119 prévenus jugés et libérés au bénéfice du doute
La justice continue de voir défiler devant elle, les personnes arrêtées lors des affrontements sanglants de Médina Gounass. Hier, 119 d’entre elles ont été jugées par le tribunal de grande instance. Elles ont été relaxées de tous les chefs d'accusation. Le procès s'est déroulé sous haute surveillance de la police et de la gendarmerie.
C'est un ouf de soulagement pour les populations de Médina Gounass. 119 protagonistes des affrontements qui ont endeuillés la cité religieuse viennent de retrouver la liberté, ce vendredi 5 juillet, après avoir passé 11 jours en prison. En audience spéciale, le tribunal de grande instance de Kolda a relaxé les prévenus de tous les chefs d'accusation. Ils ont comparu pour association de malfaiteurs, participation à une manifestation armée et actions diverses.
Après le verdict, les prévenus ont lancé quelques applaudissements, exprimant leur satisfaction de regagner leur domicile. Un véritable verdict d’apaisement.
Interrogés sur les faits pour lesquels ils sont poursuivis, les 119 individus ont rejeté d'un revers de main toutes les accusations. Ils ont soutenu qu'ils n'ont ni de près ni de loin participé aux affrontements douloureux qui ont eu lieu les 17 et 18 juin derniers à la cité religieuse de Médina Gounass.
Certains ont soutenu qu'ils ont été interpellés dans la rue au moment où ils vaquaient à leurs occupations, tandis que d'autres ont affirmé que les gendarmes les ont arrêtés dans leurs domiciles.
Ces déclarations ont été rejetées en bloc par le procureur de la République près le tribunal de Kolda. Selon le maître des poursuites, si tous ces prévenus n'étaient pas dans les rues, qui donc a incendié les maisons, saccagé les voitures, vandalisé les boutiques et magasins d'autrui ?
Le procureur persiste et signe que les 119 personnes, parmi tant d'autres, étaient bel et bien dans les rues le jour des manifestations. Sinon, qui aurait blessé les 82 personnes et tué l'un des habitants de Médina Gounass ? Fort de ce constat, le procureur n'a pas requis de peine, il s'est remis à la décision du tribunal.
Prenant la parole, les avocats des prévenus ont plaidé dans le sens de l'apaisement. Mes Djiby Diagne, Oumar Gaye, Abou Abdoul Daff, Alphonse Faye et Moussa Baldé, avocats des prévenus, ont tous plaidé pour la relaxe des détenus. Les avocats ont soutenu qu'il n'y a ni scellés, ni témoins, encore moins d'éléments prouvant la culpabilité des prévenus, avant de conclure que le tribunal ne doit pas se baser sur les procès-verbaux des enquêteurs pour entrer en voie de condamnation de leurs clients.
16 protagonistes n’ont pas encore été jugés
Au final, le tribunal de grande instance de Kolda a relaxé les 119 personnes qui étaient devant la barre ce vendredi. En dehors de ces détenus qui viennent d'être libérés, il reste maintenant 16 autres personnes de Médina Gounass en prison parmi les 180 arrêtées puis envoyées à la citadelle du silence. Elles sont à la disposition du juge d'instruction pour être enquêtées pendant 6 mois, avant d'être jugées.
L'arrestation des 180 personnes de Médina Gounass a permis de ramener la paix, l'accalmie et la stabilité à la cité religieuse de Médina Gounass. La justice a tenu à sensibiliser les populations de Médina Gounass, mais surtout les chefs de famille, que « Force restera à la loi et aucun acte de violence ni de trouble à l'ordre ne sera toléré. Toute personne, sans distinction aucune, qui tenterait de semer le désordre dans la cité religieuse sera punie à la hauteur de son acte. »
NFALY MANSALY