cette peine, il a réclamé une amende de 300 000 F CFA.
Les avocats de la défense ont sollicité la relaxe de leur client. Selon eux, ce procès est purement politique. ‘’Aujourd’hui, nous avons assisté à la plus grosse offense de la République. Ce procès est un procès politique de par les questions qui ont été posées par des agents de police’’, a plaidé Me El Hadj Diouf.
Finalement, Moustapha Diakhaté a été reconnu coupable des chefs qui lui sont reprochés. Il a écopé d’une peine d’emprisonnement de deux mois ferme.
Maitre El Hadj Diouf, qui a contesté le verdict, a promis d’interjeter appel. Selon lui, son client n’est pas un poltron, il est courageux.
MAGUETTE NDAO