Publié le 15 Jan 2019 - 19:19
JUSTICE SENEGALAISE

Les avocats invités à suivre les traces des anciens

 

‘’Histoire du barreau au Sénégal’’. Tel est l’intitulé du film retraçant l’histoire de la profession d’avocat, depuis la colonisation à nos jours. Ce projet, initié par l’ancien bâtonnier Me Ahmed Bâ, comprend trois épisodes d’une heure chacun. L’Ordre des avocats a procédé à son lancement, hier, au King Fahd Palace.

 

Dans le cadre de la Rentrée solennelle de la conférence du stage du barreau du Sénégal, prévue du 14 au 18 janvier courant, l’histoire du barreau a été revisitée. C’est à travers  un film documentaire réalisé entre 2014 et 2016 par la journaliste Cécile Sow. Diffusé hier, le film retrace les différentes luttes menées par le barreau du Sénégal pour son indépendance. Il est le résultat de la consultation de plusieurs archives du ministère de la Justice, de l’Assemblée nationale et de l’Ordre des avocats. Historiens, intellectuels, anciens avocats, ministres et le président Abdoulaye Wade racontent, trois heures durant, l’évolution de la justice sénégalaise, l’engagement politique d’hommes du droit tels que Lamine Guèye ou Valdiodio Ndiaye contre la mainmise européenne.

Le premier épisode montre le parcours des premiers avocats sénégalais avant l’indépendance qui, eux, ne bénéficiaient pas des mêmes droits et prérogatives que leurs homologues français, du fait de la colonisation. Le suivant explique le déclic dans le secteur de la justice marqué, en septembre 1960, par la création du barreau au Sénégal. Les figures féminines, les toutes premières intégrées au barreau, ne sont autres que Mame Bassine Niang et Eugénie Issa Sayegh. On comprend qu’entre cette date et le début des années 1980, les avocats ont lutté pour l’indépendance de la profession, à savoir la séparation du pouvoir étatique et la justice, le statut de l’avocat ainsi que les modalités d’entrée au barreau.

Le dernier épisode évoque les nouveaux défis auxquels est confronté le barreau, vu la mondialisation du droit, non sans rappeler la création de l’Ordre des avocats en 1984, la loi portant sur son autonomie financière en 1987, l’emprisonnement de Me Abdoulaye Wade en 1988 et l’assassinat de Me Babacar Guèye.

De nouveaux enjeux

Aujourd’hui, il se pose un problème de formation et d’encadrement des jeunes avocats, d’où le projet de construction de l’école de ces acteurs de la justice. C’est également dans cette période, précisément en 1990, qu’a été mis en place le compte de la Carpa (Caisse autonome des règlements pécuniaires des avocats). Il apparaît aussi l’urgence, pour les robes noires, de maîtriser les nouveaux droits (celui des Tic, de la normalisation, de la conformité de l’éthique..).

‘’La corruption et le lien entre l’Exécutif et le Judiciaire sont encore des équations à résoudre’’, selon certains intervenants dans le film, tel que l’ancien Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye. La situation des cabinets d’avocats est aussi abordée dans le documentaire. Et ces juristes sont invités à s’unir de manière financière et organique pour faire face aux grands cabinets internationaux, mais aussi être en mesure de recruter les jeunes sortants.

En 2016, une nouvelle loi régissant le Bâtonnat place sur un même pied tous les avocats de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) pouvant désormais exercer dans un autre pays de l’espace.

Après la projection, Me Mbaye Guèye s’est réjoui du film. Le bâtonnier de l’Ordre des avocats estime que l’histoire du barreau au Sénégal mérite d’être connue. ‘’Cette œuvre permet aux avocats actuels et ceux de demain de connaître la trajectoire de la profession, en prenant exemple sur des anciens qui ont donné de leur temps, de leur énergie et parfois même de leur vie pour l’émancipation de la justice’’, déclare-t-il, tout en invitant ses confrères ‘’d’apporter leur pierre à l’édifice, parce qu’étant membre d’une communauté’’.

A sa suite, le chef de cabinet du ministère de la Justice, Meïssa Diakhaté, a affirmé qu’‘’il est important de célébrer la mémoire de ces hommes épris de connaissance qui ont eu la générosité de construire le Sénégal’’. Selon lui, le ministère souhaite, aujourd’hui, favoriser une justice de proximité, à travers le renforcement de la présence des avocats sur tout le territoire.

Emmanuella Marame FAYE

 

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